HP France souhaite la fin des 35 heures

Finalement un mois et demi après l’interruption des négociations, la direction française du groupe américain propose aux syndicats de revenir sur son plan de suppression de postes si les employés de la filiale française acceptent de travailler plus pour gagner…autant

C’est le grand marchandage. La réunion d’hier a duré plus longtemps que prévu. Et cela s’explique par la tension qui règne actuellement autour de ce plan social qui soulève une grogne générale des employés, des syndicalistes et aussi de certains politiques français.

Il faut dire que ce n’est pas une première pour le groupe américain. Rappelons qu’en 2003 déjà, un plan social avait entraîné 1.389 suppressions d’emploi dans l’Hexagone. Et en plus, les ventes du constructeur ont progressé : +10 % , par rapport à 2004, soit 20,8 milliards de dollars Aujourd’hui, HP France, sous la direction de Patrick Starck, veut bien faire « un geste » pour adoucir le plan de restructuration de la firme qui concerne 1.240 postes, mais a une seule condition, que l’accord sur les 35 heures, signé en 1999 soit purement et simplement annulé. Cela revient à dire que plutôt que de travailler 206 jours par an les employés du géant américain devront être disponible 218 jours. Selon la direction, cela permettrait de sauver pas moins de 250 emplois. Mais pour le délégué syndical Didier Pasquini, interrogé par « Les Echos » : « Ce chiffre n’est pas gravé dans le marbre et nous ferons tout pour le faire baisser et parvenir à un maximum de 740 suppressions d’emplois ». « Les syndicats sont restés prudents sur cette proposition. Nous nous donnons plusieurs jours de réflexion et de consultation de notre base, jusqu’au mercredi 9 novembre », a déclaré à l’AFP Jean-Paul Vouiller, délégué CFTC, à l’issue de négociations entamées vers 10H00 et interrompues à 18H00 au siège d’HP France à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Selon « l’AFP », la direction du groupe informatique américain n’avait pu être jointe en début de soirée. « On est content » sur ces 250 postes éventuellement sauvés, « mais le prix à payer – la suppression des 35H – est exorbitant », a réagi Michel Soumet, délégué central CGT. La direction a également proposé un dispositif de préretraites et souhaite donner la priorité aux départs volontaires, l’objectif étant « d’éviter les licenciements par désignation », a expliqué M. Vouiller de la CFTC. Selon les syndicats, la direction a présenté un projet, financé par elle, de « revitalisation des bassins d’emploi les plus impactés », avec la signature d’une convention avec les préfets concernés (Isère, Hauts-de-Seine et Essonne). Sur ces différentes propositions, « il y a au mieux des engagements de moyens, mais pas d’engagements de résultats. Et surtout, nous avons demandé des garanties sur l’emploi sur 36 mois à HP France, ce que nous n’avons pas obtenu », a déploré le délégué CGT, se disant globalement « très déçu ». Unanimement rejetée le 23 septembre par les syndicats, la dénonciation de l’accord 35H pour baisser de manière « significative » le nombre de suppressions d’emplois avait été évoquée dès mars par la direction. Le PDG de HP France Patrick Starck disait voir, le 12 octobre dernier, dans les 35H un « désavantage compétitif ». En septembre, l’intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, CFTC, FO) du groupe informatique américain réclamait une négociation sans contrepartie, pour rapporter le nombre de suppressions d’emplois à 15% de l’effectif, comme dans les autres pays européens, au lieu des 25% prévus. Le 29 septembre, le premier ministre Dominique de Villepin avait annoncé que les discussions entre le gouvernement et les dirigeants d’HP permettaient « d’envisager désormais une réduction des effectifs moins forte ». Peu auparavant, le ministre délégué à l’Emploi, Gérard Larcher, avait assuré l’intersyndicale d’HP de « la détermination du gouvernement » à obtenir du groupe américain des « assurances concrètes sur la pérennité » de son implantation en France. Lisez notre DossierHP France : le feuilleton