Après l’IaaS, le PaaS, un nouveau palier dans l’efficacité

Si l’IaaS permet de se libérer de la gestion des machines physiques, le PaaS permet d’aller au-delà et de s’affranchir de la gestion des instances. Les DSI y voient de plus en plus un moyen de gagner en agilité et en efficacité.

Le PaaS a le vent en poupe. Alors que toutes les grandes DSI ont intégré l’Infrastructure as a Service (IaaS) à leur arsenal de solutions, franchir une nouvelle étape en termes d’efficience les fait s’intéresser au PaaS.

Selon une récente étude de Gartner, le PaaS tire le marché mondial des solutions AIM (Application Infrastructure and Middleware). Le segment Integration PaaS (iPaaS) a atteint une croissance de 55 % en 2015, tandis que celui des applications PaaS (aPaaS) progressait de 40 %.

Arnaud Roussignol, NetQualityAprès avoir adopté les applications SaaS, puis l’IaaS, les DSI sont en train de miser sur le PaaS et les raisons sont nombreuses pour s’intéresser à ce nouveau marché du Cloud. En France le décollage est lent, reconnait Arnaud Roussignol, consultant chez NetQuality, spécialiste de l’IT Performance. « Le PaaS reste encore en retrait chez les acteurs du CAC 40 chez qui nous intervenons. Les migrations vers le Cloud ont été réalisées en mode “As is”, c’est-à-dire en déplaçant des machines virtuelles d’un Cloud interne vers le Cloud public. Le PaaS démontre véritablement son intérêt pour les applications Cloud natives. »

PaaS, la plateforme idéale pour le DevOps

À l’heure de la transformation, la priorité numéro 1 des DSI est de se montrer agiles, notamment vis-à-vis des métiers. Pour booster leurs cycles de développements, beaucoup ont fait un pas vers le DevOps et monté des équipes conjointes développeurs/exploitants d’infrastructure pour travailler sur des cycles ultra-courts afin de délivrer les innovations demandées par les métiers.

Bien souvent ce mouvement vers le DevOps s’est accompagné du choix du Cloud pour porter ces infrastructures nouvelles. L’IaaS permettait de provisionner plus rapidement des serveurs. Avec le PaaS, les équipes peuvent se concentrer sur le développement de l’application. C’est le fournisseur du service PaaS qui assure la montée en charge de l’application via des fonctions de type auto-scaling. C’est le fournisseur de service qui assure la disponibilité des bases de données et notamment une géoréplication des données si l’entreprise a choisi de déployer son application sur plusieurs continents.

« L’atout du PaaS, c’est sans nul doute la rapidité de construction d’une application qu’il permet » estime Arnaud Roussignol. « Cela permet de créer des applications en s’appuyant sur des briques piochées “sur étagère” dans le catalogue des solutions proposées par le fournisseur PaaS. Attention toutefois au syndrome du vendor lock-in. C’est le risque numéro 1 du PaaS identifié par le CCSK, c’est à dire s’appuyer sur un composant spécifique qui va nécessiter de recoder en partie les applications si l’on souhaite changer de PaaS. »

Un accès aux technologies de pointe

Le PaaS peut aussi être vu comme un moyen d’innover rapidement avec un faible investissement initial. En effet, les fournisseurs de serveurs Cloud offrent le support des plateformes applicatives standards, de bases de données SQL ou NoSQL, mais aussi de solutions très avancées, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. La logique d’API de ce type de service permet d’exploiter très rapidement ce genre de nouvelles fonctions et de ne payer leur consommation qu’à l’usage.

Les grands fournisseurs de Cloud ont aujourd’hui un catalogue de solutions de ce type extrêmement large, depuis les solutions orientées développement avec tous les principaux langages et frameworks de développement actuellement supportés, des outils de stockage, de datawarehouse, analytique et prédictif, mais aussi des services axés sur l’IoT, le marketing, le mobile et le commerce électronique.

Adrien Blind, DockerAutant de services à forte valeur ajoutée qui renforcent ce vendor lock-in avec le fournisseur PaaS, comme le souligne Adrien Blind, expert DevOps & Docker Captain : « Plus on se déplace de l’IaaS vers le PaaS, plus le différenciant des produits et l’offre de valeur croît, mais au prix d’une portabilité mécaniquement décroissante ; cela pose dès lors la question de l’acceptabilité du lock-in. Cela complexifie aussi fortement la possibilité d’hybrider les offres Cloud. Enfin, cela explique en partie la forte croissance du CaaS de Docker (Container as a Service), offrant une bonne balance entre portabilité et valeur du service. »

L’essor des architectures de type microservices portés par des conteneurs logiciels va pousser les architectes à chercher des plateformes d’exécution pour leurs conteneurs, que ce soient avec des solutions de type Kubernetes, Docker, Mesos ou Deis.

Avis de l’expert : Adrien Blind, expert DevOps & Docker Captain

« L’IaaS s’est inscrit dans la continuité naturelle de projets de virtualisation souvent déjà commencés auparavant. Le produit fini livré – la machine virtuelle – restant essentiellement le même. Le PaaS propose quant à lui une valeur plus importante sur le produit fini ce qui crée un nouvel élan touchant également un public nouveau, tel que les équipes de projet applicatif. En outre, l’offre est très dynamique et se complète sans cesse, les fournisseurs étant conscients que cela sert de vecteur d’adoption de leurs solutions. »

« La pertinence des services est avant tout à mettre en regard de votre situation et votre stratégie. Certaines plateformes PaaS permettent d’externaliser pratiquement toute la chaîne de production, de la compilation jusqu’à l’exécution de votre application ; cela se prête particulièrement bien aux nouveaux projets de l’entreprise, mais s’avère pratiquement inutilisable dans le contexte d’une transition vers le PaaS de grandes applications historiques. »

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