Le numérique au cœur des industries du futur

Les industries ont intégré le numérique sans une vision globale et cohérente. Aujourd’hui, elles doivent non seulement investir sur l’interopérabilité des solutions, mais aussi sur la robotisation et la réalité virtuelle.

Fin des années 90, la première étape de la numérisation des usines fut la conception des produits par la mise en œuvre d’outils de CAO, suivie de la CFAO pour la fabrication, puis de la numérisation de la supply chain et du suivi client.

Jacques Paccard, Société des Ingénieurs Arts et Métiers« La numérisation des industries s’est donc faite, et se poursuit encore aujourd’hui, par vagues successives suivant le rythme des innovations technologiques disponibles sur le marché. La conséquence de cette approche est l’absence d’une culture numérique globale permettant d’adopter une vraie cohérence intégrant toutes les activités de l’entreprise, depuis l’approvisionnement des matières premières jusqu’au retour utilisateur. Les usines se retrouvent donc aujourd’hui dotées d’outils numériques parfois incapables de communiquer entre eux. Or, la continuité numérique est impérative pour avoir une industrie du futur efficiente », analyse Jacques Paccard, Président de la Société des Ingénieurs Arts & Métiers.

Pour Jacques Paccard, et pour la Société des ingénieurs et scientifiques de France, il n’y a pas de continuité numérique sans un cadre normatif auquel les dirigeants des entreprises françaises doivent participer. « Nous devons contribuer à la mise en place d’organismes de normalisation mixtes État-industriels engagés au niveau européen et mondial afin d’anticiper sur les normes étrangères ou celles des géants du web, qui seront de plus en plus présents dans les industries du futur », insiste-t-il.

Robots et réalité virtuelle font peu à peu leur entrée dans l’industrie française

Si la robotisation a déjà investi les grandes entreprises et certains secteurs industriels comme l’automobile ou l’aéronautique, les PME ont encore du mal à franchir le pas par manque de capacité financière et des difficultés à saisir l’intérêt de cette technologie.

« Pourtant, les avantages de la robotisation industrielle sont indiscutables, prétend notre interlocuteur. Elle permet d’accroitre la qualité des produits et services des entreprises, de gagner en flexibilité de production et de monter en compétences les collaborateurs grâce à l’exécution par le robot de tâches répétitives et à faible valeur ajoutée. La robotisation accroît la compétitivité des entreprises grâce à une réduction des coûts de fabrication, conduisant à un meilleur retour sur investissement. Loin de supprimer des emplois, elle en a créé de nouveaux dans une chaîne logistique plus fluide et la maintenance d’un outil de production qui ne doit jamais faillir. »

De son côté la réalité augmentée, qui peu à peu fait son entrée dans l’industrie, apporte aux opérateurs toute l’information nécessaire là où ils se trouvent et au moment où ils en ont besoin pour mener à bien leurs missions. Enfin, la réalité virtuelle permet de créer des environnements virtuels à l’identique de ceux du réel. Par cette transposition, la réalité virtuelle permet notamment de former et d’entraîner les employés à réaliser des opérations dangereuses, complexes et coûteuses, en toute sécurité. Ford a pour sa part fait le choix d’équiper ses designers de casques pour évaluer de nouveaux modèles de véhicules en se déplaçant physiquement dans et autour de l’objet afin d’examiner tous les détails du design : forme, couleur, textures, etc.

Dans quelques années, l’usine du futur, intègrera toutes ces composantes, que ce soit le numérique pour toutes ses chaines de production, les robots, la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Les entreprises qui ne prendront pas ce virage sont vouées à disparaitre.