Stockage Flash : attention, tout n’est pas égal

Dans le monde du stockage Flash Nand, les meilleurs prix ne sont pas forcément synonymes d’économies sur le long terme et les petits formats peuvent parfois battre les grands sur le terrain des performances. Décryptage.

Le réflexe face aux unités de stockage Flash est de les adopter sans sourciller, du fait de leurs avantages par rapport aux disques durs traditionnels (mis à part leur coût, qui demeure élevé).

Il convient toutefois de rester prudents, car les technologies peuvent varier et impacter la durée de vie comme les performances de votre solution de stockage, et ce quel que soit le type d’équipement : baies de stockage, serveurs, stations de travail, machines de bureau, ordinateurs portables…

MLC VS TLC

Les composants Flash Nand ont une durée de vie limitée en écriture. Les cellules ne peuvent être écrites qu’un nombre donné de fois, avant de rendre l’âme. Or, certains composants proposent deux bits par cellule (MLC, pour Multi-Level Cell) et d’autres trois bits par cellule (TLC, pour Triple-Level Cell). À chaque fois que vous écrivez un unique bit, ce sont trois bits qui seront usés sur un disque TLC, contre deux sur une unité MLC et un seul sur un dispositif SLC (Single-Level Cell, une technologie devenue aujourd’hui quasi introuvable).

La vitesse d’écriture sera également bien meilleure sur des composants MLC, face aux TLC. Il faudra donc réserver les unités Flash TLC au stockage tiède et non aux opérations les plus intensives que seuls les SSD MLC pourront assurer avec brio.

Over-provisioning

Concernant la durabilité, les systèmes de stockage Flash s’arrangent pour exploiter leurs cellules de façon équitable, afin de les user toutes à la même vitesse. Si le disque est quasiment plein, les quelques cellules vides restantes seront réécrites très fréquemment, alors que celles servant à stocker des données froides seront préservées. Une astuce consiste à laisser une partie du disque vide afin d’avoir un pool suffisant de cellules libres à ‘faire tourner’ lors des opérations d’écriture. C’est l’over-provisioning.

Problème, cet espace est parfois intégré au disque et parfois non. Dans le premier cas, un espace réservé à l’over-provisionning est prévu et non visible aux yeux de l’utilisateur. Dans le second, il faudra penser à réduire la taille de ses partitions pour laisser 7 % à 10 % d’espace inutilisé, sans quoi la durée de vie du SSD, s’il est massivement rempli, sera fortement réduite. C’est ainsi le cas chez Samsung. Il faudra en tenir compte lors de votre achat, un disque de 480 Go pouvant être un disque de 480 Go utilisables, ou seulement de 432 Go.

Guerre des formats

Dernier élément à prendre en compte, les interfaces. Les SSD 2,5 pouces optent en général pour du Serial Ata 3, dont les débits plafonneront aux alentours de 550 Mo/s. Il en va de même des unités mSATA, plus compactes.

Avec les systèmes de stockage au format M.2, il faudra se montrer attentif lors de votre choix. Certains utilisent une interface de type Sata 3, alors que d’autres emploient le mode PCI Express. Les débits peuvent alors dépasser les 2 Go/s en lecture pour 1 Go/s en écriture. Et les dernières solutions de stockage NVMe (un standard qui tend à s’imposer en entreprise) promettent encore plus.

Les modules M.2 taillent donc souvent des croupières aux SSD 2,5 pouces, pourtant bien moins compacts. Mais la petitesse s’accompagne parfois aussi de mauvaises surprises. Nombre de notebooks convertibles en tablettes adoptent ainsi des modules eMMC, parfois aussi lents que des cartes mémoires SD et au mieux au niveau des SSD 2,5 pouces en Sata 2. Là encore un point à vérifier avant toute commande de machines.

David Feugey, ex-rédacteur en chef de Silicon.fr