IBM annonce son nouveau mainframe : le système z10

Le méga-ordinateur hôte central reste le vaisseau amiral de la flotte IBM. Une annonce dans ce domaine est toujours un grand moment dans la culture Big Blue

Le « mainframe » est là depuis 1964, même si l’on ne sait plus trop ce qu’il représente vraiment comme chiffre d’affaires. On estime qu’il contribue à 4% du CA d’IBM en direct mais doit représenter environ 25% des revenus tous services et logiciels confondus. Il faut dire qu’IBM Global Services a récupéré quantités de Mips en… outsourcing !

Dans un monde qui tend à se dispenser de plus en plus de ces grands ordinateurs centraux, IBM doit trouver des arguments pour conserver l’attractivité de cette plate-forme. Les efforts marketing en ce sens sont énormes. Dans cette annonce, ils vont clairement dans trois directions :

1-La première voie, c’est l’évolution normale que les gros utilisateurs attendent : améliorer le ratio prix/performance qui stagnait. Les nouveaux processeurs sont effectivement plus puissants (20% de mieux ?), possèdent des améliorations utiles, la machine a une structure interne plus performante. Le plus gros modèle (64 processeurs) est ainsi 50% plus puissant que son plus gros prédécesseur (le z9 de 2005 à 54 moteurs).

Un z10 complet fournit dit-on 27.000 Mips. Une seule machine devrait suffire à bien des grands comptes français, s’il n’y avait le back-up.

Cinq modèles sont ainsi proposés, le moins cher étant à 1 million de dollars tout de même… Pour profiter au mieux de la machine, il faudra le système d’exploitation zOS 1.10 prévu pour septembre 2008. Là aussi c’est du classique.

2-La deuxième volonté d’IBM est d’attirer dans le mainframe des applications qui n’y viendraient pas naturellement. Et revoilà Cognos ! « Cognos 8 BI for Linux on System z » et WebSphere, le serveur d’application maison, sans oublier Infosphere Master Data Management qui, eux aussi, ont (ou auront) leur place sous Linux dans le z10. IBM soigne tout particulièrement ces aspects qui existaient déjà auparavant mais pas avec cette force.

IBM évoque également du « SAP on Linux for system z ».

Il est aussi fait mention d’environnement de développement, d’outil dans la famille Rational.

Finalement, le leitmotiv est « tout ce que vous voulez on Linux on System z10». Cela suppose des outils d’administration élaborés, des connexions internes rapides et il est probable qu’IBM ait investi dans ce domaine. Le ‘mainframe’ devient plus que jamais une structure d’accueil de processeurs et de systèmes d’exploitation, plus ou moins associés en « ensembles » gérés.

3- Enfin, la troisième direction du marketing IBM est de surfer sur la vague du « green data center ». Conçu dès l’origine pour optimiser l’utilisation des processeurs, doté désormais de processeurs IBM quad-core, il n’est pas étonnant que le z10 ait un bon ratio performances / kWh.

IBM en profite à fond en envoyant des messages clés comme : « Le z10 peut remplacer 1500 serveurs x-86 et consommer 85% de courant en moins« .

On ne vous dit pas si les applications, elles, peuvent fonctionner. Mais le responsable de production qui aime le sérieux du ‘mainframe’ peut sortir la tête haute !

Il sera intéressant de voir dans les prochains mois comment le marché accueillera cette machine, et en particulier si IBM parviendra à en vendre hors de sa base installée – laquelle diminue régulièrement.

(*) Duquesne Research