A 100 ans, IBM France s’offre une seconde jeunesse avec l’arrivée de SoftLayer et de Watson

IBM France a 100 ans. Alain Bénichou, président de la filiale française, est revenu sur cette histoire et sur les orientations pour les prochaines années. Avec, notamment, l’ouverture d’un datacenter SoftLayer (Cloud public) dès juillet et un Watson comprenant la langue française en 2015.

Le président d’IBM France est content de fêter les 100 ans de la filiale française. Il en profite pour faire un petit cours d’histoire. La société qui s’appelait à l’époque International Time Recorder (une émanation de la maison mère aux États-Unis nommée Computing Tabulating Recording), était chargée de faire des pointeuses pour l’industrialisation. Elle a donc ouvert une première boutique à Paris le 15 juillet 1914, située rue Réaumur. Cette structure avait deux clients au départ « les chemins de fer du Nord et Renault », souligne Alain Bénichou. En 1948, la société est devenue IBM et a déménagé place Vendôme.

Avec ce petit rappel historique, il explique que le leitmotiv d’IBM France pendant toutes ces années est resté la transformation technologique des entreprises. Au point de revendiquer l’inspiration du mot ordinateur en 1955 où François Girard, alors responsable du service publicité de l’entreprise, eut l’idée de consulter son ancien professeur de lettres à Paris, Jacques Perret. Il rappelle aussi l’invention du mainframe « qui n’est pas mort comme certains le laissent croire. Il y a encore beaucoup de systèmes critiques qui fonctionnent sur ces machines », insiste le dirigeant.

Watson arrive bientôt en français

« En 100 ans, il n’y a pas eu de changement d’objectifs, mais tout le reste a changé » reconnaît Alain Benichou. Il cite par exemple la prédominance du logiciel aujourd’hui. « Pendant 70 ans, nous avons orienté nos actions autour du hardware. Sur les 30 dernières années, 80 à 90% du business s’est fait autour du logiciel et des services ». Il va même plus loin en parlant de l’arrivée de l’informatique cognitive, c’est-à-dire qui s’adapte, comprend les contextes, analyse une grande quantité de données, etc.

Il met ici en avant la dernière division Watson créée par IBM, qui mixe supercalculateur et Big Data. Et le champ des possibles est large. « Aux États-Unis, une grande banque a réalisé un test avec un call center où la technologie Watson arrivait à répondre à 50% des questions, cela va avoir un impact sur beaucoup de métiers ». Par contre, la barrière de la langue reste un frein pour un usage en Europe. Un verrou qui va bientôt sauter, « les langues romaines seront déployées progressivement avec d’abord l’espagnol et ensuite le français d’ici 2015 ».

Le datacenter français de SoftLayer prêt à l’été 2014

Sur le Cloud, IBM revendique quelques belles victoires notamment Cegid qui s’appuie sur les infrastructures convergées du constructeur pour son offre SaaS. Mais le PDG d’IBM France annonce surtout la prochaine ouverture des services SoftLayer en France. « Le datacenter de Clichy (une extension de celui de Global Switch) sera ouvert en juillet 2014 et une inauguration est prévue en septembre prochain ». Ce Pod doit servir à faciliter le déploiement du Cloud hybride pour les entreprises françaises qui veulent que leurs données soient localisées sur le territoire national (une préoccupation grandissante comme le montre la dernière étude de Pierre Audoin Consultants).

Le revenu du Cloud en Europe s’élève à 1,2 milliard de dollars pour IBM, soit 27% du CA total en 2013 et il est en progression de 67%. Big Blue vise maintenant les PME-PMI à travers SoftLayer mais également BlueMix (l’offre PaaS de la firme) et s’entoure de partenaires pour vendre des solutions en marque blanche. Il cite par exemple le cas de Completel, la branche entreprise de Numericable qui vient de racheter SFR (un compte full HP) et qui va proposer des services managés via les solutions IBM.

Big Data, Cloud, mobilité, réseaux sociaux et sécurité

A la question du futur d’IBM sur les deux prochaines années, Alain Bénichou est formel : « 50% de notre business aura changé et s’articulera autour du Big Data, du Cloud, de la mobilité, des réseaux sociaux et de la sécurité ». Et cela signifie des gros investissements dans ces domaines, « 42 milliards de dollars au niveau mondial dans le Big Data » et des discussions avancées avec des constructeurs comme PSA sur la voiture connectée, mais aussi des villes comme Montpellier à propos des smart cities. Cela passe également par un délestage de quelques activités qualifiées de non stratégiques comme les serveurs x86 (vendus à Lenovo). Rappelons qu’une rumeur attribue également à IBM la volonté de céder son activité semi-conducteur.

Sur les aspects sociaux, Alain Bénichou indique qu’IBM France dispose d’environ 10 000 salariés. Le dernier plan social a vu le départ volontaire de 689 personnes, « une offre sursouscrite », précise le dirigeant. Il confirme aussi le déménagement du site de La Gaude vers la zone d’affaires de Nice Méridia, en soulignant « qu’il était impossible de moderniser le site de la Gaude qui date de 1959 ».  Il rebondit aussitôt pour parler des 700 recrutements attendus à Lille d’ici fin 2015 pour son Service Center qui propose des prestations de développement, de gestion d’applications, de tests et d’intégration de systèmes à des entreprises françaises.

Et d’insister en rappelant qu’IBM France entend être « un bon citoyen » payant des impôts en France. Une pique adressée à d’autres sociétés IT, notamment Microsoft, qui préfèrent les rivages irlandais. Le 2 juillet prochain, Arnaud Montebourg remettra officiellement la légion d’honneur au président d’IBM France. Sa promotion avait été dévoilée en avril dernier.

En complément :

– 5 questions pour mieux comprendre l’accord entre IBM et Lenovo