L’Icann, régulateur technique d’Internet, veut s’affranchir de la tutelle américaine

D’après son président, Fadi Chehadé, l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) est armée pour s’émanciper des États-Unis d’ici la fin 2015.

Le processus d’internationalisation de l’Icann progresse. « L’Icann se trouve dans une position très solide et pleine de confiance aujourd’hui »,  a assuré lundi son président, Fadi Chehadé, lors de la 51e réunion publique du gestionnaire technique d’Internet à Los Angeles. L’organisation de droit californien, créée en 1998 pour superviser l’attribution d’adresses IP et de noms de domaine uniques, serait donc armée pour prendre son indépendance à l’égard des États-Unis d’ici la fin de l’année 2015.

Washington fait de la résistance

Il est vrai que les États-Unis se sont déclarés prêts à faire de l’Icann une société internationale au terme du contrat expirant en septembre 2015, mais ils se sont prononcés pour une supervision par un unique collège d’experts et ont posé leurs conditions. Aujourd’hui, Penny Pritzer, la secrétaire au Commerce des États-Unis, soutient le projet d’un régulateur tourné vers « la communauté internationale toute entière ». Mais « les États-Unis ne permettront pas qu’Internet au niveau mondial soit récupéré par un individu, une entité ou une nation cherchant à imposer sa propre vision du monde », a-t-elle alerté. Une proposition de loi dédiée devrait lui être transmise l’an prochain.

Paris ne met pas d’eau dans son vin

La France, échaudée par la cristallisation des tensions autour de la gestion du .vin et du .wine, souhaite une implication de toutes les parties prenantes dans la réforme et un encadrement de l’Icann par une assemblée générale multipartite regroupant industriels, représentants de la société civile et des nations. « Les États doivent avoir un rôle plus important », déclarait Axelle Lemaire, la secrétaire d’État en charge du numérique, en juin dernier. La vision française d’une gouvernance mondiale d’Internet « plus équilibrée » se confronte encore à celle de l’administration américaine.


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