Iliad (Free) se dit intéressé par la 4e licence 3G

Le trublion des télécoms entend véritablement mettre le nomadisme au centre
de sa stratégie. Après le WiMax, l’opérateur rêve de 3G

En octobre dernier, l’Arcep, le régulateur des télécoms lançait une consultation publique afin d’attribuer la dernière licence UMTS/3G disponible.

Depuis, les prétendants ne se sont pas battus au portillon. Il faut dire que son prix élevé: 619 millions d’euros plus 1% prélevé sur le chiffre d’affaires généré par la 3G), et la situation du marché, refroidissent les ardeurs des industriels. Par ailleurs, l’obligation de couvrir 20% de la population en quelques années est également une contrainte très lourde. La 3G coûte très cher: les 60 opérateurs européens qui se sont lancés dans la 3G ont globalement dépensé 200 milliards d’euros.

L’Arcep veut donc vérifier qu’il existe ‘encore’ une demande et donne donc une dernière chance au marché. « Il est nécessaire d’interroger les acteurs sur leur intérêt pour la quatrième licence 3G encore disponible. C’est l’objet du second volet de la consultation, qui représente la dernière occasion pour un acteur intéressé de se porter candidat à l’obtention de la quatrième licence 3G avec le même lot de fréquences que celui dont disposent les trois opérateurs déjà autorisés pour le déploiement d’un réseau 3G « , peut-on lire dans un communiqué.

Les prétendants avaient jusqu’au 17 novembre pour se manifester. Des rulmurs prêtaient au groupe Boloré des prétentions dans la 3G, des prétentions vite démenties.

Finalement, c’est le groupe Iliad, maison mère de Free, qui a quasiment attendu le dernier jour pour dévoiler ses intentions.

« A l’occasion de la consultation publique lancée par l’ARCEP le 5 octobre 2006, le groupe Iliad a exprimé ce jour un intérêt pour la quatrième et dernière licence d’opérateur mobile », indique le groupe dans un communiqué.

Toutefois« Cette manifestation d’intérêt ne constitue en aucun cas un engagement pour le groupe, la procédure d’attribution de la 4e licence n’étant pas encore définie par l’ARCEP », ajoute-t-il.

Iliad indique qu’il suivra « avec intérêt » la procédure que l’ARCEP mettra en oeuvre courant 2007 et estime que « des aménagements sont à mettre en place pour assurer la viabilité d’un nouvel entrant et ainsi favoriser le développement de la concurrence sur le marché du mobile dans l’intérêt des consommateurs ».

« Cette licence pourrait être un atout pour renforcer la position du groupe sur le marché des télécommunications en France », indique encore Iliad, qui se fixe comme objectif de connecter d’ici fin 2010 plus de 4 millions d’abonnés haut débit représentant environ 10 millions de français.

Iliad confirme ainsi ses ambitions dans le nomadisme. L’opérateur vient de lancer une offre de convergence fixe mobile qui permet d’utiliser un combiné unique fixe mobile Wi-Fi/GSM. Par ailleurs, le groupe détient la seule licence nationale WiMax qui permet entre autres de déployer des réseaux haut débit sans fil à haut débit.

En avril dernier, Iliad annonçait qu’il utiliserait cette licence nationale (achetée à Altitude Télécom par IFW, une filiale d’Iliad). En effet, IFW exploite une licence valable sur l’ensemble des régions métropolitaines dans la bande de fréquences 3,5 GHz. Le service WiMax basé sur l’infrastructure déployée depuis ces deux dernières années sera étendu à l’ensemble des abonnés Free Haut Débit, indiquait le groupe dans son communiqué.

Concrètement, l’abonné Free Haut Débit, équipé d’un terminal compatible avec le réseau IFW, pourra bénéficier d’un service d’accès à Internet sans fil dans les grandes villes métropolitaines avec un débit d’environ 2 Mb/s.

Iliad ambitionne « de capitaliser son expérience acquise en matière de stimulation de la concurrence et de l’innovation pour promouvoir les services sans fil aux conditions les plus attractives à destination des consommateurs » .

Pour autant, l’absence d’équipements compatibles WiMax freine ces ambitions. L’acquisition d’une licence 3G pourrait accélérer le mouvement et créer un écosystème complet basé sur l’ADSL (et bientôt la fibre) pour le fixe, et le Wi-fi, le WiMax et la 3G pour le nomadisme. Le trublion pourrait être ainsi le premier à proposer des terminaux mobiles Wi-Fi/WiMax/3G reliés à sa Freebox. Bref, Free n’a pas fini de faire parler de lui et risque de tailler des croupières à SFR ou Bouygues Telecom!

Mais l’opérateur aura-t-il les épaules assez solides ? Le financement de la 3G et celui de la fibre (au moins 1 milliard d’euros de prévu) seront difficiles à supporter seul.