Informatique : l’improbable retour du contrat de mission

Le gouvernement étudierait l’extension du contrat de chantier aux métiers de l’informatique. Comme déjà en 2004 et en 2012. Une patate chaude pour le Syntec Numérique.

Mis à jour le 7/04 à 23h50

Selon Le Parisien, le gouvernement étudierait une extension du contrat de chantier utilisé dans le bâtiment à des secteurs comme l’informatique, le conseil ou les services aux entreprises. Objectif selon nos confrères : favoriser l’embauche dans les PME et TPE que freineraient les conditions de licenciement associées aux CDI. Rappelons que le contrat de chantier permet à une entreprise d’embaucher un salarié pour une mission donnée. Si ce contrat est bien un CDI, il est associé à des conditions de licenciement simplifiées à l’issue de ladite mission.

Le sujet n’est pas réellement nouveau dans la profession. En 2004, le Syntec Informatique (devenu depuis Syntec Numérique) avait proposé l’introduction du contrat de chantier ou de mission dans la branche. Un projet prestement remisé dans les cartons face au tollé qu’il avait alors provoqué. En 2012, le sujet était revenu sur le devant de la scène, dans le cadre de négociations entre patronat et syndicats sur la sécurisation de l’emploi. Un nouveau ballon d’essai qui n’avait pas été suivi d’effet et avait été abandonné début 2013.

Syntec Numérique : « C’est pas nous ! »

Déjà opposé à ces deux premières tentatives, le Munci, association professionnelle d’informaticiens, se dit une nouvelle fois prêt à « combattre farouchement » cette extension du contrat de chantier à l’IT. « On croyait être débarrassé définitivement de tout nouveau contrat flexible après le rejet du contrat de mission par les partenaires sociaux lors de la négociation sur la sécurisation de l’emploi en janvier 2013, et voilà le retour de ce vieux « serpent de mer » ! », explique Régis Granarolo, le président du Munci. Et ce dernier d’énumérer trois problèmes majeurs que poserait un contrat de mission dans l’informatique : le développement de la précarité – alors qu’aujourd’hui 93 % des contrats dans la profession sont des CDI, selon le Munci -, concurrence déloyale pour les freelances, nombreux dans le secteur, et aggravation de la mauvaise image du secteur, ce qui nuira à son attractivité.

Pour le Syntec Numérique, le sujet est explosif. D’ailleurs, le président du syndicat patronal des SSII (ou ESN) et éditeurs, Guy Mamou-Mani, assure dans un entretien avec la rédaction que cette proposition n’émane pas de son organisation. « Je ne nie pas qu’une telle proposition puisse être utile pour nos entreprises en période de conjoncture difficile, dit Guy Mamou-Mani. Mais cette préoccupation n’est pas à l’ordre du jour : la problématique actuelle des entreprises du secteur, et celle des 2 ou 3 ans qui viennent au moins, est de recruter des gens. »

35 000 recrutements cette année

Faire correspondre la durée des contrats de travail aux contrats commerciaux serait un bénéfice évident pour le modèle économique des SSII, qui trouveraient ainsi un outil pour réduire le coût des intercontrats. Mais la pratique aurait l’inconvénient de rejaillir sur l’attractivité du secteur à un moment où ses entreprises cherchent à attirer les meilleurs profils pour répondre à la relance des projets par les grandes entreprises. Selon Syntec Numérique, le secteur – édition de logiciels y compris – devrait recruter plus de 35 000 cadres sur l’année (soit près de 10 000 créations d’emplois nettes). Un niveau qui n’empêche pas un chômage endémique dans la profession : le dernier pointage de Pôle Emploi dénombre plus de 37 000 chômeurs de catégorie A dans la catégorie systèmes d’information et de télécommunication (qui est loin de regrouper tout l’emploi informatique qui plus est).

Selon Syntec Numérique, les services IT devraient connaître 1,7 % de croissance en 2015, contre 1 % en 2014. Le syndicat patronal s’attend à un dynamisme plus fort du logiciel, avec un bond de 3,4 % attendu en 2015 (contre 2,3 % l’année dernière).

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