L’accès Internet pour tous, un jackpot pour l’économie mondiale

Une étude de PwC rapporte que la généralisation de l’accès d’Internet à l’ensemble du globe injecterait plus de 6700 milliards de dollars de valeur dans l’économie mondiale.

La lutte contre la pauvreté des populations des pays émergent passe-t-elle par Internet ? Indiscutablement, estime PwC. Dans un rapport intitulé Connecting the world: Ten mechanisms for global inclusion, le cabinet d’étude estime que 500 millions de personnes (7% de la population mondiale) pourraient sortir de l’extrême pauvreté si elles avaient accès au réseau mondiale. Et que ce surcroit d’utilisateurs injecterait 6 700 milliards de dollars dans l’économie mondiale.

Pour établir ses estimations, PwC a étudié les transformations induites par l’arrivée d’Internet dans 120 pays ces dix dernières années. Et rappelle que la pénétration de la toile dans les usages ralentit depuis 2013 (avec une croissance inférieure à 10% désormais) alors que 4,1 milliard de personnes n’y ont aucunement accès (contre 3,2 milliards qui peuvent en disposer, soit 44% de la population). Selon le rapport, si Internet était accessible à tous, 5 personnes issues des pays en voie de développement l’utiliseraient pour une seule dans les pays développés. Aujourd’hui, le rapport est de deux internautes dans les pays riche pour un seul dans les pays pauvres.

400 milliards de dollars pour les opérateurs

L’accès mondial à Internet ne profiterait pas seulement au « tiers monde » mais à nombre d’acteurs gravitant autour. A commencer par les opérateurs et fournisseurs d’accès qui, selon PwC, y gagneraient respectivement 400 milliards et 200 milliards de dollars de revenus supplémentaires. Les secteurs du commerce de détail et des contenus y gagneraient aussi. Et le réseau numérique faciliterait l’accès à l’information et l’éducation et aux services de l’administration entraînant. A titre d’exemple, selon une étude de Vodafone datant de mai 2015, les agriculteurs indiens qui ont accès à des informations en ligne augmentent leurs revenus de 5% à 15%. « Rendre universel l’accès à Internet est l’un des défis fondamentaux du développement de notre époque », résume Bahjat El-Darwiche, co-auteur de l’étude et expert PwC sur le Moyen-Orient.

Si les bienfaits d’Internet pour l’économie mondial sont indéniables (selon l’étude), il reste à savoir comment permettre aux populations défavorisées de participer à l’économie numérique mondiale ? En rendant l’accès à Internet « plus facile et moins cher, motiver les gens à se connecter, et les soutenir lorsqu’ils découvrent [le réseau] et l’utilisent pour la première fois », suggère le consultant.

Passer de la 2G à la 4G

Parmi les 10 mécanismes identifiés par PwC qui faciliteraient l’accès à Internet aux populations pauvres, la modernisation des réseaux mobiles 2G vers la 3G ou, mieux, la 4G, s’inscrirait comme l’un des plus pertinents. Cela permettrait aux opérateurs de réduire de 60 à 70% le coût du Mo et ainsi de rendre profitable une offre d’accès Internet qui deviendrait alors accessible à plus de 2 milliards de personnes supplémentaires. A condition qu’elles trouvent les moyens de s’équiper d’un terminal compatible.

Réduire les coûts d’accès au réseau mondial et en étendre sa portée est l’une des principales préoccupations du projet Internet.org initié par Facebook, par ailleurs commanditaire de l’étude de PwC. Motivé par le besoin de faire grossir toujours plus son audience, le réseau social travaille au développement de plusieurs solutions d’accès pour livrer Internet, que ce soit de manière terrestre (travaux sur l’optimisation des flux réseaux) ou depuis les airs (par satellites ou via des drones relais du signal). L’année dernière, Facebook provoquait une polémique en s’associant avec des opérateurs indiens pour proposer un accès Wifi gratuit à un Internet limité à quelques services (dont Facebook). Une sorte d’Internet captif que Mark Zuckerberg justifiait en estimant « qu’il est toujours préférable d’avoir un accès limité que rien du tout ». Une vision que ne partage Tim Berners-Lee. Selon le créateur du Web, l’initiative d’Internet.org est « quelque chose qui a la marque Internet mais n’est pas de l’Internet », rapportait-il alors au Guardian.

Facebook n’est pas le seul à chercher des solutions pour apporter Internet au plus grand nombre. Google travaille aussi, à travers son projet Loon ou ses drones Titan, à fournir des accès Internet dans des zones vides d’infrastructures de télécommunications. « Demain, espère PwC, si le mécanisme visant à fournir un accès véritablement mondial réussit, l’Internet sera vraiment un ‘world wide web’. »


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