IoT : Qowisio mise sur l’objet connecté en flinguant le forfait

Acteur de l’IoT, Qowisio entend se distinguer en se concentrant sur la mise au point des objets et en y intégrant la connectivité.

Il y a un an, Qowisio levait 10 millions d’euros pour déployer son propre réseau très bas débit longue portée (LPWA) dédié à l’Internet des objets (IoT) en France. « Aujourd’hui, c’est fait », annonce Cyrille Le Floch, CEO et co-fondateur. En quelques mois, et fort d’une expérience de 6 ans de R&D (Qowisio a été créé en 2009), l’opérateur a donc réussi à déployer un millier d’antennes qui couvrent toutes les villes du territoire de plus de 10 000 habitants et tous les grands axes routiers, assure le responsable. 700 autres antennes sont attendues entre aujourd’hui et 2017 pour densifier ce réseau national.

Connecter les objets éphémères

Mais pour s’inscrire comme un acteur majeur sur le marché des objets connectés, Qowisio entend bien s’y différencier… en offrant la connectivité avec l’objet. « On pense que mettre un forfait à un objet comme on le propose pour une personne aujourd’hui n’est pas un modèle adapté à la masse des milliards d’objets qui seront déployés dans la nature, notamment les objets qui émettent très peu d’information et de temps en temps seulement, explique Cyrille Le Floch, ni aux objets qui ont une durée de vie éphémère de quelques jours à quelques mois. » C’est notamment le cas du bon de livraison connecté à des palettes qui a une durée de vie de quelques jour que l’entreprise angevine a développé. « Aujourd’hui, il est impensable pour un industriel d’avoir un forfait annuel sur ce genre de produits. » D’où l’idée de Qowisio d’intégrer le coût de la connectivité dans le prix de l’objet, d’autant plus qu’il est éphémère. Un coût fixe et une gestion simplifiée des objets pour le client.

Selon Cyrille Le Floch, ce modèle entre en équation avec les usages réels de nombre de PME et ETI qui prennent le virage de l’IoT et sont prêtes à déployer leurs usages mais sont aujourd’hui dépourvues des objets connectables et ne trouvent pas de réponse adéquate auprès des opérateurs classiques ni des start-ups. Et de citer l’exemple d’un client qui loue des panneaux de signalisation routière dont le coût de fabrication évolue entre 50 et 100 euros l’unité. Ce client souhaitait mettre des traqueurs d’activité et de localisation sur ses panneaux mais ne trouvait rien à moins de 100 euros avec une offre de connectivité à 5 euros par an par panneau. « Sur un produit qui coûte moins de 100 euros, c’est un peu délicat », commente le dirigeant qui a su lui faire une offre d’un traqueur à moins de 10 euros connectivité incluse. « L’équation économique correspondait à ses besoins, il a pu équiper 2000 panneaux, sinon, il ne se serait tout simplement pas équipé, avance Cyrille Le Floch. Il faut que l’équation économique de l’objet soit en rapport avec l’usage avec un coût très bas de l’objet et une connectivité gratuite. » Autre exemple avec les palettes dont le coût de 7 euros ne supporte pas un traqueur à 100 euros. Qowisio répond à cette problématique avec un traqueur à 1,5 euro.

Connecter un usage en moins de trois mois

L’entreprise, actionnaire fondateur de la Cité de l’objet connecté à Angers, prend donc le parti de l’objet et entend tirer avantage de sa culture ancrée de l’électronique (« nous sommes d’anciens électroniciens ») pour développer les objets à connecter et leurs applications. L’entreprise a développé une soixantaine d’objets et de briques technologiques qui lui permettent aujourd’hui de pouvoir répondre rapidement aux demandes. « Quand un client vient nous voir avec un usage, notre promesse est de connecter cet usage en moins de trois mois », s’engage Cyrille Le Floch. Le réseau devient alors un moyen, « presque un outil marketing » qui permet à Qowisio de sortir de la masse des entreprises qui fabriquent des objets électroniques. « Ce réseau nous offre une indépendance qui nous permet d’explorer toutes les pistes liées aux usages », estime le CEO.

Pour autant, Qowisio n’entend pas s’enfermer sur un modèle de fonctionnement intégralement autonome. « Nous ne sommes pas les seuls à fabriquer des objets connectés et voulons participer à l’émergence de ce marché », assure notre interlocuteur. Comment ? En ouvrant son réseau aux start-up et autres entreprises qui viendront connecter leurs objets pour 10 centimes d’euros par an et par objet (soit 1 euro pour 10 ans). Et sans condition de volume d’entrée ni de durée. Un prix suffisamment bas pour permettre à nombre d’entreprises de tester un modèle avant de le déployer plus massivement et, surtout, « d’éviter de s’embarquer avec des forfaits pour quelques années avec des objets à plusieurs euros par an, ce qui ouvre le champ des possibilités que ce soit pour l’industrie, le médical ou le particulier ».

Marketplace IoT

Et dans cette logique d’ouverture et de volonté d’insuffler le développement de ce qui est considéré comme la troisième révolution Internet, Qowisio lance une place de marché dédiée à l’IoT pour fluidifier l’écosystème et faciliter l’accès aux objets. La première du genre selon Cyrille Le Floch qui, cette fois, reste discret sur le taux que Qowisio prélèvera sur les transactions.

Le fabricant d’objets-opérateur se distingue également côté réseau en étant capable d’écouter sa technologie (une solution Ultra Narrow Band) mais aussi du Lora et Sigfox. « On dit aux créateurs d’objets de garder leur indépendance, annonce le dirigeant. De notre côté, tous les objets Qowisio sont compatibles avec Lora et Sigfox. » Autrement dit, un objet Qowisio pourra être exploité sur le réseau de l’opérateur en France ou sur du Sigfox à l’étranger. Ce qui élargit d’autant le marché pour les clients.

Qowisio n’a néanmoins pas l’intention de rester confiné à la France. L’Angevin vient d’ouvrir un bureau à Austin, au Texas, pour y démarrer le déploiement de son réseau aux Etats-Unis sur le même modèle qu’en France. Par ailleurs, sa présence à l’international ne date pas d’hier puisque, de par son métier premier de fournir équipements et applicatifs à des grandes entreprises (notamment des opérateurs) pour qu’elles déploient leur réseau privé pour leurs propres besoins, Qowisio est présent dans 29 pays d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique chez une cinquantaine de clients. En 2015, Qowisio qui compte une cinquantaine de salariés (dont 15 à l’étranger), a généré un chiffre d’affaires de 6,2 millions d’euros pour un résultat net de 1,1 million. « Nous sommes rentables aujourd’hui », assure Cyrille Le Floch. Pour l’heure, environ 100 000 objets sont connectés à son réseau public. Un volume encore modeste mais ce ne sont que les débuts.


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