IPv6 n’est plus à la traîne d’IPv4, en vitesse au moins

Des chercheurs allemands se sont penchés sur la vitesse d’accès aux sites web via IPv6 par rapport à ceux en IPv4. Les premiers sont maintenant plus rapides.

Quand on parle d’IPv6, le premier mot qui vient à l’esprit est retard. Le taux d’adoption de ce protocole vieux de 20 ans et censé remplacer IPv4 et son lot limité d’adresses Internet, est relativement faible.

Un autre mot revient dans la bouche des spécialistes, c’est latence. L’accès aux sites web en IPv6 serait moins véloce que l’accès via IPv4. Une idée qu’il faudra conjuguer au passé, comme le montre une étude de 2 chercheurs en Allemagne. Vaibhav Bajpai et Jürgen Schönwälder de l’Université de Brême ont analysé le temps de réponse pour les 10 000 sites les plus visités (selon Alexa) via IPv4 et IPv6. Leur conclusion est que la latence généralement constatée sur IPv6 a été effacée grâce à une optimisation du protocole, voire même parfois plus rapide que son illustre cousin.

Pour réaliser leur rapport, les chercheurs ont utilisé un jeu de données s’étalant sur 3 ans (2013-2016). Au fil du temps, la connexion via IPv6 sur les sites web les plus populaires s’est améliorée. En mai 2016, 18% de ces sites sont plus rapides en IPv6 et 91% affichent une latence de 1ms.

Teredo et 6to4, le nœud du problème

Pour expliquer cette amélioration, le document précise que le problème de la latence provenait de deux technologies, Teredo et 6to4, utilisées pour encapsuler des paquets IPv6 dans des paquets IPv4. Ce système de tunneling provoquait des ralentissements notables. En 2013, Microsoft a annoncé qu’il abandonnait l’usage de Teredo sous Windows et qu’il débranchait les serveurs Teredo en 2014. En 2015, les préfixes de 6to4 ont été supprimés. Résultat, les chercheurs ont constaté une augmentation significative de la vitesse d’IPv6. Aujourd’hui, Teredo et 6to4 ne sont utilisés que pour 0,01 % du trafic.

L’écosystème commence aussi à jouer le jeu sur IPv6. C’est le cas des navigateurs qui favorisent l’utilisation de ce protocole face à IPv4. Pour gérer la latence, certains utilisent une minuterie pour décider s’ils migrent vers IPv4. Ainsi, Safari d’Apple bascule au bout de 25 ms et Chrome de Google change au bout de 300 ms. Firefox et Opera fonctionnent avec des connexions TCP IPv4 et IPv6 en parallèle.

Parmi les sites les plus rapides en IPv6, Netflix remporte la palme, suivi par Yahoo, YouTube et Google. Les chercheurs constatent que Facebook, Wikipedia et Microsoft sont accessibles à la même vitesse quelques soit le protocole utilisé.
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