Itanium : HP l’emporte face à Oracle…

Du rififi dans le nuage entre Amazon et Google

Le juge Californien James P. Kleinberg, s’appuyant sur un accord passé entre HP et Oracle lors du recrutement de Mark Hurd, demande à Oracle de continuer de proposer ses produits sur la plateforme serveur HP Itanium, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus commercialisée.

Selon le juge Californien James P. Kleinberg, de la Santa Clara County Superior Court, il existe un accord entre HP et Oracle portant sur le support par ce dernier des plateformes serveurs de HP, donc de l’Itanium d’Intel. En vertu de quoi le juge a demandé à Oracle de continuer à supporter la plateforme tant que HP continuera de vendre des systèmes basés sur Itanium, et cela sans frais pour le constructeur.

HP applaudit. « C’est une énorme victoire pour HP et ses clients », a déclaré officiellement un porte-parole du fabricant. « Nous espérons qu’Oracle va respecter ses obligations contractuelles comme ordonné par la Court. »

L’affaire n’est cependant pas terminée

Le juge ayant rendu son verdict, l’affaire doit maintenant passer devant un jury afin de déterminer le montant éventuel des dommages et intérêts qu’Oracle devra verser à HP. Ce dernier a estimé son préjudice à 4 milliards de dollars. La somme en tout cas pourrait être élevée, à l’échelle du préjudice à estimer, puisque 80 % à 90 % des utilisateurs de serveurs Itanium y font tourner des applicatifs l’Oracle.

Quant à Oracle, l’éditeur a choisi de faire appel…

L’effet Mark Hurd

La décision du juge s’appuie sur un document signé par les deux parties lors du recrutement de l’ex CEO de HP, Mark Hurd, en 2010. Un document qui, paradoxalement, visait à maintenir la relation entre les deux groupes. Selon le juge Kleinberg, un paragraphe du document « réaffirme leur engagement dans leur relation stratégique de longue date et leur désir mutuel de continuer à soutenir leurs clients communs. Oracle continuera d’offrir sa gamme de produits sur les plateformes HP et HP continuera à soutenir les produits Oracle sur son matériel d’une manière compatible avec ce partenariat tel qu’il existait avant l’embauche par Oracle de Hurd. »

Pour étayer sa décision, le juge Kleinberg a tenu également à rappeler que jusqu’à présent Oracle avait continué à supporter les plateformes HP qui ont précédé Itanium, à savoir PA-RISC et Alpha, longtemps après que HP ait mis fin à la commercialisation de ces dernières. « Oracle, dans les faits, n’a jamais cessé de développer ses logiciels sur une plateforme matérielle avant que le fabricant mette fin à la vente des serveurs, constate-t-il. La décision [d’Oracle] est incompatible avec les accords entre les parties, et elle est sans précédent dans l’histoire d’Oracle. »

Oracle réagit et continue de s’interroger sur la fin de l’Itanium

Rappelons que l’origine de l’affaire ne provient pas du recrutement de Mark Hurd par Oracle – même si celui-ci a pu informer Larry Ellison de la stratégie de HP et d’Intel sur l’avenir de l’Itanium… – mais de la décision d’Oracle de ne plus supporter l’Itanium.

Ce qui devrait se traduire par la fin des développements des produits Oracle sur la plateforme HP Integrity. Cette décision s’appuierait selon Oracle sur la fin non révélée de l’Itanium, une fin proche pour Intel, mais que HP aurait prolongée d’au moins 2 ans en participant au financement du développement des prochaines générations du processeur.

Chez HP, la décision d’Oracle serait guidée par la volonté de l’éditeur de faire migrer les clients Oracle/HP Itanium vers la plateforme Sparc/Solaris héritée de l’acquisition de Sun Microsystems par Oracle. On notera que dans cette affaire, Intel est resté bien en retrait. Et qu’IBM avec sa plateforme serveur Power se frotte les mains !

Quant à Oracle, l’éditeur qui fait appel de la décision du juge Kleinberg s’est fendu d’un bref communiqué dans lequel il rappelle que sa décision de mettre fin aux futurs développements logiciels sur le chip Itanium est guidée par sa proche fin de vie et qu’elle est « rationnelle » pour ses clients. Il s’étonne que la décision du juge se base sur « 27 mots que HP cite dans le règlement d’un contrat de travail » sans rapport avec l’affaire. Pour terminer sur ce que beaucoup prendront pour une pointe d’humour : « L’argument de HP met le concept de partenaires de la Silicon Valley sens dessus dessous ! »