Jean-Louis Tillet (Cisco) : «Avec le BYOD, le coût d’utilisation est porté sur l’utilisateur»

Jean-Louis Tillet, Business Development Manager – Mobility chez Cisco

Si les jeunes Français intègrent les outils mobiles dans leurs usages quotidiens, les entreprises françaises peinent à s’adapter à la vague du BYOD.

Cisco poursuit son analyse des usages des technologies mobiles, et notamment du BYOD (Bring Your Own Device), dans le cadre du Connected World Technology Report. Cette fois, à travers deux études complémentaires, Cisco se concentre sur l’usage des terminaux mobiles par les 18-30 ans, d’une part, et dans les entreprises d’autre part.

Concernant la fameuse génération Y, il est inutile de rappeler que celle-ci s’empare des outils mobiles, tant dans leurs usages personnels que professionnels. Selon l’étude réalisée par InsightExpress auprès de 1800 étudiants et jeunes professionnels dans 18 pays (200 en France), il ressort une certaine notion d’addiction et d’anxiété.

Pas de grosses différences

Ainsi les trois quarts (77%) des 18-30 ans français consultent leur smartphone au réveil et 59% de manière compulsive pour vérifier en quasi temps réel l’arrivée de nouveaux e-mails, notifications Facebook, SMS, flux d’actualités, etc. En cas d’empêchement, 33% se sentiraient « dépossédés ». Et ils sont 90% à acheter en ligne même si 83% pensent que la plupart des sites Internet ne sont pas sécurisés. Un paradoxe qui met en évidence la dépendance à l’outil.

« Il n’y a pas de si grosses différences entre les Français et le reste des pays étudiés, commente Jean-Louis Tillet, responsable développement mobilité chez Cisco France. Un peu plus d’applications sont utilisées sur les smartphones en dehors du pays. » Une vingtaine en moyenne contre 9 en France environ.

Une population formée

Mais ce qui est surtout intéressant pour Cisco est de constater que l’on a, en France, « une population qui sait télécharger des applications depuis les stores. Cela stimule l’interaction. Si l’entrepreneur pousse des apps vers les utilisateurs, il y a de fortes chances qu’ils travaillent plus ou utilisent plus l’application, car c’est addictif. » L’éditeur de WebEx en version tablette/smartphone s’en réjouit d’avance.

De plus, l’usage des applications mobiles permet au département informatique de réaliser des économies d’échelle. « Le coût d’utilisation est porté sur l’utilisateur. Lequel sera content d’avoir du YouTube d’un côté et du Jabber de l’autre. On peut donc s’attendre à une meilleure productivité, car l’utilisateur sera connecté plus longtemps. »

La France se méfie du BYOD

Si les jeunes Français ne se distinguent pas trop de leurs homologues étrangers dans leurs usages, l’acceptation des outils mobiles par les entreprises hexagonales est toute autre, selon l’étude réalisée auprès de 4900 décideurs IT (450 en France) dans 18 secteurs d’activité de 9 pays.

Seulement 40% des responsables informatiques français pensent que le « BYOD » est un phénomène positif. Le taux le plus faible de l’étude. Même constat sur les 52% des salariés qui utilisent leurs propres terminaux mobiles dans le cadre professionnel. Notamment à cause de la sécurité qui, pour 33% des entreprises sondées, s’inscrit comme le premier obstacle au BYOD.

La France n’est pas tant en arrière que ça

De fait, seuls 15% des responsables informatiques placent la productivité en avant comme premier avantage du BYOD. Et seuls 17% y voient un moyen de réduire les coûts. À condition, pour 12%, d’assurer la satisfaction du salarié.

Pour Jean-Louis Tillet, l’ancienneté de l’environnement, la sécurité (« La donnée coûte de l’argent ») et les contraintes juridiques liées au télétravail expliquent principalement les réticences des entreprises françaises vis-à-vis du BYOD. « Mais la France n’est pas tant en arriérée que ça, rassure le responsable. Les industriels se demandent où on met le curseur face aux investissements et cycles d’investissements. Derrière les portables et ultraportables, arrivent les smartphones. »

Des vagues de changement qui nécessitent un peu de temps d’acceptation. L’adoption du BYOD passera par deux phases, selon le porte-parole de Cisco. La première sera évidemment l’acceptation du smartphone dans l’entreprise pour un usage personnel via les « guest access » (et plus généralement selon la culture et l’évolution de l’entreprise). La seconde visera à utiliser les applications de l’entreprise pour travailler. « À condition qu’elles soient simples à utiliser sinon, il y a rejet de l’utilisateur. »

Des éléments de réflexion pour Cisco

Enfin, le multi device amène l’entreprise à élargir sa réflexion. L’ère du poste de travail exclusivement Windows semble révolue. « Dans quelques années, il se peut que l’entreprise n’achète plus de devices end-point. » Mobile ou non. Constatons dans ce cadre que seuls 35% des responsables informatiques en France pensent que les salariés sont prêts à virtualiser leur poste de travail. Contre 64% aux États-Unis.

Autant d’éléments de réflexion et de contraintes intéressantes pour Cisco. « Cela intéresse notre département R&D qui se doit de développer les outils qui seront utilisés demain », conclut Jean-Louis Tillet.


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