Jérôme Dilouya (Intercloud): «Nous contournons Internet pour les applications critiques»

Pour palier le manque de fiabilité du réseau Internet, InterCloud développe son offre d’interconnexion privée entre les fournisseurs d’applications cloud critiques et les utilisateurs.

« Notre métier est de prendre le client où il est et pour cela, on s’attache à faire le tour du monde. » Jérôme Dilouya (photo), CEO d’InterCloud, a réagi à notre article consacré au nouveau service Cloud Connect d’Interxion. Nous prêtions à InterCloud une dimension trop nationale qui fausse l’image de l’activité réelle du fournisseur installé en France. « Nos clients sont européens mais nos opérations et notre réseau fonctionnent à l’échelle mondiale, sinon cela n’aurait aucun intérêt pour nos clients », insiste le dirigeant et cofondateur d’InterCloud avec Antoine Valat (CFO) et Benjamin Ryzman (CTO).

De New-York à Hong Kong en passant par l’Europe

Créé fin 2010, InterCloud propose un service de connectivité entre les entreprises et les fournisseurs d’applications de cloud public telles Salesforce, Box, Webex, et les plate-formes Microsoft Azure et Amazon Web Services (AWS). L’idée est de « contourner Internet pour acheminer l’application de manière qualitative et sécurisé jusqu’au client », explique Jérôme Dilouya. Pour assurer cette qualité, InterCloud s’attache donc à déployer un réseau « qui va des Etats-Unis jusqu’à Hong Kong en passant par l’Europe ».

Autrement dit, fournir un réseau privé pour délivrer des applications publiques. « La connectivité privée vers les plates-formes publiques n’était pas dans l’air du temps il y a 3 ans, raconte notre interlocuteur en revenant sur les débuts d’InterCloud. Si le cloud est une façon de consommer l’IT, les applications critiques nécessitent un réseau fiable. Quand une banque utilise notre réseau, ce n’est pas pour sa meilleure performance mais parce qu’il est privé entre le fournisseur d’application et l’utilisateur. » Ce qui garantie une disponibilité et une fiabilité que le fournisseur d’application cloud, pas plus que les intermédiaires opérateurs, sociétés de services ou infogéreurs, n’est en mesure de garantir sur le réseau Internet public.

25 points de présence dans le monde

Pour y parvenir, InterCloud loue donc de la capacité aux opérateurs internationaux et locaux, voire régionaux. Et déploie ses points de présence (PoP) au plus près de ses clients ou prospects. L’entreprise dispose à ce jour de 25 PoP en Europe (Paris, Londres, Frankfort, Amsterdam, Genève), Asie (Hong Kong et Singapour) et aux Etats-Unis (New York, Boston) en installant ses équipements chez les gros datacenters du secteur comme Equinix, Telecity, Telehouse ou… Interxion.

Ce qui nous ramène à l’offre Cloud Connect d’Interxion laquelle vise également à relier un client à un fournisseur de service sur un réseau privé. Une offre qui, à nos yeux, vient concurrencer l’activité d’InterCloud. « Nous sommes effectivement concurrentiel dans les termes, admet Jérôme Dilouya. Les deux services permettent d’accéder à tous les points depuis un seul. Mais il s’agit de datacenters où le client doit aller s’installer pour profiter du service. Et si un client a une porte d’entrée de son réseau à Paris, une autre à Amsterdam, une encore en Asie, il faut les interconnecter alors que nous affranchissons le client de cette tâche. De plus, Interxion se limite au service réseau de bas niveau, il ne fait pas le routage. Et il lui est difficile d’aller chercher un Salesforce, un Webex, un Box et autres applications hautes. Pour cela, il passe par leurs partenaires. »

InterCloud partenaire d’Interxion

InterCloud s’inscrit donc comme un partenaire potentiel, comme le suggérait d’ailleurs Fabrice Coquio, le dirigeant d’Interxion France. « Nous sommes complémentaires, confirme le CEO d’InterCloud, car Interxion est la base de départ pour certains de nos clients et la base d’arrivée quand il s’inscrit comme le datacenter le plus proche [de l’infrastructure du client]. Interxion est un de nos fournisseurs de chemin vers certaines destinations. Le partenariat va se cantonner à ces destinations. »

Intercloud schémaUn modèle qui séduit d’autant qu’il est peu concurrencé aujourd’hui en Europe. « La concurrence vient des opérateurs internationaux Tiers 1 qui connectent les IaaS mais en regard de leur taille et la vente de grosses connexions à 10 millions de dollars par an alors que nous interconnectons des « petites » applications, nous ne sommes pas tout à fait en concurrence frontale », souligne Jérôme Dilouya. L’entreprise compte aujourd’hui une trentaine de clients (banques, assurances, SSII… dont le dirigeant n’est pas en mesure de nous dévoiler les identités) pour 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires et une quinzaine de salariés. Et l’activité devrait s’accélérer prochainement. InterCloud vient de réaliser une opération de financement qui lui permettra, notamment, d’intégrer des entreprises américaines dans ses clients directs sans passer par les partenaires. Une opération qui sera officiellement détaillée à la rentrée.


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