L. Hoenen, Kabira : ‘Notre expertise dans les télécoms est un atout pour le monde financier’

Kabira, fournisseur de solutions de traitement transactionnel, implanté sur
le marché des télécom, se lance dans le secteur financier. Références
américaines et japonaises à l’appui

Comment les établissements financiers peuvent-ils faire face à la baisse de la rentabilité des transactions et aux enjeux du SEPA, l’espace unique des paiements en zone euro ? Kabira, fournisseur de solutions de traitement transactionnel, joue les outsiders sur ce marché. Entretien avec Jean-Louis Hoenen, vice-président de la société pour le secteur banque/finance dans la zone Europe, Moyen-Orient, Afrique.

En quoi consiste l’offre de Kabira ?

Nous proposons des solutions de traitement transactionnel qui permettent de traiter un nombre important de transactions, de manière plus souple et moins chère. Il s’agit d’une plate-forme et une gamme de logiciels qui gèrent l’acquisition et le transfert des transactions, ainsi que la délivrance des autorisations.

Pour la fin de l’année, un nouveau produit traitera sur une seule chaîne les flux des différents règlements, comme les cartes de crédit ou les chèques. Nous serons donc en mesure d’effectuer une détection de fraude sophistiquée, « velocity fraud managment », qui va au-delà de la vérification auprès d’une « black list », puisqu’il s’agit d’une analyse de comportement transactionnel en temps réel.

Cela permettra également de proposer plus facilement de nouveaux services, comme les cartes cadeaux. En effet, notre environnement de développement fonctionne par modélisation en UML, notamment : la définition des flux de données génère le code. Et le temps de mise en place passe de 3 à 6 mois, au lieu des 18 à 24 mois nécessaires à l’implémentation d’ une nouvelle chaîne. De plus, les développements peuvent être réutilisés sur d’autres plates-formes.

A la base, nos solutions technologiques sont entièrement développées en C++, sous Linux, ce qui leur assure une forte capacité à traiter les requêtes en parallèle, une gestion de la mémoire optimisée. Nos concurrents, eux font surtout du main frame. Résultat : il leur faut rajouter des clusters du constructeur, ou bien des moniteurs transactionnels. A force d’empiler, cela ralentit les temps de réponse.

N’est-ce pas un peu tard pour se lancer sur le marché français, par rapport aux échéances du SEPA ?

Nous ne manquons pas de concurrents, il est vrai, mais nous sommes l’outsider qui arrive avec une solution innovante.

Aujourd’hui les banques ont investi un minimum pour être compatibles avec les échéances de janvier 2008. Mais les démarches de migration vont se prolonger jusqu’en 2010.Et les établissements qui veulent continuer à faire du processing de transaction devront modifier leur système en profondeur. Ceux qui décideront d’externaliser vont s’adresser à des sociétés qui mutualisent les infrastructures de plusieurs établissements, et nous allons nous adresser à ces dernières. Nous voulons montrer que le Sepa, vécu comme une contrainte, peut se révéler une opportunité, si l’on investit dans une nouvelle plate-forme qui permet de proposer de nouveaux services.

Du reste, au-delà de cette échéance, le revenu moyen par transaction diminue, en particulier à cause des micro-paiements. Or, notre offre permet de diminuer le coût de la transaction. C’est pourquoi nous prospectons auprès des grandes banques et des organismes financiers, au niveau européen. Notre objectif, pour mars 2008, est que le secteur banque/finance représente 50% de notre chiffre d’affaires, au niveau monde comme en France. Aujourd’hui, il est de 10% environ. C’est donc un axe de développement stratégique.

Quelles sont vos références ?

Nous sommes implantés aux Etats-Unis, avec Visa. Toute utilisation de cette carte passe par notre plate-forme, et elle n’a jamais subi d’arrêt. Il y a trois ans, Visa effectuait 400 transactions par seconde, mais leur mainframe touchait les limites de leurs capacités. Un test comparatif a montré que notre produit pouvait en traiter jusqu’à 86.000 par seconde. Sur le terrain, cette année, nous avons atteint des pics de 13.000.

Aujourd’hui, nous sommes en discussion sur notre nouveau produit, qui pourrait leur être utile dans le cadre de leurs projets contactless, par exemple.

Autre client, au Japon cette fois-ci. Cafis, filiale de NTT data, spécialisé dans l’acquisition de transactions financières, a adopté notre solution.

Par ailleurs, notre expertise dans le secteur des télécoms, dans lequel nous sommes présents depuis douze ans, représente un atout pour le monde financier. A Barcelone, au salon 3GSM, par exemple, nous allons montrer une solution que nous avons déployé pour l’opérateur Vimpelcom, en Russie : nous faisons transiter de l’argent d’un compte prépayé d’un téléphone mobile à un autre. Et nous avons également d’autres projets, comme des services de fidélisation avec des chaînes de fastfood.