La cession de 3Com inquiète l'administration américaine

L’équipementier doit être cédé au fonds Bain Capital mais aussi et surtout au chinois Huawei

La vente de 3Com, géant américain des équipements de réseaux, inquiète Washington. Rappel des faits: en septembre dernier la cession de la firme californienne est annoncée pour 2,2 milliards de dollars. Les heureux acquéreurs sont le fonds d’investissement Bain Capital mais surtout le géant chinois Huawei. Rien d’étonnant puisqu’en 2003, 3com et ce géant chinois avaient constitué une co-entreprise installée à Hangzhou, à 200 km de Shanghai.

Même si le géant chinois des réseaux ne prendra pas une participation majoritaire dans 3Com (16,5%), cette entrée dans le capital de l’équipementier inquiète le très attentif Comité américain sur les investissements étrangers (CFIUS). Selon le Financial Times (relayé par les Echos), le CFIUS serait sur le point d’ouvrir une enquête approfondie sur la question, après avoir bouclé son enquête classique ; preuve que le sujet est sensible.

Car il faut savoir que 3Com fournit des agences américaines, notamment à la Défense. Pire, le groupe vend au Pentagone des systèmes de détection et de prévention d’intrusions informatiques. Et compte tenu du contexte actuel, des relations sino-américaines et surtout des accusations de hacking d’Etat opéré par la Chine, Washington s’inquiète des risques sur la sécurité nationale. Une porte d’entrée chez 3Com ne permettrait-elle pas à l’Empire du Milieu d’accentuer ces cyber-attaques (si ces attaques sont en effet ‘officielles’) ?

C’est en tout cas l’avis du directeur du renseignement national (DNI) qui a alerté le CFIUS par le biais d’un courrier sans ambiguïtés soulignant les dangers de l’entrée de Huawei dans le capital de 3Com.

Pour bain Capital, qui contrôlera 83,5% de 3Com, la question de sécurité ne se pose pas. Même discours rassurant de Huawei qui déclare que cette opération est avant-tout financière et qu’il a l’intention de rester un actionnaire minoritaire.

Le CFIUS ne bloquera certainement pas l’opération. Mais il exigera certainement des concessions: les activités sensibles de 3Com pourraient être séparées et filialisées dans une société indépendante. Affaire à suivre.