La convergence: réalité ou louable intention ?

En 15 ans, le mot convergence est sans doute celui qui a été le plus galvaudé dans les présentations stratégiques des constructeurs, éditeurs, équipementiers, et qui l’est toujours.

Après le téléphone fixe et mobile, la voix et les données, depuis 18 mois, le mot convergence hante les discours de la plupart des constructeurs de micro-ordinateurs grand public. Il faut alors entendre convergence de tous les usages et produits numériques de loisirs. Ca paraît simple mais, à y regarder de plus près, il y a encore pas mal d’habitudes, de modèles à faire évoluer sur le marché.

Les promesses Elles sont fabuleuses. Même dans nos rêves les plus fous, nous n’aurions pas cru cela possible… Stocker toutes ses ressources – musique, vidéo, photo, fichiers – sur un support, centraliser l’accès Internet haut débit, le téléphone, la télévision numérique et disposer de tout « son numérique » à la maison, en vacances, dans sa résidence secondaire ou encore à l’extérieur… même James Bond n’ose pas encore y croire. Il est vrai que toutes les technologies (WiFi, ADSL…) sont là, tous les formats (Jpeg, MP3, DVD…) existent. Les attentes Alors pourquoi ne pas disposer de l’ensemble des chaînes numériques sur tous les écrans installés à la maison ? Idem pour la musique ou les DVD, le tout sans fil. Pourquoi ne pas programmer automatiquement l’enregistrement de ma série télé préféré puisque les programmes des chaînes sont disponibles sur Internet et que je dispose d’un PC avec carte tuner ? Pourquoi ne pas jeter un coup d’?il à mes plantations dans mon jardin en province, via la webcam connectée à mon PC ? Ces attentes paraissent simples et… possibles. Oui, mais… A y regarder de plus près, il n’existe rien de simple, d’intégré ou de conçu pour l’utilisateur lambda, oups ! pour Madame Michu, devrais-je dire. Pourtant, cette Madame Michu dispose d’un téléphone GSM, d’un téléphone sans fil avec 3 ou 4 combinés, d’un PC avec ADSL, de deux ou trois téléviseurs, d’un abonnement câble ou satellite, d’un lecteur de DVD… Et elle aimerait bien (enfin elle, son mari, ses enfants…) écouter sa musique préférée dans toutes les pièces, jeter un coup d’?il à sa série favorite sur une chaîne cryptée depuis sa cuisine, son living ou sa terrasse, pendant que son mari regarde un programme sportif sur un autre téléviseur. Bien entendu, le tout sans fil, sans complication et sans se préoccuper si elle est sur un écran de PC ou de télé. Idem pour montrer des photos à la famille ou encore faire une commande en ligne. Là, c’est encore du rêve à l’état pur ! Les constructeurs Le monde de l’informatique – ou comme on dit du multimédia, ou encore comme ils aimeraient qu’on les appelle aujourd’hui, ceux du « numérique de loisirs » – sont encore loin du but. Ils sont, pour la plupart, beaucoup trop techniques dans leur démarche et prisonniers d’un environnement qu’ils ne maîtrisent absolument pas, je veux parler du système d’exploitation et de la stratégie d’un éditeur qui a marqué l’histoire de l’informatique mondiale mais qui n’a pas encore pris le chemin du numérique de loisirs. Hé oui, ce marché est très important en volume mais ne peut pas être drivé par des nouvelles versions tous les 18 mois. Pendant ce temps, certains fabricants de produits électroniques grands public avancent… Ils proposent des produits communicants qui peuvent échanger des données, sans pour autant passer par un PC, mais ils fournissent aussi des PC… Il faut voir par exemple le cas de Sony qui a ouvert la voie de la convergence depuis des années, qui n’a aucun parti pris en ce qui concerne l’OS de ses machines…. Ils sont tout Sony, mais absolument mono fondeur ou éditeur de logiciels. La distribution Quant à la distribution, comment faire pour unifier des rayons aussi divergents que TV, Hi-Fi, Vidéo – téléphone, Jeux, Multimédia et photo. Certaines enseignes amorcent la convergence mais il faut à la fois revoir les modes de rémunération, investir sur la formation des vendeurs, repenser l’espace… Et si… La convergence entre électronique grand public et informatique est en route. Certains constructeurs devront s’allier, passer des accords ou tout simplement sortir de ce marché. Il faut bien se dire que le PC, tout puissant, que l’on doit changer tous les trois ou quatre ans et reconfigurer ou « upgrader » tous les dix mois, n’est pas un produit numérique de loisirs mais bien un outil pour initiés, passionnés de technique plus que de contenu et d’usage. Il est certain que les choses vont se structurer très rapidement, la crise du secteur oblige. Les consommateurs préfèrent acheter un appareil photo numérique ou un lecteur de DVD plutôt que d’investir dans un énième PC. Je sais, c’est difficile à admettre pour certains mais il faut passer de la TSF de grand-papa à la radio et c’est douloureux. Mais quel avenir merveilleux que celui du vrai numérique de loisirs, compatible, sans fil et interopérable! Copyright: The Média Hall Company (c)2003 pminguet@club-internet.fr