L’avenir de l’eSIM passera par les smartphones

Selon les analystes, le nombre d’eSIM sur le marché devrait frôler le milliard d’unité en 2021. Contre à peine plus de 100 millions aujourd’hui.

L’eSIM (Embedded Subscription Identity Module), ou SIM embarquée, est aujourd’hui quasiment absente du marché mobile grand public. Tout juste peut-on en voir dans l’iPad Pro d’Apple sur le marché américain ou une montre connectée chez Samsung. En 2016, moins de 109 millions d’eSIM ont ainsi été livrées. Mais la demande devrait exploser au cours des prochaines années. A l’horizon 2021, leur volume devrait frôler le milliard de livraisons (986 millions précisément) considère le cabinet d’études IHS Markit. On restera néanmoins très loin des plus de 5 milliards de SIM amovibles par défaut utilisées aujourd’hui.

IHS-Markit_eSIMJusqu’alors essentiellement cantonné aux solutions M2M (Machine to Machine), le marché de l’eSIM devrait être porté par les terminaux mobiles (smartphones et tablettes) et autres appareils électroniques connectés grand public comme les wearables (montres, lunettes…) et plus généralement l’Internet des objets (IoT) alors que « les acteurs impliqués n’ont pas besoin d’adapter l’existant », considère l’analyste Don Trait dans son billet de blog.

L’eSIM poussée par les smartphones

A ce jour, aucun téléphone n’embarque d’eSIM. Mais IHS Markit pense que, poussée par la GSMA, la puce devrait y faire ses premiers pas dès 2018. L’association mondiale des opérateurs télécoms, avait annoncé au Mobile World Congress 2015 travailler à l’édification d’une norme pour la fourniture et la gestion à distance de la connectivité aux périphériques grand public. La GSMA devrait présenter la phase 3 de ses travaux dans le courant de l’année.

« L’intégration d’eSIM dans les téléphones cellulaires devrait se produire en premier lieu avec les fournisseurs de combinés de niveau deux ou trois dans le cadre d’introductions à petite échelle pour tester le marché », avance Don Trait. Les principaux constructeurs du marché, Apple, Samsung et Huawei en premier lieu, devraient pour leur part attendre 2019 avant d’implémenter des eSIM dans leurs produits. « Une fois que l’un des trois premiers fournisseurs de smartphones aura introduit l’eSIM dans ses modèles, le marché commencera à basculer, ce qui entrainera une baisse de la demande des SIM amovibles », ajoute l’analyste.

Les SIM classiques résisteront

Néanmoins, les SIM classiques auront la vie dure. Leur volume devrait passer de 5,4 milliards d’unités en 2016 (soit 98 % du marché total des SIM) à 5,1 milliards en 2021 (83,9 %). Un différentiel bien inférieur à la montée en volume de la puce de communication virtuelle qui adressera en toute logique de nouveaux marchés. IHS Markit pense également que les revenus issus des puces intégrées à la carte mère pourraient augmenter pour leurs fournisseurs comme Gemalto, Giesecke & Devrient (G&D) et Oberthur. De fait, autant de eSIM seront produites que de smartphones (et autres terminaux), ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (une même SIM pouvant servir sur plusieurs terminaux).

L’eSIM, qui permettra de télécharger les spécifications de connectivité aux réseaux des opérateurs sur une puce soudées à la carte mère, présente plusieurs atouts pour l’ensemble des acteurs. Si les opérateurs pourraient voir dans la puce virtualisée un risque de perdre le contact commercial avec le client utilisateur, les puces intégrées devraient permettre l’émergence de nouvelles opportunités de développement pour eux dans certains secteurs comme le M2M, l’Internet des objets (IoT), les voitures connectées en particulier. Tout en entrainant potentiellement une réduction des coûts d’intégration et de gestion de la SIM, selon l’analyste.

Des atouts attendus

Du côté des fournisseurs, l’eSIM s’inscrit comme une opportunité pour eux de répondre à de nouveaux marchés IoT au sens large (M2M, voitures connectées…) et de réduire les coûts de production physique qui seront pour le coup déportés sur le fabricant de l’appareil. Ces derniers pourraient y voir l’opportunité d’améliorer le design de leurs produits, mais aussi (et surtout) d’entrer directement en contact avec le consommateur final tout en négociant d’éventuels contrats mobiles avec les opérateurs.

Au-delà d’épargner à l’utilisateur de plus en plus délicates manipulations au fur et à mesure de la réduction de la taille de la SIM (aujourd’hui en nano), le consommateur final pourrait voir un bénéfice à l’eSIM à travers une potentielle baisse des coûts des appareils connectés (ou de l’envoi d’une nouvelle carte à chaque changement d’opérateur). Mais aussi « bénéficier d’une augmentation du nombre de ces appareils et une expérience client améliorée grâce à une plus grande souplesse », rapporte l’analyste. Par exemple, dans la possibilité de pouvoir gérer plusieurs identifiants (smartphone, montre, voiture…) à travers un compte utilisateur unique. Du côté des opérateurs comme des consommateurs et des fabricants, l’eSIM pourrait être amenée à bouleverser le marché et les usages.


Lire également
eSIM : pourquoi la carte SIM embarquée fait saliver Gemalto
Samsung veut démocratiser l’eSIM avec sa dernière smart watch
Le marché français du M2M explose au premier trimestre 2017

Photo credit: Vodafone Germany Corporate Communications via Visual hunt / CC BY-ND