Le dégroupage total commence à décoller

Mais le régulateur constate que France Télécom ne joue pas encore totalement le jeu

Après un démarrage plus que poussif, le dégroupage total semble enfin prendre un rythme de croissance rapide. Cette technique permet à un opérateur alternatif d’avoir accès à la boucle locale, la paire de fil de cuivre qui arrive chez le consommateur. Ce dernier peut ensuite totalement s’affranchir de l’opérateur historique pour le téléphone et internet.

Selon le dernier pointage de l’Arcep, l’Autorité de régulation des télécoms, la France comptait 255.584 lignes téléphoniques totalement dégroupées fin juin, après une hausse de 68% au deuxième trimestre. Pour autant, L’Aforst, l’Association française des opérateurs de réseau et de services de télécom qui réunit les opérateurs télécoms concurrents de France Télécom, rappelle dans un rapport que les tarifs pratiqués par France Télécom sont toujours trop élevés. Sa tarification est passée de 10,50 euros la ligne précédemment, à un peu moins de 9,50 euros au 1er juin. Une baisse insuffisante pour les opérateurs alternatifs, qui évaluent ce prix à 7,50 euros. Ils rappellent que France Télécom a obtenu ? à l’arraché ? une augmentation importante de l’abonnement au téléphone fixe, qui passera progressivement à 16 euros en 2008. Concession sous condition : en contrepartie de la baisse du prix de location de son réseau. Le dégroupage partiel marque le pas, après un développement rapide. Le nombre de lignes partiellement dégroupées était de 2.073.942 au 30 juin, en hausse de 10% au deuxième trimestre. Pour autant, l’Arcep observe que l’avancée du dégroupage n’est pas portée par les opérateurs. « On observe depuis quelques mois un tassement de l’extension géographique du dégroupage en métropole (64 nouveaux répartiteurs dégroupés sur les 6 derniers mois, contre près de 150 au cours des 6 mois précédents). Autour des zones qu’ils ont déjà dégroupées, les opérateurs consolident leur couverture, mais cette extension reste limitée ». Les collectivités territoriales ont pris le relais, notamment grâce à de nouveaux pouvoirs en la matière. « Désormais, les nouvelles zones dégroupées le sont essentiellement grâce au soutien des collectivités territoriales (Oise, Pyrénées Atlantiques, Loiret, Alsace, etc.). Celles-ci permettent le déploiement de réseaux de collecte, dans le cadre de délégations de service public, et facilitent ainsi l’accès, par les opérateurs du dégroupage, aux répartiteurs desservis par ces réseaux ». Quant à la qualité du dégroupage, elle tend encore à désirer. Pointé du doigt, France Télécom est accusé de traîner des pieds et de provoquer des coupures chez les abonnés qui vont à la concurrence. Cette dernière réclame même des pénalités en cas de retard important, comme ce qui est fait en Italie par exemple. L’Autorité n’a pas voulu aller jusque-là et a forcé France Télécom à publier tous les mois une liste d’indicateurs de qualité de service. Les résultats pour mai et juin sont « contrastés » selon l’Arcep. « Si elles indiquent une amélioration des délais, s’agissant de la livraison des paires dégroupées, elles sont peu satisfaisantes s’agissant des délais du service après-vente du dégroupage ». Seulement 53% des lignes ayant fait l’objet d’une procédure de SAV ont été traitées par France Télécom dans les délais contractuels, souligne le régulateur. En clair, France Télécom continue à prendre son temps lorsqu’il s’agit d’intervenir sur une ligne passée à la concurrence.