Le Green Grid mesure désormais l’empreinte carbone des data centers

Le nouvel outil du consortium mondial Green Grid permettra de mesurer la production de carbone dans le cycle de vie d’un centre de données.

Le Green Grid a profité du Forum EMEA Tech, qui s’est tenu jeudi 2 décembre au campus de Microsoft à Issy-les-Moulineaux, pour annoncer la création d’un nouvel outil de mesure: le CUE (Carbon Usage Efficiency). Rappelons que ce consortium mondial, créé en 2007 et qui rassemble plus de 200 organisations privées et publiques, travaille à l’élaboration d’outils de mesure d’effeicience énergétique des data centers.

Après le PUE (Power Usage Efficiency), désormais standard de fait, et son inverse le DCIE (Data Center Infrastructure Efficiency), l’ERE (Energie Reuse Efficency) et le DCP (Data Center Productivity), voici donc le CUE, un outil qui emprunte aux précédents pour calculer l’empreinte carbone d’un centre de données. « Le seul PUE n’est plus suffisant face aux problématiques du développement durable, justifie André Rouyer, président du comité de liaison européen au Green Grid, et il n’était pas possible de travailler sur ces mesures énergétiques sans prendre en compte la problématique des émissions de carbone. »

Le CUE s’appuiera donc sur les quatre outils précédemment élaborés pour « mesurer les émissions de carbone selon les différents types de sources », ajoute le porte-parole du consortium. Des serveurs aux systèmes de refroidissement en passant par les onduleurs, tableaux de contrôle, etc., le CUE prend en compte les variables énergétiques propres à chaque zones géographiques.

Par exemple, avec une partie de son électricité issue du nucléaire, la France offre un terrain propice aux acteurs des centres de données qui visent à atteindre un seuil d’émission de carbone proche de zéro (par rapport aux pays qui produisent leur énergies à partir de centrales à charbon). De plus, les méthodes de mesures seront appliquées tout au long de l’année ce qui permet notamment de lisser la consommation pour prendre en compte les périodes de pointes qui oblige le pays à importer une électricité moins « propre » en terme de production de CO2. Tous les détails sont disponibles dans le livre blanc du Green Grid.

Si l’intérêt écologique anime la mise au point de ses outils de mesure, il intéressera avant tout les entreprises pour les sources d’économies que l’optimisation d’un centre de calcul leur apportera (notamment face à la prévisible augmentation des prix de l’énergie). A terme, des normes internationales seront élaborées, notamment à partir des travaux du Green Grid qui défriche ainsi le terrain. S’il faudra encore compter 3 à 5 ans avant de voir émerger normes et directives réglementant la consommation des data centers, André Rouyer a bon espoir que nombre des organisations professionnelles du Green Grid auront, de fait, appliquées les recommandations du consortium. Notamment sur le territoire européen. « L’approche consensuelle de l’Europe fait que les entreprises adopteront la norme avant sa publication, avec 80 % à 90 % des entreprises qui seront conformes pour ne pas perturber l’activité [au moment de la publication des directives] ».

Déjà, 67 data centers en Europe approuvés par la Commission européenne s’appuient sur les outils de mesure énergétique du Green Grid. Et une trentaine d’autres sont à l’étude. Rapidement, ce sont donc une centaine de centres de données (et non pas d’entreprises qui les exploitent) qui affichent une conformité encourageante pour l’avenir. « Il y a un effet boule de neige, se réjouit notre interlocuteur, notamment à travers les appels d’offres publics. Le monde IT se doit de montrer l’exemple. »

Les travaux du Green Grid se poursuivront autour du Water Usage Effectiveness (WUE) qui mesurera la consommation d’eau nécessaire aux refroidissement des data centers tout en prenant en compte celle de la production énergétique. La qualité des eaux rejetées entrera également dans le calcul. Le programme technique du WUE devrait être présenté en février 2011.