Le marché mondial des télécoms se stabilise… à la baisse

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Le marché des télécoms en Europe tend à se stabiliser. Mais les opérateurs de l’Union européenne accusent encore une recul de 0,3% en 2016.

Si, avec 1 223 milliards de chiffre d’affaires mondial générés en 2016, les télécoms restent toujours devant les services informatiques et logiciels, et les équipements réseau, le secteur continue de subir une croissance mole de 1,5%. « L’ensemble des régions et des segments ont été en perte de vitesse au cours des dernières années, et les perspectives de rebond sont très modestes », note Didier Pouillot, directeur Stratégies Télécoms au sein de l’Idate, l’édition 2017 du Digiworld Yearbook que l’institut d’études montpelliérain a dévoilé ce matin à l’occasion de sa conférence DigiWorld Future de Paris.

L’Europe reste néanmoins plus touchée que le reste du monde. Et si la région profite d’une lente remontée ces dernières années (avec 267 milliards d’euros), les pays de l’Union européenne restent pour leur part en décroissance avec un recul de 0,3% de ses revenus. Mais l’activité tend à se stabiliser en regard des -0,8% en 2015 et -3,4% en 2014. « Après cinq années de recul, le marché européen des services mobiles a retrouvé la croissance. Dans les services fixes en revanche, la progression – modérée – des revenus du haut débit ne compense toujours pas la chute de la téléphonie », ajoute l’Idate.

Croissance ralentie en Amérique du Nord

Idate-telcoL’Amérique du Nord est également touchée avec une croissance qui ralentit (+0,4%). L’activité y est soutenue par les revenus du haut débit fixe (en hausse de 6 milliards d’euros) tandis que l’activité mobile accuse le prix de la concurrence (de T-Mobile particulièrement et aussi Sprint) et connaît une légère décrue de ses revenus malgré la hausse du parc clients de 5%. Le chiffre d’affaires nord-américain s’élève à 342 milliards en 2016. Lesquels restent inférieur aux 392 milliards de l’Asie-Pacifique. Il n’en reste pas moins que les deux ténors du continent américain, AT&T et Verizon, restent les premiers opérateurs sur la scène mondiale devant China Mobile. Le Chinois a volé la troisième place au japonais NTT. Le premier européen, Deutsche Telekom, arrive à la 5e position mondiale devant Vodafone (7e) et Telefónica (10e). Softbank, America Móvil et China Telecom s’intercale dans le Top 10 mondial des opérateurs en 6e, 8e et 9e positions respectivement.

Les perspectives sont difficiles à prévoir tant par la concurrence qui anime le marché que par les changements réglementaires. Aux Etats-Unis, l’arrivée de l’administration Trump qui entend remettre en cause la neutralité du Net (Open Internet), voire l’ensemble du « Telecom Act » (la réglementation américaine des télécoms), laisse place aux interrogations. L’abaissement « spectaculaire » de l’impôt sur les sociétés et l’assouplissement de l’antitrust pourrait relancer la guerre des fusions-acquisitions. L’Idate évoque celle entre Verizon et Charter Communications, T-Mobile et Sprint, notamment. En Europe, c’est quasiment l’inverse. La nouvelle commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a eu tendance à maintenir une concurrence acerbe en s’opposant au rapprochement de Telia et Telenor au Danemark à l’automne 2015, Three (CK Hutchison) et O2 (Telefónica) au Royaume-Uni au printemps 2016 tandis que le marché italien reste à quatre acteurs malgré la fusion de Wind et Three conditionné par l’arrivée d’Iliad. En France, le rapprochement de Bouygues Telecom et Orange a échoué l’an dernier (indépendamment de la stratégie concurrentielle de la Commission européenne). Dans ces conditions, « comment stimuler l’investissement des opérateurs dans la fibre et la 5G sans remettre en cause les principes de la concurrence ? Comment conserver le cap d’un marché unique (renforcement de la coordination du BEREC et de la gestion harmonisée du spectre) ? », s’interroge l’Idate. Réponse au cours des prochaines années.


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