Le président du CNRS a démissionné: rien ne va plus…

La rénovation du CNRS se déroule dans la douleur ! A la suite de dissensions dans la direction bicéphale du mastodonte, le président Bernard Meunier, récemment nommé, vient de remettre sa démission. La position du directeur général Bernard Larrouturou n’est guère plus enviable?

Placé à la tête du CNRS en octobre 2004, Bernard Meunier vient de remettre sa démission à François Goulard, ministre de la Recherche.

L’issue semblait inévitable, tant les dissensions au sein de la tête bicéphale du dinosaure s’affichaient de plus en plus ouvertement. Bernard Meunier évoque « une réticulation administrative excessive » et insiste sur la nécessité d' »alléger notre gestion de la recherche« . Monstre d’immobilisme, victime d’embonpoint, soumis au clientélisme et au mandarinat, adepte du corporatisme, le CNRS s’est engagé du bout des pieds dans sa réforme structurelle. Celle-ci avait pourtant été adoptée avec l’adhésion du conseil d’administration. Mais cette réforme soufre d’unr lacune : elle a été engagée par Bernard Larrouturou, son directeur général depuis août 2003, avant que ne soit présenté le projet de loi sur la réforme de la Recherche. Et avant l’arrivée de Bernard Meunier. Il est reproché à Bernard Larrouturou de faire ‘cavalier seul’, mais peut-il évoluer autrement ? Affrontement de personnalités à la tête du CNRS, conflit probable d’autorité avec le ministère de tutelle, la position de Bernard Larrouturou est pour le moins difficile et fragile. Et la démission du président ne fera que maintenir le mastodonte dans une nouvelle crise. Car la tentation sera grande pour le gouvernement de reprendre le contrôle de la rénovation du CNRS. Il pourra légitimement faire valoir que l’heure est venue d’une reprise en main dans le cadre de la nouvelle ANR (Agence nationale pour la recherche), une perspective qui serait loin de satisfaire certains mandarins? Qui prendra la place de Bernard Meunier ? Un nom est régulièrement cité, Catherine Bréchignac, ancienne directrice du CNRS de 1997 à 2000. Mais elle vient d’être élue présidente du Conseil international pour la science (CIUS, ou ICSU)… De cette nomination doit sortir un signe fort. Faute de quoi, on risque de maintenir une situation de crise voire de pourrissement qui sera préjudiciable à une nécessaire remise en route.