Le stock d’adresses IPv4 bientôt épuisé

Les toutes dernières adresses IPv4 auront été distribuées avant la fin de l’année. Le basculement vers l’IPv6 est inévitable. Si quelques acteurs s’y préparent, il reste beaucoup à faire face à l’urgence de la situation.

Cette fois c’est sûr, le stock des dernières adresses IPv4 disponibles est proche de l’épuisement total. Le mois de février 2011 marquera peut-être un tournant symbolique dans l’histoire d’Internet. Concrètement, l’Iana, organisme dépendant de l’Icann qui gère l’adressage au niveau mondial a distribué, le 1er février, l’un des derniers « blocs » d’adresses IPv4 au registre régional Apnic, qui couvre la zone Océanie-Asie, rapporte ITespresso.fr. Selon un tweet de l’Iana, il ne reste plus que 5 blocs d’adresses disponibles (1 bloc = 16 millions d’IP), lesquels seront attribués à chaque registre régional (RIR) dans les semaines à venir.

Si la pénurie d’adresses IPv4 venait vraiment à se faire ressentir, cela se traduirait par l’incapacité des registres régionaux à fournir des plages supplémentaires aux membres qui en font la demande. Les conséquences techniques et économiques pour l’essor d’Internet (et des activités qui en découlent) seraient potentiellement importantes. Cela renforce d’autant plus l’idée d’adopter rapidement IPv6, remplaçant d’IPv4, dont la mise en place a déjà été longtemps repoussée. Une situation qui a conduit les grands acteurs du Net (Google, Facebook, Yahoo, ISOC…) à lancer une l’initiative World IPv6 Day afin de sensibiliser les acteurs et opérateurs de la planète à accélérer l’inévitable transition vers IPv6. Pour l’heure, les spécialistes se bornent à ne pas créer de panique. Juste à rappeler qu’il est urgent que les DSI anticipent avec l’aide de leurs fournisseurs, une éventuelle situation de pénurie. Rappelons que l’IPv6 donnera accès à un nombre quasi infini (2ˆ128) d’adresse IP alors que les 4,3 milliards d’adresse IPv4 arrivent au bout de leur capacité.

Un message reçu par nombre d’intéressés. En Europe et notamment en France mais aussi aux États-Unis, les initiatives éparses arrivent progressivement. En France, le fournisseur d’accès entreprise Nerim est « IPv6 ready » depuis 2002 et a récemment sonné l’alarme. Free propose également d’activer IPv6 en zone dégroupée mais la qualité de l’accès laisse à désirer. Enfin, plus récemment, Orange a annoncé qu’il allait rendre ses box compatibles avec IPv6 pour permettre un accès natif en 2013.

Comcast premier à offrir l’IPv6 aux Etats-Unis

Outre-Atlantique, le câblo-opérateur Comcast a annoncé la mise en service des premiers accès compatibles IPv6. Dans les faits, les clients bénéficient d’un équipement câblé compatible avec la norme DOCSIS 3 qui offre un support natif des protocoles IPv6 et IPv4. Les utilisateurs peuvent donc naviguer sur un site accessible en IPv4 comme en IPv6 de façon transparente. De cette façon, il n’y a plus besoin d’un mécanisme de NAT (translation d’adresse) ou de tunnel, pouvant potentiellement avoir un impact sur les performances. « Nous sommes ravis d’être les premiers en Amérique du Nord à offrir une double pile native dans un environnement réseau DOCSIS 3 de production », a commenté dans son blog, John Brzozowski, ingénieur réseaux de Comcast en charge du déploiement d’IPv6.

Au total, une vingtaine de clients – sur les dizaines de millions que compte Comcast – basés dans le Colorado, peuvent désormais utiliser la connectivité IPv6 native grâce à un modem Arris et bénéficient en outre de leur propre bloc d’adresses IP. Une mise à niveau progressive de l’ensemble du réseau de l’opérateur, incluant nécessairement la mise à niveau des équipements des clients, devrait débuter dans les mois à venir. « Il s’agit d’une étape décisive pour les câblo-opérateurs comme Comcast, pour la technologie DOCSIS, et la communauté Internet dans son ensemble », a ajouté John Brzozowski. L’arrivée d’IPv6 prévue depuis plus d’une décennie se concrétisera-t-elle en 2011?