Leçon de e-administration en Bretagne

Le développement de la e-administration passe par l’échange. Et ce, dans un cadre européen. C’est la leçon des rencontres du net public breton

« Le développement de l’e-administration : quel modèle français et sa contribution à un modèle européen« . Lors des rencontres du net public Breton, qui se sont tenues le 24 octobre à l’Océanopolis de Brest, la conférence d’ouverture, a illustré la démarche dont les organisateurs de l’évènement, la région Bretagne, le conseil général du Finistère, métropole Océane, la ville de Brest, la conférence des villes de Bretagne et Mégalis, se font les promoteurs : mutualisation des expériences et partage des ressources.

Louis-François Fléri, chef de projet e-Bourgogne a tiré les leçons dont la région a monté le projet de plate-forme électronique, notamment dédié aux marchés publics. « Pour bâtir le cahier des charges, nous avons fait appel aux acheteurs eux-mêmes » a-t-il expliqué. Et ce sont ces mêmes acheteurs qui ont assuré la formation de leurs semblables, pour assurer la prise en main de l’outil, au cours de 2.200 journées. Car l’objectif était de convaincre les petites communes. A présent, l’outil regroupe les commandes de 1.309 entités publiques (départements, villes, hôpitaux, offices HLM…), pour 10.000 entreprises inscrites, dont le tiers est basé dans la région. « Ce nouveau système a fait économiser environ 8 millions d’euros et 8 millions de feuilles de papier, mais surtout, il professionnalise l’achat » a conclu Louis-François Fléri.

Cette réalisation bourguignonne, opérationnelle depuis janvier 2005, a bénéficié à la Bretagne. C’est ce qu’a expliqué Céline Faivre, directrice du syndicat mixte Mégalis Bretagne. « Nous nous sommes tournés vers l’équipe de Bourgogne pour rédiger notre cahier des charges, même si nous l’avons adapté aux spécificités des acheteurs bretons« , a-t-elle précisé. Et, surtout, en choisissant le même prestataire, qui avait développé l’outil sur la base de logiciels libres, le syndicat n’a du payer que 500.000 euros, contre 4,4 millions pour la Bourgogne. La plate-forme bretonne, opérationnelle depuis janvier, propose une salle de marchés publics, ainsi qu’un service de dématérialisation des actes de contrôle de légalité. « En 2008, 40 entreprises vont tester cette salle des marchés » a exposé Jean-Luc le Jaoën, chargé de mission auprès de la chambre régionale des métiers et de l’artisanat de Bretagne. D’après une étude menée pour la chambre, en effet, les efforts à faire sont grands : 29% des entreprises bretonnes ne sont pas informatisées, et 27% le sont, mais sans connexion internet.

L’Europe des échanges

Dans les collectivités, les réflexions communes se poursuivent sur les formes que doit prendre l’administration.

« Mégalis et la région Bourgogne, font partie du groupe de travail monté dans le cadre du projet européen « procure » aux cotés notamment de la Guadeloupe, d’une région suédoise et de la Catalogne » a expliqué Hyancinthe Charrier, manager secteur public de Sopra group, qui les accompagne. Le consultant s’efforce d’identifier « peut être pas le modèle, mais un modèle de concentrateur local qui réunit des entités publiques indépendantes, définit un ensemble de règles de gouvernance en prenant en charge la maîtrise d’ouvrage et produisant une solution partagée« . C’est le cas, par exemple, du consortium créé en Catalogne. « 73% des 960 communes de Catalogne y sont actives« , a expliqué Josep Lluis Rodriguez , expert en politique de modernisation, auprès de la Generalitat de la région espagnole. « Nous avons mis en place cette entité d’une cinquantaine de personnes en 2000. Nous développons des services pour les collectivités ».

Pour conclure, « Les administrations des pays européens doivent veiller à être interopérables, car elles sont amenée à avoir de plus en plus d’interactions » a souligné Jean Jacques Léandri, conseiller pour l’administration électronique au sein de la DGME, direction générale pour la modernisation de l’Etat. Un argument de plus en faveur du partage d’expériences.