Les ambitions d’Ingenico aux Etats-Unis stoppées par la justice

Du rififi dans le nuage entre Amazon et Google

La conquête du marché américain des terminaux de paiement ne passera pas Hypercom pour Ingenico. La justice américaine stoppe la transaction qui devait mener le français à 25 % des parts du marché local.

Il n’y a pas que DSK qui voit ses plans contrecarrés par une offensive américaine (lire l’actualité de notre confrère ITespresso.fr), Ingenico aussi. L’entreprise française de terminaux de paiement pourraient voire ses ambitions américaines remises à plat suite à une initiative du ministère de la justice locale, le DoJ (Department of Justice).

Les autorités viennent en effet d’engager une action judiciaire pour stopper le rachat d’Hypercom par son compatriote Verifone, révèlent Les Echos (16/05/2011). Cette décision, plutôt rare, vise à prévenir le risque de duopole des terminaux de paiement sur le sol américain. En effet, à travers l’opération de rachat, le marché aurait été partagé entre Verifone et Ingenico. Ce dernier devait en effet s’emparer des activités solutions de paiement électronique d’Hypercom, ce qui lui aurait permis d’accélérer le développement de ses activités aux Etats-Unis où l’entreprise française réalise 7 % de son chiffre d’affaires. Paradoxalement, Verifone acceptait de céder cette activité à son concurrent pour contenter les autorités de la concurrence. Pas celles de la Justice, visiblement. Faut-il également y voir une réponse au refus de l’OPA de l’américain Danaher sur Ingenico par l’Etat français fin 2010?

Le DoJ craint en effet que la nouvelle situation de duopole bloque l’entrée de concurrents sur le marché. Pourtant, fort des actifs d’Hypercom, Ingenico n’aurait détenu « que » 25 % du marché des terminaux de paiement contre près de 60 % pour Verifone. Surtout, la transaction constituait une bonne opportunité pour Ingenico de conquérir les réseaux des petits commerçants auprès de qui les produits de l’entreprise française sont quasi absents. Plus dommageable, alors que l’annulation ferme et définitive du dépeçage d’Hypercom n’est pas (encore) validée par le DoJ, Ingenico a prévenu qu’elle ne pourrait probablement pas finaliser la transaction qu’elle espérait voire bouclée pour le 15 juin.

Ingenico n’abandonne évidemment pas le marché américain pour autant. Le français bénéficie notamment du soutien de Google dans le cadre des expérimentations menées par Mountain View dans le développement des systèmes de paiement sans contact par mobiles (NFC). Mais l’abandon des vues d’Ingenico sur Hypercom pourrait faire un heureux. Le concurrent californien Vivotech a exprimé, toujours selon le quotidien économique, son intérêt pour acquérir les actifs d’Hypercom dans la limite des 54 millions de dollars initialement signés avec Ingenico. Le malheur des uns…