L’Europe met en garde contre le cybercrime? sérieux ?

Le Conseil de l’Europe, réuni à Strasbourg, rappelle à l’ordre les gouvernements du monde pour ratifier massivement la Convention Cybercrime de 2001, et limiter la vulnérabilité d’Internet aux attaques terroristes et de hackers?

Voilà qui fait toujours plaisir: constater qu’il existe à l’international des outils pour lutter contre le cybercrime, mais que leur application se heurte à la simple volonté politique de les mettre en application.

La Convention Cybercrime de 2001, par exemple, est le premier Traité international de lutte contre le crime Internet, signé à l’origine par 30 pays, dont l’Afrique du Sud, le Canada, les Etats-Unis et le Japon, ainsi que les pays membres du Conseil de l’europe, (45 Etats aujourd’hui). Mais combien de nations l’ont ratifié ? Mauvaise surprise, le Traité n’a été ratifié en juillet que par huit pays : Albanie, Croatie, Estonie, Hongrie, Lituanie, Macédoine, Roumanie et Slovaquie. Autant dire une goutte d’eau dans la lutte contre le crime en ligne, et un passage obligé pour ces pays de l’Est pressés de rejoindre l’Europe ! Certains experts objecteront que l’évolution rapide du Net rend les mesures inefficaces en moins de temps qu’il n’en faut pour promulguer une loi. Certes, mais à trop tarder, n’est-il pas préférable de disposer d’un minimum juridique plutôt que de laisser le crime organisé s’installer sur Internet ? Il n’est pas un politique qui ne se félicite de la pénétration du Web et, en corollaire, pas un qui ne condamne les dérives des médias en ligne. Mais lorsqu’il s’agit d’agir de concert contre un phénomène mafieux qui nous concerne tous, pourquoi les gouvernements traînent-ils ainsi des pieds ? Le crime est finalement autrement organisé que les nations du monde, et peut tranquillement s’épanouir à l’ombre du Net, au détriment des internautes, des entreprises, et des gouvernements qui le condamnent mais ne profitent pas du semblant de moyens de lutte qu’ils ont pourtant appelé de leurs v?ux. Le Conseil européen rappel quelques chiffres sur le cybercrime

– En trois ans, le nombre d’internautes a doublé ; – La pornographie pédophile sur Internet est une industrie au chiffre d’affaires de 20 milliards de dollars et qui représenterait 24% des images échangées sur les réseaux

peer to peer ; – Le ‘phishing’ (capture pirate de codes bancaires ou numéros de cartes de crédit..) se multiplie et menace les cartes bancaires ; – Le nombre des sites Web qui font la promotion du racisme, de la haine et de la violence a augmenté de 300% depuis 2001, et s’ils sont hébergés majoritairement aux Etats-Unis, la plupart sont originaires d’Europe ; – 20% des grandes entreprises américaines auront subi des attaques, tentatives de sabotage et d’extorsion en ligne en 2004 ; – En Allemagne, le crime Internet ne représente que 1,3% des crimes enregistrés, mais 57% des 8,3 milliards d’euros de dégâts occasionnés par tous les crimes ; – Le crime en ligne est de plus en plus ‘organisé’ et envahit le cyberespace. En avril en Europe, la contrefaçon, le piratage et les échanges illégaux de logiciels, CD et DVD ont représenté 61,3 millions de dollars. Et ces chiffres ne suffisent pas à convaincre nos politiques d’agir !