Livres: l’Europe appuie l’offensive anti-Google

Les dirigeants de cinq pays européens ont écrit au président de l’Union, et à celui de la Commission européenne, afin d’accélérer la mise en oeuvre du projet de bibliothèque numérique européenne. Un réveil tardif

Décidément, les projets de Google en matière de numérisation de millions d’ouvrages font peur aux européens. Un jour après que 19 bibliothèques nationales européennes aient décidé de mettre en place une initiative similaire afin d’empêcher cette main mise sur la culture par le géant américain, les gouvernements de six pays ont annoncé soutenir ce projet.

Dans un courrier adressé au président de l’Union et à celui de la Commission européenne, les présidents français et polonais Jacques Chirac et Aleksander Kwasniewski, le chancelier allemand Gerhard Schröder, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi, le Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany et le président du gouvernement espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero appellent à une « action concertée » en vue de la mise à disposition sur internet du patrimoine culturel européen. « Nous souhaitons prendre appui sur les actions de numérisation déjà engagées par nombre de bibliothèques européennes pour les mettre en réseau et constituer ainsi une action concertée de mise à disposition large et organisée de notre patrimoine culturel et scientifique sur les réseaux informatiques mondiaux », écrivent-ils. Les dirigeants demandent que ce projet fasse l’objet « à brève échéance » d’un débat entre les ministres de la Culture et de la Recherche des Vingt-Cinq, « à la lumière d’une première communication de la Commission et des témoignages et propositions que pourraient soumettre les Etats dont les institutions compétentes sont d’ores et déjà engagées dans cette direction ». L’Europe se réveille donc. Un peu tard. Le projet de Google de numériser 15 millions d’ouvrages provenant de sept bibliothèques, dont celles de l’Université du Michigan, de Harvard et la New York Public Library est sur les rails et les premiers titres devraient être disponibles dès la fin de l’année. Pour autant, il faut savoir que pour le moment, chaque pays européen travaille dans son coin. La France consacre déjà environ 15 millions d’euros par an à la numérisation des oeuvres (films, livres, journaux, etc.).