Logiciel : Adobe tire un trait sur ses audits de licence

Selon un analyste du Gartner, Adobe va arrêter ses audits de licences chez ses clients. Et le phénomène est appelé à s’étendre à d’autres éditeurs, selon lui.

Adobe a arrêté de pratiquer des audits de licences dans la plupart des régions du monde, selon Stephen White, directeur de la recherche de Gartner. Dans un billet de blog, le consultant explique : « Ces programmes ont été arrêtés en Amérique du Nord, au Japon et en Amérique Latine dès novembre 2015. La fermeture du programme européen est en cours. L’éditeur assure qu’il ne maintiendra son système d’audit et de conformité que sur certains marchés de la zone Asie/Pacifique. »

Jusqu’à récemment, Adobe faisait partie des 5 éditeurs les plus actifs en matière d’audits de licences, selon les études de Gartner. Rappelons que ces audits visent à vérifier que les déploiements de logiciels au sein des entreprises utilisatrices sont bien conformes aux termes des contrats passés par ces dernières avec les éditeurs. Sauf que la complexité des modèles de licences rend les dérapages souvent inévitables pour les entreprises. Pour les éditeurs, ces écarts sont l’occasion de facturer leurs clients pour les dépassements ou, plus souvent, de lancer une négociation pour pousser ces derniers à acheter une solution complémentaire.

Etre monitoré plutôt qu’audité

« La fin du programme d’Adobe en matière d’audit et de conformité ne fait pas figure de surprise totale, du fait de la conversion rapide de l’entreprise au modèle Saas par souscription et de l’implémentation de services de monitoring dont Adobe Genuine Software Integrity Service (services de détection de logiciels contrefaits, NDLR) », écrit Stephen White. Bref, la fin des audits ne signifie pas que l’éditeur entend renoncer à ses droits en cas d’usages dépassant les clauses contractuelles. Simplement, il mise désormais plutôt sur des outils de suivi de la consommation et non plus sur des audits ponctuels. Le consultant de Gartner souligne ainsi que, lors de la signature de contrats avec Adobe – tant dans le Saas, qu’en mode classique -, les DSI doivent accepter le fait que le logiciel inclut des mécanismes permettant de suivre l’allocation de licences et les déploiements, permettant ainsi de déclencher l’émission de factures en cas de dépassement.

Interrogé par nos confrères de The Register, Adobe s’est refusé à confirmer l’arrêt du programme d’audit. Le directeur de la recherche du Gartner explique, lui, que l’information lui a été fournie par un partenaire de l’éditeur, avant de lui être confirmée par ce dernier.

Ne pas baisser la garde sur le SAM

Selon Stephen White, la décision d’Adobe pourrait être le prélude à un mouvement plus général dans l’industrie du logiciel, engagée dans sa transformation vers le modèle Saas pour lequel l’audit ne présente plus d’intérêt. Une tendance qui sera accueillie avec soulagement par les DSI qui, depuis plusieurs années, se plaignent des pratiques agressives des éditeurs en matière d’audit et de licensing.

Face à ces pratiques, les directions informatiques des grandes entreprises ont souvent mis en place des équipes dédiées à la gestion des actifs logiciels (SAM pour Software Asset Management). Même si la pression des éditeurs serait donc appelée à se relâcher, Stephen White encourage les DSI à ne pas baisser la garde sur le SAM. Et milite pour que ces équipes se focalisent à l’avenir sur les achats en mode Saas, afin de contrôler la pertinence de ces dépenses. On serait aussi tenté d’ajouter que, à la lumière des récents contentieux autour des audits de licences (notamment avec Oracle et, tout récemment, avec SAP), baisser la garde sur la gestion des actifs logiciels apparaît plus que prématuré pour les DSI.

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