La longue marche de Microsoft pour imposer Windows 10 au marché

Entre bugs en série, mises à jour quasi forcées, données personnelles surexploitées et pratiques concurrentielles discutables, Windows 10 aura été à la hauteur de la réputation de Microsoft en 2016.

Spécial Bilan 2016. L’année en passe de s’achever aura été la première année « pleine » pour Windows 10. Et celle de son premier anniversaire. L’éditeur de Redmond s’en est d’ailleurs félicité en affublant son système d’exploitation du nom de code Anniversary pour qualifier la nouvelle version du système. Mise à niveau qui, comme souvent avec la sortie d’un OS de Microsoft, n’a pas manqué de se distinguer par… son lot de bugs. De l’installation interminable à la réinitialisation de certains pilotes de périphériques en passant par la remise à zéro des paramètres de confidentialité, la fête a viré au cauchemar pour certains utilisateurs.

Un coup, c’est un redémarrage système sans fin qui pourrit la vie des clients. Une autre fois, ces derniers se voient privés de Wifi. Des bugs pénalisants que Microsoft parvient à corriger plus ou moins rapidement. Qu’il s’agisse de problématiques de réseau ou de stockage SSD. En revanche, que ça plaise ou non, certaines fonctionnalités deviennent difficiles à désactiver. Cortana en premier lieu. Ou bien l’accès au Windows Store pour les entreprises.

Bugs en série

Microsoft est d’ailleurs bien conscient des soucis récurrents de stabilité. En conséquence, Redmond n’hésite pas à prendre son temps pour valider son offre aux professionnels. Alors qu’Anniversary Update (Windows 1607) a fait ses premiers pas fin juillet, l’éditeur a attendu novembre pour valider l’exploitation de sa plate-forme en entreprise. Mais celles-ci pourraient ne pas être au bout de leur peine. La nouvelle politique de correctifs cumulés introduite avec Windows 10 rend les mises à jour indigestes. Il faudra attendre la prochaine version – Creators en 2017 – pour espérer bénéficier d’une cure d’amaigrissement. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Microsoft s’appuie sur la bande passante des utilisateurs pour distribuer ses mises à jour en surpoids. Encore faut-il parvenir à les installer.

Les bugs en série ne constituent pas la seule tare de l’OS. Les méthodes pour favoriser les produits maison sur son environnement font également polémique. Quand l’éditeur n’hésite pas à dénigrer la sécurité de Chrome ou Firefox, il tente carrément d’évincer les concurrents lors des mises à jour de Windows. Notamment les antivirus. Ce que Kaspersky ne s’est pas privé de dénoncer.

Mise à jour forcée et données exploitées

Mais la plus grosse polémique soulevée par Windows 10 est peut-être celle relative à l’exploitation pas nécessairement très claire que fait Redmond des données utilisateurs. Une exploitation à haute fréquence puisque Windows 10 aspire les données toutes les 5 minutes. Radicale, l’Electronic Frontier Foundation estime que l’OS viole les libertés individuelles. Notre Cnil française a également épinglé Windows 10 sur la collecte des données. Message reçu par Microsoft, qui promet de revoir sa copie… prochainement.

D’autant que Redmond avait également tendance à forcer la migration de Windows 7 vers Windows 10. Ce qui lui a valu une pétition aux Etats-Unis et un froncement de sourcils en Chine. Bref, l’éditeur a passé la moitié de l’année à inciter, souvent lourdement, les utilisateurs à migrer vers Windows 10. Y compris les entreprises.

Un avenir sous ARM

Car Microsoft ambitionne d’équiper 1 milliard d’appareils avec Windows 10 en 2018. Des PC, certes, mais aussi des tablettes, des smartphones ou des consoles de jeux. Avec 400 millions de références officielles recensées en septembre dernier, on en reste encore loin. Début décembre, Windows 10 occupait moins d’un quart du marché des OS desktop. Même si, en France, il est devenu l’OS desktop le plus utilisé.

Windows 10 pourrait néanmoins construire une partie de son avenir sur l’architecture ARM. Microsoft entend visiblement permettre aux applications Windows 10 de s’exécuter depuis un smartphone dans le cadre du service Continuum (où l’appareil mobile sert d’unité centrale en quelque sorte). Mais aussi potentiellement sur un PC, ou un serveur, équipé de processeurs ARM. La démonstration que l’éditeur en a faite à partir de la plate-forme Qualcomm Snapdragon 820 était assez éloquente. En retour, Qualcomm a bien l’intention d’investir le marché des serveurs, aujourd’hui sous la coupe d’Intel, avec ses composants ARM. Avec Microsoft comme partenaire stratégique ? Réponse possible avec Creators Update attendu en 2017.


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