Michel Paulin quitte SFR : pour quelle(s) raison(s) ?

SFR Business Michel Paulin

A peine plus d’un an après son entrée chez SFR, Michel Paulin quitte ses fonctions de directeur général délégué. Officiellement pour des « raisons personnelles ». Mais le contexte est tendu.

SFR vient de perdre un de ses piliers. Moins de 18 mois après sa nomination en janvier 2016 et à peine plus d’un an après son arrivée effective en mai, Michel Paulin dépose les armes, confirme aujourd’hui l’opérateur après la révélation des Echos vendredi soir.

Il quitte ses fonctions de directeur général délégué pour « des raisons personnelles », vient d’indiquer SFR dans un communiqué.

Lequel ajoute que Michel Paulin « regrette de mettre un terme à sa participation dans cette magnifique aventure industrielle, certainement la plus ambitieuse et élaborée du secteur des télécoms et des médias en Europe ». Mais sans préciser les raisons effectives de son départ.

L’ancien directeur général de Neuf Cegetel avalé par SFR sous l’ère Vivendi était « revenu » chez SFR à l’ère Altice.  Avec la mission de poursuivre la stratégie de « transformation » de l’opérateur.

Polémique sur le 100% fibre

Transformation qui visait notamment à restructurer l’entreprise, au prix fort sur les emplois (un plan social est en cours jusqu’en juillet 2019 et devrait entrainer le départ de 5000 personnes sur 15 000 environ), rattraper son retard sur la couverture mobile 4G (ce qui a été fait en début d’année), préparer l’arrivée de la 5G, dynamiser le marché de l’entreprise et accélérer le déploiement de la fibre avec une stratégie visant à couvrir 100% du territoire en fonds propres.

Ce dernier chantier a fait l’objet de polémiques, nombre d’acteurs mettaient en doute cette capacité estimant que le futur Altice France n’aurait pas les moyens de mener à bien ses ambitions et qu’il ne s’agissait d’une opération de communication.

Pour Etienne Dugas, président de la Firip (Fédération des industriels des réseaux d’initiative publique), le directeur général de SFR est parti pour cause de désaccord avec la politique du groupe autour de la fibre.

« Michel Paulin ne pouvait pas cautionner un tel mensonge », écrit-il sur Twitter.

Reconquête difficile du marché

Mais c’est peut-être la difficulté pour l’opérateur à reconquérir les utilisateurs qui a poussé le dirigeant à jeter l’éponge.

Si, au deuxième trimestre, SFR a réussi à colmater les fuites, et même à regagner des clients (14,58 millions dans le mobile au 30 juin 2017 contre 14,56 un an plus tôt, et 6,2 millions dans le fixe contre 6 précédemment), le groupe accuse une perte de plus de 2 millions d’utilisateurs depuis l’arrivée du nouvel actionnaire Patrick Drahi.

Peut-être est-ce cette trop lente reconquête d’un marché à quatre acteurs qui a poussé Michel Paulin vers la sortie.

Pour l’heure, aucun nom extérieur n’est annoncé pour reprendre le poste laissé vacant. Michel Combes, P-DG de SFR Group, et directeur général d’Altice, le remplace à la volée.

Il « poursuivra, avec le Comité Exécutif de SFR et l’appui du Groupe Altice, la transformation de l’entreprise et le rétablissement de la performance opérationnelle de SFR », indique l’opérateur.

Michel Combes entend notamment poursuivre la convergence des actifs télécoms et médias en vue de la prise de contrôle de NextRadioTV. Il en a confié la mission à Alain Weill, directeur général des activités Media d’Altice et directeur général de SFR Media.

Armando Pereira : futur directeur général ?

Une stratégie qui nécessite peut-être, là encore, une nouvelle direction. Selon Les Echos, Armando Pereira, associé historique de Patrick Drahi dans l’aventure Altice, pourrait succéder à Michel Paulin.

Plutôt discret, ce manager est pourtant un pilier du groupe, pouvait-on lire dans un portrait publié par Challenges remontant à février 2016.

Armando Pereira mettrait notamment sur pieds la création de Altice Infrastructures, la filiale en charge du déploiement de la fibre, qui regrouperait une partie des équipes réseau de SFR aux dépens, une fois de plus, de sa masse salariale.

Une nouvelle réduction des compétences internes que n’aurait pas appréciée Michel Paulin.


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