Microsoft SQL Server 2016 : une base de données extensible sur le Cloud

La nouvelle mouture de la base de données de Microsoft, SQL Server 2016, débarque avec des fonctions pensées pour le Cloud : chiffrement intégral des bases et surtout extension des traitements sur Azure.

Annoncée il y a trois semaines lors de l’événement Ignite, la nouvelle mouture de la base de données de Microsoft, SQL Server 2016, est désormais disponible dans sa première version publique, dénommée Community Technology Preview (CTP2). La base de données est, au fil des ans, devenue un produit clef dans la stratégie de Microsoft. Comme l’expliquait Damien Cudel, chef de marché plate-forme applicative chez Microsoft France dans un entretien avec la rédaction il y a quelques semaines, il s’agit là de la quatrième ligne de revenus du premier éditeur mondial depuis quelques années. « Et le produit qui a le plus contribué à la croissance de Microsoft ces trois dernières années », selon lui. SQL Server représente un chiffre d’affaires annuel de plus de 6 milliards de dollars pour l’éditeur.

Selon Damien Cudel, l’investissement de Microsoft dans ce produit se concentre sur trois priorités : renforcer les fonctions permettant de supporter les applications critiques, fournir des capacités clef en main d’exploitation de la donnée et exploiter les capacités de croissance des volumes qu’offre le Cloud. Les principales nouveautés de SQL Server 2016 illustrent bien la priorité donnée à ces trois axes de développement.

Requêtes chiffrées pour bases chiffrées

always encryptedAinsi, Always Encrypted, technologie développée par Microsoft Research (schéma ci-contre), permet de généraliser le cryptage et de réaliser des opérations sur des données chiffrées. Les clefs sont stockées dans les applications, « ce qui minimise les changements à opérer aux applications existantes », assure Microsoft dans un billet de blog. Pour la version Cloud, l’éditeur propose une fonction appelée Transparent Query Encryption, qui permet de crypter les requêtes quand elles quittent l’entreprise et d’interroger une base de données elle-même chiffrée. Un dispositif de sécurité qui permet, selon Microsoft, de manipuler des données sensibles sans que celles-ci soient accessibles à un moment ou à un autre à un administrateur système ou de base de données. « Nous réduisons ainsi la surface d’attaque et le nombre de personnes ayant accès aux données », résume Bala Neerumalla, ingénieur logiciel sur SQL Server.

Du côté des fonctions analytiques, Microsoft intègre le langage de programmation R, en vogue auprès des statisticiens (Lire « Analytique Big Data : R sera intégré en standard au sein de SQL Server 2016 ») ainsi que PolyBase, outil « qui permet de faire la jonction entre le monde SQL et le monde Hadoop », assure Damien Cudel. Surtout, Microsoft insiste sur le rapprochement entre ses technologies In-Memory OLTP (transactionnel) et son entrepôt de gestion des index en colonnes et en mémoire (analytique). Si cette intégration s’inscrit bien dans la continuité des versions précédentes (notamment de la version 2014), elle ouvre la voie à des applications analytiques temps réel au sein de SQL Server 2016, notamment en faisant disparaître les processus ETL. L’approche rappelle celle de SAP Hana, qui en plaçant toutes les données en mémoire permet de fusionner applications transactionnelles et analytiques. « Mais l’approche de SAP est de type tout ou rien. Au sein de SQL Server, on peut se contenter de placer les 2 ou 3 tables les plus sollicitées en mémoire. On dégage alors 90 % des gains qu’aurait amenés un transfert total en mémoire pour un investissement modéré en infrastructures », résume Damien Cudel.

Déporter les données ‘froides’ dans le Cloud

Stretch TableMais, finalement, la plus grande originalité de cette mouture 2016 de SQL Server est à rechercher du côté de l’exploitation des capacités du Cloud, un domaine où Microsoft fait là aussi partie des acteurs leaders avec Azure. La fonction Stretch Database permet d’utiliser les capacités de montée en charge d’Azure pour ‘étendre’ une base de données sur le Cloud (ci-contre). Par exemple en y logeant les données ‘froides’, celles qui sont le moins appelées par les applications. Une façon de profiter des coûts très bas du Cloud et de décharger les infrastructures internes des données peu utilisées au quotidien. « Un changement des règles du jeu sur le plan économique », assure Shawn Bice, l’ingénieur qui présentait la nouvelle mouture de la base de données lors d’Ignite. D’autant que la mise en œuvre de cette option se déroule sans changement applicatif, promet Microsoft, SQL Server distribuant la requête sur les tables restées on-premise et sur celles déportées sur Azure. « C’est à ce stade unique sur le marché, assure Damien Cudel. Et Stretch Table supportera le chiffrement Transparent Query Encryption ».

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