Microsoft XP Mode, le tremplin vers Windows 7

Instance virtualisée de Windows XP dans Windows 7, XP Mode assurera la compatibilité des applications Windows XP sur 7. Au risque de doubler l’administration des systèmes. Le point avec Julien Lesaicherre, chef produit Windows chez Microsoft.

L’un des principaux reproche fait à Windows Vista était l’incompatibilité matérielle et logicielle rencontrées lors des migrations depuis Windows XP. Pour éviter de renouveler l’erreur avec Windows 7 (construit sur le même noyau que Vista), Microsoft a introduit le module XP Mode (XPM). XPM est une instance virtualisée de Windows XP SP3 (un fichier image disque VHD) qui tournera dans Virtual PC 7 (probablement). L’intérêt principal de XPM sera de supporter les applications XP non compatibles au sein du futur OS de Microsoft officiellement annoncé pour début 2010. « L’objectif de XPM est de proposer une solution pour faire tourner les applications non compatibles avec Windows 7 », confirme Julien Lesaicherre, chef produit Windows 7 chez Microsoft France.

Toutes les éditions de 7 ne profiteront pas de XPM. La machine virtuelle sera uniquement livrée avec les versions Professionnelle, Enterprise et Intégrale de l’OS. Si les éditions Professionnelle et Intégrale seront disponibles en boîtes et avec les nouveaux PC, la version Enterprise s’applique aux licences en volumes à travers le programme de Software Assurance. XPM s’adresse donc principalement aux entreprises. Dommage pour les particuliers qui souhaitent éventuellement conserver leur vieux scanner interfacé en SCSI non supporté par Vista/7.

Il est encore trop tôt pour savoir si, assurées de pouvoir continuer à utiliser leurs applications vieillissantes, les entreprises basculeront sans hésitation sur Windows 7. Ce qui est sûr en revanche, c’est que XPM alourdira inévitablement la tâche de l’administrateur IT. Car derrière un environnement d’exécution apparent, ce sont bien deux systèmes d’exploitation qu’il faudra administrer. « Il faudra gérer la partie Windows XP en plus de Windows 7 », précise Julien Lesaicherre. Tant au niveau des applications (à commencer par les navigateurs) qu’au niveau de la sécurité globale des systèmes. Il faudra donc s’assurer, par exemple, de la mise à jour des deux systèmes alternativement et de leurs applications respectives.

Une configuration lourdingue dont l’éditeur a bien conscience et travaille en conséquence à sa simplification. Notamment pour les mises à jour de sécurité. « XPM est encore en version bêta et nous travaillons à rendre l’expérience la plus simple possible pour l’utilisateur à travers une version unique des mises à jour de sécurité« , explique le chef produit. « Je ne promets pas qu’on y parviendra mais nous allons essayer d’unifier tout ça. » Une bonne idée qu’on espère réalisable mais qui se limitera aux mises à jour des systèmes. Pas à celle des applications. Les solutions de sécurité (notamment) devront, elles, être gérées indépendamment selon 7 ou XP. Sans compter que cela multipliera par deux les dépenses logiciels pour un même service.

Quid du support de Windows XP dans le temps pour un système qui date de 2001? Microsoft vient d’arrêter le support sur la phase principale en avril dernier. « Cela veut dire que l’éditeur arrête le développement de nouvelles fonctionnalités de l’OS, qu’il n’y a plus d’évolution de ce côté là », explique Julien Lesaicherre, « mais les mises à jours de sécurité sont maintenues à travers la phase étendue, c’est-à-dire jusqu’en 2014. » Au-delà, en revanche, il faudra définitivement oublier Windows XP. « XPM n’est qu’une béquille pas l’avenir, c’est un pansement qui va durer un certain nombre de mois, le temps que les éditeurs trouvent le moyen de mettre à jour leur applications pour 7. »

Redmond attend beaucoup des éditeurs d’applications. Et pour qu’ils se tournent vers l’avenir, Microsoft met en œuvre un grand nombre de ressources à leur disposition. A commencer par un portail dédié à l’OS qui répercutera les applications compatibles. Julien Lesaicherre reconnaît cependant que « pour certains acteurs de niche, ça peut coincer« . Mais rappelons que la rupture du noyau entre Windows XP et Vista/7 a été faîte pour renforcer la sécurité du système. Un choix draconien indispensable à l’époque face à une plate-forme attaquée de toutes parts. En la matière, Apple avait cependant mieux réussi son coup en permettant à Mac OS X de supporter OS 9 de manière plus transparente.

XPM assurera-t-il le succès de 7 pour autant? « La compatibilité avec XP est très attendue par le marché à cause des incompatibilités des applications et drivers constatés sous 7 et Vista. » Même si ces incompatibilités sont de plus en plus résiduelles selon le responsable. « Selon les retours que nous avons de 7, il n’y a pas pléthore d’applications non compatibles. Mais il est important en termes de vision d’entreprise de réfléchir à la virtualisation et le changement d’OS ne doit plus être ressenti comme une rupture. Les technologies de virtualisation permettent d’assurer une continuité. Il s’agit de rassurer. »

Julien Lesaicherre insiste cependant pour préciser que XPM s’adresse principalement aux petites structures. « Il s’agit d’une solution non managée, donc à gérer PC par PC. » Pour les infrastructures à plusieurs centaines ou milliers de postes, « nous préconisons de se tourner vers des technologie plus professionnelles comme MED-V disponible dans le pack MDOP ». MDOP (Microsoft Desktop Optimization Pack) est un ensemble d’outils de gestion et déploiement des postes en entreprises. « Une seule image suffit à déployer X milliers de postes », justifie le responsable. MED-V (Microsoft Enterprise Desktop Virtualization) permet de vérifier la compatibilité des applications en regard de l’OS. « XPM est dérivé de la technologie MED-V« , précise Julien Lesaicherre. De quoi rassurer les derniers réticents à quitter Windows XP.