Migrer vers S/4 Hana : c’est plus simple qu’avant, promet SAP

Le premier éditeur européen pousse sa base installée à passer à S/4 Hana, sa première génération d’ERP fonctionnant uniquement sur sa base de données Hana. Même si, comme il fallait s’y attendre dans les environnements SAP, la transition demeure complexe.

Il n’est plus un événement SAP qui ne rime avec Hana. La base de données In-Memory est bien devenue l’alpha et l’oméga de la stratégie du premier éditeur européen, comme l’a confirmé la dernière édition de Sapphire, le grand événement annuel de SAP, qui se tenait à Orlando du 17 au 19 mai. Un virage symbolise à lui seul l’importance prise par cette technologie : la migration de l’ERP vers Hana, au travers d’une nouvelle version, baptisée S/4 Hana. Une version qui supplante la précédente génération (connue sous l’appellation ECC 6) et qui ne tourne que sur l’architecture In-Memory de SAP. Exit donc les bases Oracle, mais aussi Microsoft SQL Server ou IBM DB2.

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Hasso Plattner sur scène lors de Sapphire 2016.

Pas étonnant donc que la délicate tâche consistant à rassurer la base installée sur la pertinence et la simplicité de cette migration soit confiée à celui qui reste la figure tutélaire de la société fondée au début des années 70 par d’anciens ingénieurs IBM : Hasso Plattner, le président du conseil de surveillance. « L’architecture de Hana, ses bénéfices sont aujourd’hui bien compris, se réjouit celui qui, via les financements de son institut à l’université de Postdam, peut être considéré comme un des pères de cette technologie. Il n’est aujourd’hui question que de migration, du nombre de semaines nécessaires à cette transition et de comment réduire cette durée. » Et de citer le chiffre de 3 200 clients ayant déjà adopté la dernière génération d’ERP maison en 12 mois, soit bien plus que l’objectif (très modeste) que s’était initialement fixé l’éditeur (1 000 entreprises). Car, selon Plattner, cette transition offre une opportunité qui ne peut qu’intéresser les grands clients de l’éditeur : une simplification massive du code, avec une réduction du nombre de lignes de l’ordre de 40 à 50 % selon SAP. « La mouture 1511 (autrement dit de novembre 2015, NDLR) de S/4 Hana occupe environ la moitié de la taille et représente environ la moitié de la complexité de la dernière version de la précédente génération d’ERP (soit ECC 6.0, avec l’Enhancement Pack 8) », résume le co-fondateur du premier éditeur européen.

SAP privilégie une transition progressive

migration S4Mais, attention : si le but est alléchant, le chemin pour y parvenir reste tortueux malgré les efforts des équipes de Walldorf. D’abord la couverture fonctionnelle de S/4 Hana est loin d’être complète : sa première version se limitait aux processus financiers (avec un package appelé Simple Finance), sa seconde, sortie en novembre dernier, s’étend à la logistique (Simple Logistics). Ce qui signifie que, comme le montre le slide ci-dessus, le ‘nouveau’ code de S/4 devra cohabiter avec celui d’ECC 6.0 probablement encore assez longtemps. « Nous maintenons la compatibilité avec ECC 6.0 pour assurer une transition en douceur », justifie Plattner. Sauf que la durée de cette transition conditionne les promesses de simplification que porte S/4 Hana. Difficile en effet d’expliquer que cette génération d’ERP amène une remise à plat des environnements, si une bonne partie du code ancien demeure présent…

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Hasso Plattner : « nous devons réaligner nos priorités. »

Lors de Sapphire, SAP a d’ailleurs insisté sur sa volonté de clarifier ses plans de développement produits autour de S/4. « Nous devons réaligner nos priorités, explique ainsi Hasso Plattner. Nous devons travailler avec peut-être environ 50 entreprises clientes sur une redéfinition de nos plans de développement. » Rob Enslin, le n°2 de SAP, a, lui, promis une roadmap « avec un haut niveau de détails » pour la fin du second trimestre. Lors de Sapphire, l’éditeur allemand a sorti un premier document détaillant quelques futurs ajouts à S/4 (comme la gestion d’entrepôts attendue en 2016), mais les clients de SAP attendent davantage.

Une migration moins complexe qu’escompté

Second point clef pour la base installée : le degré d’automatisation de la migration technique. Sur scène, Hasso Plattner a tenté de gommer les inquiétudes des DSI à ce sujet, avec un processus technique qu’il estime limité à une semaine sur un système de départ de 20 millions de lignes de code. Pour ce faire, SAP aligne plusieurs outils : Maintenance Planer (pour la planification), un outil permettant de balayer la configuration métier du système de départ et du système cible (et d’identifier les éventuels modules remplacés), Readiness Check Tool (permettant d’évaluer les actions à mener sur le code spécifique) et Software Update Manager (pour minimiser l’indisponibilité, que SAP garantit limitée à un week-end). Surprise : le processus s’applique à ECC 6.0 sur Hana, mais aussi à l’ERP fonctionnant sur n’importe quelle autre base de données (comme Oracle). Les clients qui ont zappé la migration technique consistant à remplacer leur base de données classique par la technologie made in Walldorf semble donc avoir gagné une étape. Jusqu’à présent, SAP présentait le passage à Hana comme un préalable nécessaire à toute migration vers S/4.

SapphireDans ce cheminement, le passage critique se situe évidemment dans l’évaluation du code spécifique. Selon SAP, une bonne partie de celui-ci doit continuer à fonctionner dans le nouvel environnement. Bien sûr, l’éditeur explique que la migration est aussi l’occasion de supprimer des portions de code non employées par les utilisateurs. Reste les portions nécessitant des ajustements, par exemple les programmes reposant sur des agrégats (Hana les supprimant tous, les données étant directement accessibles en mémoire). « Je dois reconnaître que, si vous êtes une entreprise réalisant plusieurs milliards de dollars de chiffre d’affaires, la migration sera plus complexe qu’une simple démo sur une conférence, résume Plattner. Mais tous les retours que nous avons jusqu’à présent montrent que nos clients trouvent cette transition moins compliquée que ce qu’ils anticipaient. Les commentaires sont vraiment très différents de ceux que nous collections lors de la migration vers la Business Suite… »

Toutes les données de SAP en moins de 3 secondes

Digital Boardroom
Démonstration du Digital Boardroom.

Selon SAP, l’effort de migration serait donc raisonnable, pour un bénéfice potentiel jugé, lui, très important. « Si vous le souhaitez, vous pouvez conserver les mêmes applications qu’aujourd’hui. Mais l’opportunité de réinventer la façon dont fonctionne votre entreprise est immense », lance le co-fondateur de SAP. Et de citer ce qu’il appelle le Digital Boardroom, une série de tableaux de bord destinés à une équipe de direction (ci-contre) et permettant, sur des écrans tactiles, de bénéficier d’une vue consolidée de l’activité d’une entreprise tout en ayant la capacité de descendre dans le niveau de détails le plus fin, pour identifier la source d’un dysfonctionnement. « Avec ces technologies, nous avons bâti le système du futur, capable de recalculer toutes les données financières d’une société comme SAP en moins de 3 secondes pour sortir de nouvelles prédictions », assure Hasso Plattner.

Steve Strout, le vice-président des technologies de Sabre, un éditeur de systèmes de réservation pour l’industrie aérienne, voit lui aussi dans S/4 Hana une opportunité de simplifier l’environnement IT de sa société, utilisatrice de R/3 (la précédente génération d’ERP SAP) depuis le milieu des années 90. Et de diminuer les 16 000 centres de profits ou de coûts que compte son entreprise. « Nous avons réalisé la migration vers S/4 en six mois », assure-t-il. Celle-ci, centrée sur la finance, a permis de faire basculer des entreprises acquises vers le nouveau modèle du groupe. « En 18 mois, nous allons réaliser un replatforming complet de l’entreprise, poussé par notre département finance, poursuit Steve Strout. Par rapport aux générations R/2 ou R/3 des ERP SAP, les processus mais aussi la structure des tables de données sont plus simples. Attention, on parle toujours de très grandes tables de données et de très lourds travaux d’intégration. Mais, dans l’ensemble, la migration a été douce ; nous avons simplement connu quelques difficultés dans la réduction des centres de profits ou de coûts. »

Le Cloud pour l’intégration

Hana Cloud Platform
Le rôle de la Hana Cloud Platform selon SAP.

Pour faciliter l’intégration justement, SAP greffe à S/4 une plate-forme de développement dans le Cloud, la Hana Cloud Platform, vouée à l’extension et à l’intégration de ses environnements. Un Paas qui s’enrichit d’un gestionnaire d’API (API Business Hub) permettant de centraliser les accès à ces interfaces. La Hana Cloud Platform est désormais présentée par l’éditeur comme le « nouveau standard d’intégration pour l’ensemble des applications SAP », selon Bernd Leukert, le responsable des produits et de l’innovation de la firme de Walldorf. « Ce Paas va devenir un actif obligatoire de votre environnement si vous ne voulez pas perdre l’intégration entre les solutions », lance-t-il au public de Sapphire.

Stacey Enslin
Terence Stacey (Nestlé) et Rob Enslin (SAP)

Une assistance qui attendait précisément l’éditeur sur ce sujet, notamment en ce qui concerne l’étroitesse des liens entre l’ERP et les solutions Saas pour lesquelles SAP a dépensé des milliards de dollars ces dernières années (via notamment les rachats d’Ariba, SuccessFactors, Hybris, FieldGlass ou Concur). « Nous sommes fatigués d’avoir à intégrer les offres SAP, raille ainsi Terence Stacey, le DSI de Nestlé, un des plus grands clients de l’éditeur dans le monde (avec 143 000 utilisateurs) et qui vient de basculer sur Simple Finance. Dans ses solutions, l’éditeur doit embarquer plus rapidement les offres des entreprises qu’il a acquises. »

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