Mounir Majhoubi met la main sur la DSI de l’Etat

Le nouveau secrétaire d’Etat au numérique met la main sur la DSI de l’Etat, lui conférant ainsi un rôle d’organisateur de la transformation numérique de l’administration.

Dans un décret publié le 25 mai au Journal Officiel, le président de la République, Emmanuel Macron, et son Premier ministre, Edouard Philippe, précisent les attributions du secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Majhoubi. Placé auprès du Premier ministre, ce dernier est chargé de préparer et coordonner  la politique de transformation numérique de l’Etat, en lien avec Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics. Ce qui signifie que le jeune ministre aura la main sur une partie du secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP), en particulier sur les sujets relevant de la DSI de l’Etat (la Dinsic, direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication), du RIE (Réseau interministériel de l’Etat, un service à compétence nationale) et sur l’administrateur général des données. Ce dernier poste étant occupé par le directeur de la Dinsic, Henri Verdier. Des attributions nouvelles pour le secrétariat d’Etat au numérique. Dans le précédent gouvernement, celles-ci relevaient non pas d’Axelle Lemaire, alors logée à Bercy, mais de Thierry Mandon, le secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat.

Le nouveau périmètre dont hérite Mounir Majhoubi permet de mieux expliciter le choix d’Hélène Brisset comme directrice de cabinet. L’ex-DSI au secrétariat général des ministères chargés des affaires sociales connait en effet très bien la Dinsic, pour en avoir été la n°2 en 2015. Passée également par l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) en 2011, Hélène Brisset a par ailleurs piloté le projet du RIE, emblématique des volontés de mutualisation portées par la DSI de l’Etat.

Un œil sur l’Agence du numérique à Bercy

Un autre passage du décret contribue à donner de la substance au poste de Mounir Majhoubi. Ce dernier aura en effet un œil sur une partie de la Direction générale des entreprises, un service de Bercy. Même si cette direction reste placée sous l’autorité du ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, le secrétaire d’Etat pilotera l’Agence du numérique, une équipe de 40 personnes qui regroupe l’initiative French Tech, le plan France très haut débit ainsi que le programme société numérique (diffusion de la culture numérique). Notons que l’ex-président du Conseil national du numérique aura aussi la main, « dans la limite de ses attributions », sur la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes).

Si ces attributions renforcent le secrétariat d’Etat au numérique, le dotant d’une administration – ce qui faisait défaut à Axelle Lemaire -, le reste des attributions de Mounir Majhoubi est plus classique. Le jeune ministre devra participer « à l’élaboration du cadre juridique relatif au numérique, aux technologies d’avenir et aux plateformes, à l’échelle nationale, européenne et internationale ». Et sera chargé de participer à la mutation économique du pays sous l’impulsion des technologies, en participant à la mise en œuvre du programme des investissements d’avenir dans le domaine du numérique, en aidant à définir les politiques économiques incitatives ou en veillant « au développement des entreprises et des acteurs français du numérique ». Conjointement avec Bercy, Mounir Majhoubi est aussi chargé des « questions relatives aux communications électroniques ». Et sera enfin associé aux questions de cybersécurité ou encore d’usage du numérique dans l’éducation.

Ce volet centré sur l’économie est doublé d’une mission d’encadrement du développement des technologies. Mounir Majhoubi sera ainsi appelé à veiller « aux droits et libertés fondamentaux dans le monde numérique, à l’éthique des technologies, à l’inclusion, l’accessibilité et la médiation numériques ».

Reste à voir quel espace politique réel sera accordé à Mounir Majhoubi dans ces dossiers transversaux, où les poids lourds du gouvernement ont souvent la tentation de réduire au silence des titulaires de portefeuilles vus comme secondaires. On se souvient de la légendaire répartie du cabinet de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, quand Axelle Lemaire avait tenté de s’opposer à la généralisation du fichier TES : « On ne va pas l’appeler à chaque fois qu’on touche à un ordinateur ».

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