Le chômage des informaticiens a augmenté de 16 % en 2012

Le MUNCI dresse un bilan mitigé de l’emploi informatique en France et dénonce l’interprétation des données issues de la statistique publique par le Syntec Numérique.

Dans son bilan de l’emploi informatique rendu public le premier février, le MUNCI observe une progression de près de 16 % du chômage des informaticiens en 2012, soit une hausse supérieure à celle du chômage moyen en France (+10 %). Ainsi, les créations d’emplois dans le secteur ne suffiraient plus à inverser la courbe du chômage.

Des créations nettes d’emploi en faible hausse

Bien que le volume d’offres d’emploi pour informaticiens augmente, les créations nettes d’emploi dans le secteur progressent peu, souligne l’association d’informaticiens présidée par Régis Granarolo.

Sur les 9 premiers mois de l’année 2012, seules 4300 créations nettes d’emploi ont été enregistrées dans le domaine (source : Insee). Par conséquent, le MUNCI estime que les créations d’emploi nettes dans les activités informatiques n’auront pas dépassé les 5000 à 6000 postes en 2012.

Ce chiffre, qui resterait proche de celui enregistré en 2011, est supérieur à la prévision présentée par la chambre professionnelle Syntec Numérique au printemps dernier (3500 créations nettes prévues sur l’année), mais deux fois inférieur au chiffre communiqué récemment par son président, Guy Mamou-Mani, observe le MUNCI.

Pour l’association, le nombre de demandeurs d’emploi en informatique a été multiplié par deux depuis le début de la crise en 2008. Désormais, le taux de chômage de la profession s’établit entre 5,5 % (pour la catégorie A, celle des sans-emploi) et 6,6 % (pour les catégories A, B et C, ces deux dernières incluent les demandeurs d’emploi avec une activité réduite).

Bien que le secteur ne soit pas en situation de plein emploi, le taux de chômage dans la profession reste bien inférieur au taux de chômage moyen en France (10,5 %).

Il existe néanmoins de fortes disparités entre informaticiens. Ainsi, le taux de chômage des ingénieurs informaticiens plafonnait à 4 % en 2011, alors que celui des techniciens supérieurs en informatique était de 11 % cette même année. Par ailleurs, 60 % des demandeurs d’emploi en informatique avaient pour dernier employeur une société du secteur des activités informatiques, des SSII essentiellement.

Dans ce contexte troublé, le MUNCI table, au mieux, sur une stagnation du chômage des informaticiens en 2013, « au pire (sur) une hausse relativement modérée (max +10 %) ».

Le MUNCI s’oppose au Syntec Numérique

Parallèlement à la présentation de son bilan, le MUNCI a précisé son point de vue concernant le tableau de bord des chiffres de l’emploi informatique agrégés par le cabinet BIPE et publiés le mois dernier par le Syntec Numérique.

Le MUNCI tient à rappeler que la majeure partie des données relatives à l’emploi IT figurant dans ce tableau de bord, données accessibles sur les sites publics (DARES, ministère du Travail, Insee…), « ont été publiées ou référencées à de nombreuses reprises » sur le site web de l’association.

Par ailleurs, celle-ci déplore une présentation trompeuse de certaines données, notamment celles concernant la pyramide des âges et les salaires. Pour le Syntec Numérique, « le secteur logiciels et services informatiques est le second secteur le plus rémunérateur de ses salariés après celui de la banque/assurance ».

De son côté, le MUNCI souligne que « le secteur des activités informatiques apparait en 8e position en termes de rémunération nette (2 912 euros/mois) sur les 34 secteurs d’activité étudiés » par la Dares (source : Dares 2012-074).

L’association ajoute que, contrairement à ce que laisse entendre la fédération patronale, « la pyramide des âges de ce secteur (informatique) est beaucoup plus déséquilibrée que la pyramide des âges de l’ensemble du marché du travail avec une proportion nettement plus forte des – de 35 ans et nettement moins forte des + de 45 ans ».

Syntec Numérique n’est pas la seule entité dans la ligne mire du MUNCI. L’association dénonce également le nouveau « délire technocratique » de la Commission européenne à propos des 700.000 emplois non pourvus dans le secteur IT, « dont prétendument 40.000 à 70.000 en France ».

Le MUNCI rappelle à ce propos qu’au niveau national seuls « 0,6 % des emplois (dans leur ensemble) seraient réellement vacants, selon Eurostat », ce qui représente 60.000 emplois tous secteurs confondus.

Bien que le MUNCI regrette que la question des « pénuries de main-d’œuvre évolue au gré des Commissaires en poste, des études et des lobbies », l’association d’informaticiens apprécie que Neelie Kroes, vice présidente de la Commission en charge de la stratégie numérique de l’UE, parle « d’inadéquation entre l’offre et la demande ».


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