Municipales : le numérique devient un argument de campagne

Pratiquement tous les candidats aux municipales 2014 ont un site dédié. Si le numérique est un argument de campagne pour 60% des candidats ayant un programme en ligne, une minorité met l’accent sur des thèmes réellement innovants, comme l’Open Data et la ville intelligente.

Le numérique est présent dans la campagne et les programmes de candidats aux municipales. Mais l’appropriation de nouveaux outils reste principalement limitée aux grandes villes de France. C’est le constat que fait l’Observatoire mis en place par le Social Nextwork, réseau coordonné par le think tank Renaissance Numérique, sur la base d’une enquête en ligne menée auprès de 550 candidats dans plus de 200 villes, en amont des élections des 23 et 30 mars 2014.

Des programmes numériques, mais peu innovants

Pour 60% des candidats ayant un programme en ligne, le numérique est un argument de campagne. Cette proportion grimpe à 87% dans les villes de plus de 200 000 habitants, mais n’est plus que de 55% dans les communes de moins de 50 000 habitants. « Le numérique demeure l’apanage des grandes villes, alors qu’il devrait se démocratiser sur tout le territoire, car il permet une rationalisation des coûts », explique Godefroy Jordan, co-président du Social Nextwork et président de Starting Dot.

Autre bémol : les usages mis en avant sont rarement innovants. Sur 161 programmes en ligne qui évoquent le numérique, seuls 24 mettent l’accent sur l’ouverture des données publiques (Open Data). 15 parlent de « e-santé » et 10 de ville intelligente (Smart City), comme le font les deux rivales pour la mairie de Paris (lire : Paris du numérique : le match NKM – Anne Hidalgo) et d’autres candidats, de Marseille à Lille. « Ces thèmes sont pourtant le cœur de la compétitivité et de l’innovation de demain. Ils sont des leviers économiques et permettent une gestion plus moderne de la ville, de ses services ou de sa mobilité », souligne Elisabeth Bargès, qui est à la fois co-présidente de Renaissance Numérique et responsable affaires publiques de Google.

Globalement, les services (e-administration, wifi gratuit, etc.), l’éducation (équipement des écoles et des élèves, formation…) et l’équipement (haut débit, matériel à disposition) sont les trois principaux thèmes rattachés aux usages numériques. Et ce devant l’économie (soutien à l’innovation et aux start-up).

Les outils d’une campagne 2.0

Pour convaincre les électeurs, les candidats disposent de nombreux outils, des réseaux sociaux aux applications mobiles, en plus des traditionnels meetings et de la tournée des marchés. « Par rapport à 2008, l’étape de la multi-présence a été franchie. Pratiquement tous les candidats ont aujourd’hui un site, un compte Twitter et une page Facebook », selon les termes de Pierre Guillou, fondateur du site Elus 2.0, cité par Les Échos.

Des outils de ciblage sont également utilisés, dans les grandes villes essentiellement. À Marseille, Patrick Mennucci, tête de liste du Parti socialiste, s’appuie sur NationBuilder, solution de mobilisation électorale, et les services de l’agence La Netscouade. À Paris, la candidate UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, a opté pour le logiciel cartographique français Corto et son interface web Memento. L’équipe de sa rivale socialiste, Anne Hidalgo, s’appuie sur l’outil de ciblage 50+1 et les logiciels de l’Américain Blue State Digital. Ces derniers ont été utilisés lors des campagnes présidentielles américaines de Barack Obama pour croiser un large volume de données.

Pour les municipales françaises, le coût de ces campagnes web est estimé à entre 35 000 et 50 000 euros par les équipes de NKM et de Patrick Mennucci. Reste à savoir quel sera l’impact réel de ces campagnes, notamment leur taux de transformation en bulletins de vote.


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