MVNO: Afone saisit le régulateur contre SFR

L’opérateur spécialisé dans les PME ne comprend pas pourquoi SFR ne l’accueille pas comme opérateur virtuel

Nouveau coup de chaud sur le front des MVNO, les opérateurs mobiles virtuels. Selon

Les Echos, Afone, un opérateur qui cible les petites entreprises, a saisi le régulateur des télécoms (l’Arcep) d’une plainte contre SFR. Motif du grief: la filiale de Vivendi refuse de l’accueillir en tant que MVNO. Pour rappel, un MVNO ne possède pas de réseau et loue des capacités et des minutes de communications à un opérateur traditionnel pour ensuite les revendre sous son nom. Interrogé par le quotidien, SFR confirme ce refus: « Nos capacités sont limitées à une demi-douzaine de lancements par an. Nous avons donc dit à Afone que nous ne pouvions pas les accueillir pour l’instant ». Et de souligner que SFR a été le premier à travailler avec des MVNO et que ses accords avec des opérateurs virtuels sont les plus nombreux. Ce sont les conditions d’accueil des MVNO dans leur ensemble qui gênent Afone. En effet, ce sont les opérateurs qui décident seuls comment, à quel prix et qui sera choisi. On se souvient des très longues négociations de Tele2 afin d’obtenir des « conditions acceptables ». Avec cette saisine, l’Arcep devra trancher si un opérateur traditionnel est obligé d’accueillir un MVNO ou pas. Ce qui pourrait changer la donne du marché. Bouygues Telecom par exemple a toujours refusé d’ouvrir son réseau à des opérateurs virtuels. Car jusqu’à présent, les MVNO en place n’ont pas bouleversé le marché. Alors que l’objectif était de stimuler la concurrence, Orange et SFR se partagent toujours plus de 80 % du marché. Peu nombreux, localisés et très ciblés (marchés de niche), ils n’ont pas déstabilisé les « trois grands ». Mais les choses ont un peu évolué notamment grâce à l’apparition de MVNO nationaux comme Tele 2 Mobile. Des MVNO qui disposent de plus grands moyens. Ainsi, selon le régulateur des télécoms, le parc des MVNO actifs (Transatel, Debitel, Omer Telecom, Neuf Cegetel, Tele2) s’établit à 108.300 clients au 30 septembre 2005, contre 40.900 clients au 30 juin 2005. Une belle progression. Entre avril et septembre, 10 % des nouveaux abonnés au mobile ont choisi un opérateur virtuel, plutôt qu’un opérateur classique, soit 67.000 personnes. Pour autant, si la progression du parc est forte, son poids est encore très symbolique. Il ne représente en septembre que 0,24 % du nombre total d’abonnés (46 millions de clients). Une goutte d’eau. Plusieurs raisons expliqueraient ce phénomène. Le nombre de ‘gros’ MVNO est encore faible dans notre pays, en comparaison de la Grande-Bretagne par exemple. Par ailleurs, les opérateurs alternatifs se plaignent des conditions tarifaires proposées par les opérateurs classiques avec lesquels ils tentent de passer des accords. Les tarifs de gros, trop élevés, empêcheraient de pratiquer une politique de prix vraiment agressive. Avec l’arrivée de MVNO nationaux (comme NRJ Mobile) et une pression plus forte sur les opérateurs mobile classiques, l’essor des MVNO devrait se confirmer et prendre de l’ampleur. Ce qui permettrait une vraie baisse des tarifs et un marché plus ouvert. Car les MVNO ont une belle marge de manoeuvre: le taux de pénétration du mobile en France est de 76,6% et 23,2 millions de clients (soit 25 % du parc) sont libres de tout engagement. Ils peuvent donc changer d’opérateur très simplement.