Neoclyde (partie 2) : de l’interconnexion aux investissements privés

Dans ce second épisode entrent en scène des négociateurs, qui vont amener la fibre aux pieds de Besançon et des investisseurs privés, Néo Telecoms et Euclyde, qui vont construire le datacenter.

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Nous avions laissé l’agglomération de Grand Besançon sur un rêve, faire venir la fibre et construire un datacenter… sans en disposer des moyens ! « À la base, il y a la conception d’un projet de réseau longue distance », rappelle Nicolas Guillaume, consultant indépendant aménagement numérique du territoire. « Activer la fibre noire au travers d’équipements. »

Mais très vite émerge le projet ambitieux de disposer d’un datacenter, d’une part pour héberger les infrastructures propres de la communauté, mais également pour l’ouvrir d’un côté aux entreprises locales pour leurs besoins et projets, et de l’autre aux opérateurs afin qu’ils relaient les besoins de connectivité et alimentent le cloud. Ne disposant pas de moyens, l’agglomération va rechercher des investisseurs privés. Passer l’investissement du contribuable au privé, l’idée ne mettra pas beaucoup de temps pour faire son chemin ! Accompagnée d’un réalisme de bon aloi qui fera se détourner par exemple de la complexité des réseaux d’initiative privée.

Quel SLA ?

Autre interrogation, le SLA à fournir au client. Si cela est relativement facile sur Paris, c’est autrement plus difficile en région. Et si certains grands opérateurs le proposent, dans certaines régions seulement, le prix en est pour le moins élevé. La région de Besançon va donc orienter ses choix vers des acteurs dont la taille et peut-être une moindre arrogance les rendent plus accessibles et raisonnables. Dévoilons tout de suite le résultat des courses, Euclyde et Néo Télécoms vont répondre aux attentes et emporter le morceau, le premier pour amener la fibre et le second pour l’allumer. Et tous les deux, dans le cadre de la coentreprise Neoclyde, vont créer le datacenter. Résultat pour l’agglomération : investissement nul !

Mais revenons sur la résolution de la problématique de la fibre. La question posée est simple : comment ramener les flux de données arides et collecter les données depuis les réseaux d’initiative publique (Besançon a été une des premières villes à se doter d’un réseau) afin de les rentabiliser ? « Avant, nous étions dans l’incapacité d’acquérir de la bande passante suffisante pour un datacenter redondant », constate Claude Lambey, directeur du département technologies de l’information de Besançon. « Quant à acheter de la bande passante à Besançon, c’était impossible ! » Pour résoudre cette difficulté, le support de la collectivité est incontournable. « Peut-être en intégrant le métier d’intégrateur local de proximité. »

La fibre prend l’autoroute

S’il est facile de trouver de la fibre longue distance sur les grands axes, l’affaire se corse lorsqu’on s’en éloigne. Les autoroutiers, premiers concernés, ne réservent pas toujours un bon accueil à ces projets. « Il est plus facile acheter à un opérateur étranger », constate Nicolas Guillaume. Avec la Suisse par exemple ? Les négociations vont cependant apporter une solution via une connexion sur la fibre de l’autoroute Paris Rhin Rhône, complétée afin de permettre les interconnexions. Par un axe fibre Strasbourg – Besançon – Lyon, elle évite également le maillage parisien, mais apporte l’international sur un réseau conçu pour faciliter éventuellement son extension.

C’est l’agglomération Grand Besançon qui a acheté l’IRU (Indefeasible Right of Use), le Droit d’Usage Irrévocable de la fibre, qu’elle loue à Neoclyde pour un prix locatif déclaré acceptable. « La négociation à permis de diviser par 4 le prix de la fibre », nous a même confié Nicolas Guillaume. Espérant profiter d’un équipement de transit IP de grande capacité, le projet devra apporter le même niveau de redondance et de fiabilité qu’à Paris afin de ne pas avoir d’impact en cas de rupture fibre. « S’il n’y a ni connectivité ni haut débit, il n’y a pas de cloud… »

Puisque la fibre vient à Besançon, le troisième épisode du projet Neoclyde sera consacré au datacenter.

À suivre Episode 3 : Datacenter et cloud prennent forme à Besançon