Nokia troque Symbian contre Windows Phone 7

En adoptant Windows Phone 7 de Microsoft, Nokia espère contrer sa chute face à la montée en puissance d’Android et l’iPhone. Une stratégie risqué face à un OS mobile qui peine à trouver son public.

Les rumeurs étaient fondées. Nokia va bel et bien adopter Windows Phone sur ses terminaux mobiles. Le P-dg Stephen Elop, ancien patron de la division Entreprise de Microsoft, vient de le confirmer par voie de communiqué. Deux jours auparavant, le dirigeant avait annoncé la couleur aux salariés du groupe en évoquant « un immense effort à fournir […] pour transformer l’entreprise  ». C’est en effet une révolution stratégique qui va s’opérer sur l’année en cours et la suivante.

Dès le 1er avril prochain, Nokia adoptera une nouvelle structure avec deux unités distinctes : les « terminaux intelligents » et les téléphones mobiles. Elles viseront respectivement les marché du terminal haut de gamme d’un côté, et le marché de masse de l’autre. Dirigée par Jo Harlow, la première concernera les gammes des smartphones Symbian et les ordinateurs sous MeeGo. La seconde, opérée par Mary McDowell, visera à démocratiser l’accès du web mobile au « prochain milliard d’utilisateurs » à l’aide de terminaux d’entrée et de milieu de gamme.

Une transition en douceur

A priori, les produits des deux unités seront concernés par la plate-forme de Microsoft qui s’installera comme OS mobile par défaut sur les terminaux Nokia. Mais la transition se fera en douceur par rapport à l’existant. Symbian devient ainsi une plate-forme franchisée, stratégie visant à amortir les investissements réalisés et, surtout, conserver les quelques 200 millions d’utilisateurs dans le monde pour les accompagner dans leur migration vers Windows Phone. Nokia espère néanmoins vendre encore 150 millions de terminaux sous Symbian dans les prochaines années. Mais qui voudra encore d’une plate-forme sans avenir?

L’OS MeeGo, co-développé avec Intel à partir du noyau Linux, s’inscrit désormais comme un projet open source. « MeeGo mettra davantage l’accent sur l’exploration du marché sur le long terme des dispositifs de prochaine génération, les plates-formes et l’expérience utilisateur », explique le constructeur finlandais qui projette néanmoins de lancer un produit sous MeeGo dans le courant de l’année. Des échanges technologiques et de contenus sont également prévus. Par exemple, l’offre Nokia Maps viendra alimenter les services Bing et AdCenter de Microsoft. Les applications Symbian rejoindront l’offre Marketplace de Microsoft.

Ce revirement stratégique vise bien évidemment à contrer la montée en puissance d’Android et Apple. Depuis sa sortie en 2007, l’iPhone n’a cessé de dicter sa loi au marché des smartphones notamment en démontrant la pertinence de l’écosystème créé avec les développeurs pour alimenter l’offre applicative. Une stratégie adopté l’année suivante par Google qui a ajouté une pointe d’ouverture et de gratuité à son offre Android, avec succès puisque sa solution a dépassé les parts de marché de Nokia/Symbian au quatrième trimestre 2010. Et aucun des produits de Nokia jusqu’alors proposé frontalement à l’iPhone n’a convaincu le marché de la pertinence de Nokia sur le secteur des smartphones. Un revirement stratégique s’avérait nécessaire.

Une stratégie risquée

« Nokia est à un tournant critique, où le changement important est nécessaire et inévitable pour notre progression, justifie Stephen Elop. Aujourd’hui, nous accélérons le changement à travers une voie nouvelle, visant à regagner notre leadership dans le smartphone, le renforcement de notre plate-forme mobile et la réalisation de nos investissements dans l’avenir. »

Un revirement qui n’en reste pas moins très risqué. Si Microsoft a tout à y gagner (après que sa part de marché soit passé de de 8,7  % en 2009 à 4,2  % en 2010) en élargissant l’adoption de Windows Phone 7 aux terminaux du premier constructeur mondial, il n’est pas certain que Nokia en profite. D’abord parce qu’il perd son originalité et viendra concurrencer les autres constructeurs ayant adopté l’OS mobile de Redmond. Un OS qui, s’il est reconnu pour ses qualités technologique, peine à convaincre les utilisateurs pour le moment.