Norme ISO d’Open XML: Microsoft gagne une manche, sans plus…

Les Etats-Unis confirment leur vote en faveur d’Open XML. En Suède, où
Microsoft a payé des inscriptions de dernière heure, le vote a été invalidé. La
majorité des 2/3 à l’ISO n’est pas encore acquise. Ce 3 septembre, l’Afnor, à
Paris, convoque la presse

Après son revirement inattendu présenté il y a quelques jours, l’organisme américain INCITS (InterNational Committee for Information Technology Standards) devait finalement voter ce 2 septembre en faveur d’une normalisation ISO (norme internationale indépendante) de l’Open XML, le format de documents de Microsoft compatible avec la suite Office – un format qui vient en parallèle de celui déjà entériné.

Trois voix pourtant ont continué de s’élever contre Microsoft: Farance, Oracle et surtout IBM dont la démonstration technique sur les défauts du 2e format candidat au standard n’a pas infléchi la décision des autres membres au sein de la commission américaine, en particulier celle des organisations gouvernementales américaines qui ont retourné leur veste au dernier moment…

Farance a également mis l’accent sur des erreurs et des incohérences du format de Microsoft qui rendraient impossible à une entreprise externe à Office d’exploiter la spécification Open XML pour créer des produits compatibles…

Frapper à la plus haute porte

Comment Microsoft a-t-il réussi à infléchir la position de certains membres de l’INCITS ? Certains ont révélé que Microsoft s’était livré à un lobbying intensif, avec une montée aux créneaux du président Bill Gates en personne, et du CEO, Steve Ballmer, qui ont invoqué des menaces à l’encontre du leadership

américain.

L’éditeur se serait adressé aux plus hautes instances de l’administration américaine (la « Maison Blanche »?) pour faire pression. Microsoft n’a d’ailleurs pas caché qu’il considérait la certification ISO d’Open XML comme un élément clé pour maintenir sa position sur le marché des logiciels bureautiques.

Il reste que la majorité des deux-tiers des votes des 20 pays membres du JTC-1 (Joint Technical Committee 1) de l’ISO est encore loin d’être acquise à Microsoft – condition nécessaire pour que sa proposition de 2e format ISO soit entérinée.

L’issue de la réunion du comité en février prochain à Genève reste donc incertaine. Deux pays se sont déjà prononcés négativement, la Chine et le Brésil.

A Paris, l’Afnor a convoqué la presse ce lundi 3 septembre pour expliquer sa position. A suivre, donc.

Le comité de l’ISO devra également traiter les milliers de commentaires critiques qui ont été adjoints à la spécification (6.000 pages selon la Linux Foundation, qui rappelle que la normalisation d’ODF n’avait généré ‘que’ 600 pages). Leur analyse risque de prendre du temps !

Et Microsoft d’éluder la question en se félicitant de l’intérêt porté à Open XML. « Nous sommes heureux de constater toute l’attention portée et tous ces retours constructifs. Cela va nous aider à faire d’Open XML le meilleur standard« , soutient le géant de Redmond.

Ainsi, Microsoft dispose encore de près de six mois pour s’expliquer, exposer sa stratégie et influencer les membres des différents comités nationaux. Il s’y active avec beaucoup de zèle (cf. l’encadré ci-après).

Rien n’est encore gagné…

Les opposants à Microsoft n’ont pas encore épuisé tous leurs arguments, qu’ils soient politiques, à l’exemple du Brésil ou de la Chine, ou technologiques et concurrentiels.

On se souvient en particulier d’une massive levée de boucliers chez IBM dans les jours qui ont suivi l’annonce par Microsoft de sa démarche de standardisation par l’intermédiaire de l’ECMA International.

Microsoft dispose de sérieux alliés, il est vrai : EMC, Hewlett-Packard, Intel, Lexmark, Sony et, plus surprenant, Apple, qui vient d’adopter Open XML pour sa suite iWork’08, tout en épinglant Microsoft sur des incompatibilités entre ses propres codes.

De nombreux observateurs continuent de s’interroger sur la pertinence de disposer de deux normes pour les fichiers bureautiques. Car il faut rappeler que l’ISO a déjà élevé au rang de norme le format ODF (Open Do cument Format for Office Applications). Certes, le format de Microsoft, également basé sur XML, est proche d’ODF mais avec le support de spécificités liées à sa suite bureautique Office.

Il est probable que les 20 membres de l’ISO ne disposeront pas du temps nécessaire pour traiter les remarques déposées sur Open XML. En conséquence, le dossier risque de ne pas être traité lors de la réunion de février de l’ISO.

L’ECMA, qui gère le suivi du programme, devra alors relancer la procédure.