Officiel: HP supprime 1.240 emplois en France

Le couperet vient de tomber. Le comité central européen de HP confirme la suppression de 5.969 emplois en Europe, dont 1.240 en France, soit le quart des effectifs du groupe. Les licenciements secs devraient être « évités »

Mise à jour. La direction d’Hewlett-Packard a confirmé ce lundi aux organisations syndicales la suppression de 1.240 postes en France sur les 5.969 prévues en Europe à l’horizon 2008, lors d’une réunion du comité de groupe de l’entreprise, a-t-on appris auprès des syndicats. « Afin d’assurer la pérennité de ses activités, à moyen et long terme, HP met en oeuvre une transformation profonde de son organisation et de ses moyens. Elle se traduira en France par une organisation revue et la suppression progressive de 1.240 postes », a confirmé la direction d’HP France dans un communiqué diffusé à la mi-journée. « A l’instar des principaux acteurs du secteur informatique, HP est dans l’obligation de prendre en compte et d’accompagner les mutations profondes que connaît le secteur informatique », précise le communiqué. Néanmoins, HP n’a pas fourni de précisions concernant les différents sites du constructeurs en France, a déclaré lundi à l’Associated Press le secrétaire CFTC du comité de groupe Fabrice Breton. Mais selon Patrick Nowak délégué syndical central CFE-CGC, 740 emplois sont concernés chez HP CCF (Centre de compétence France, entité industrielle dans la région de Grenoble) et environ 500 emplois dans le secteur HPF (entité commerciale). Selon le p-dg de HP France Patrick Stark cité par l’AFP, le groupe informatique « souhaite éviter » d’avoir à effectuer des licenciements secs en France, et compte mettre en place des accords de suppression d’emplois sur la base du volontariat. HP France emploie 4.800 salariés répartis sur plusieurs sites dont les principaux sont situés à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), Grenoble et l’Isle d’Abeau (Isère), Les Ulis (Essonne) et Sofia Antipolis (Alpes-Maritimes). Le 31 août dernier, le directeur de la Région Europe, Francesco Serafini, avait indiqué que les réductions d’effectifs prévues toucheraient essentiellement les fonctions de support, comme la finance, les ressources humaines ou l’informatique. HP avait annoncé en juillet la suppression de 14.500 postes dans le monde, soit environ 10% de son effectif global. C’est seulement jeudi et vendredi, lors d’un comité central d’entreprise organisé à Bruxelles dans le plus grand secret, que les syndicats européens ont pris connaissance de la ventilation géographique de cette restructuration. On prend ici conscience du lourd tribut aux dividendes des actionnaires qui sera versé par HP France. C’est en effet le quart de l’effectif (26%) des activités de HP en France qui va être sacrifié, soit 2,5 fois plus que la moyenne des contractions d’effectifs. Et l’on se demande, dans ces conditions, comment HP pourra maintenir l’ensemble de ses sites en France, ce qu’il s’est pourtant engagé à faire. Paradoxe pour les salariés du groupe, l’ampleur des suppressions de postes n’a d’égal que celle des résultats positifs présentés en août. Rappelons que HP affiche une progression trimestrielle de 10% de son chiffre d’affaires, à 20,8 milliards de dollars. Et surtout le géant mondial a enregistré un bond de 46% de son bénéfice net, à 1,1 milliard de dollars ! Il reste que, pour Mark Hurd, le nouveau p-dg du groupe, le licenciement de 14.500 personnes n’est qu’un des ‘moyens d’améliorer encore la performance‘. Les victimes du plan de restructuration remercieront non pas le marché, ni même d’éventuelles difficultés économiques, mais bien la logique boursière. Vives réactions des élus locaux

Des responsables CFE-CGC d’Hewlett Packard France ont jugé « scandaleuses », ce 9 septembre, l’hypothèse des suppressions d’emplois prévues par le groupe informatique américain en Europe. Ils n’étaient pas encore en mesure de confirmer les chiffres publiés par l’AFP (6.000 suppressions en Europe dont 1.250 à 1.300 en France). « On est géré aujourd’hui par des financiers qui veulent uniquement faire monter les cours en bourse et le revenu par action », a-t-il accusé. « On est confronté à un libéralisme sauvage. On fait plaisir à l’actionnaire », a renchéri François Larbre, représentant syndical CFE-CGC au comité d’entreprise de HP France. De leurs côtés, le maire de Grenoble, le Conseil général et les élus concernés par ce plan social ont critiqué « la brutalité et l’ampleur » de cette décision, dans un communiqué adressé à l’AFP. Les élus « demandent fermement au président de HP une concertation au plus haut niveau avec les représentants de l’Etat, des salariés et les collectivités locales concernées ». Sur le fond, ils dénoncent « la politique d’entreprise qui a déjà réduit en cinq ans de 50% l’effectif en Isère, au moment où HP affiche des bénéfices en croissance de +38% sur l’exercice 2003-2004 ». Sur la forme, ils « reprochent aux dirigeants d’HP d’avoir entouré ces décisions d’une opacité totale jusqu’à la dernière minute, tant pour les salariés que pour les pouvoirs publics et de ne toujours pas annoncer officiellement le nombre de postes supprimés ».