Open World Forum : dépasser l’opposition entre logiciels Open Source et propriétaires

Forum européen du Libre et de l’Open Source, l’Open World Forum a ouvert ses portes le 3 octobre à Paris. L’industrie, représentée par Syntec Numérique et le Cigref, s’est adressée à la communauté dès les keynotes. La ministre Fleur Pellerin est intervenue à distance.

La 6e édition de l’Open World Forum (« Make it Happen! »), rendez-vous européen du Libre et de l’Open Source, ouvre ses portes à proximité de Paris trois jours durant, du 3 au 5 octobre.

L’Open World Forum 2013 réunit près de 3 000 participants et des centaines d’intervenants. Piloté par le pôle de compétitivité Systematic, présidé par Pierre Queinnec, l’événement est soutenu par l’Inria – institut public de recherche impliqué dans le logiciel libre depuis les débuts du mouvement –,  la région Île-de-France, la Ville de Paris et l’agence numérique régionale La Fonderie.

De nombreux sponsors privés sont également fidèles au rendez-vous, parmi eux : Alter Way, Smile et l’alliance formée par Microsoft et Suse… Tandis que les représentants de l’industrie se sont adressés à la communauté dès les keynotes d’ouverture, Bercy est intervenu à distance.

Fleur Pellerin met l’accent sur l’innovation ouverte

La ministre en charge de l’Économie numérique, qui n’était finalement pas présente lors de l’ouverture du forum, jeudi 3 octobre, a tout de même réaffirmé par le biais d’une vidéo son soutien à l’écosystème, ses développeurs et contributeurs, et mis l’accent sur l’innovation.

Le gouvernement soutient les valeurs promues par l’écosystème à savoir : « l’intelligence collective, le partage, l’ouverture et la confiance », a rappelé Fleur Pellerin, après avoir fait référence à la circulaire Ayrault sur le logiciel libre diffusée l’an dernier dans les ministères.

L’Open Source c’est d’abord « la vitalité de communautés de développeurs que ce soit pour le bien commun ou dans une logique commerciale ». Le logiciel Libre et l’Open Source « contribuent à l’attractivité de la France et à la croissance ». La filière et « ses milliers d’emplois » créent une « une économie collaborative », a-t-elle souligné.

De l’ouverture nait la création de valeur, a ajouté la ministre en référence aux logiciels libres, formats ouverts, données et innovation ouvertes (Open Source, Open Standards, Open Data, Open Innovation). Cette ouverture, notamment celle des données publiques, doit se faire dans « des conditions maîtrisées », a ajouté Fleur Pellerin.

La ministre, qui prépare le Conseil européen sur le numérique des 24 et 25 octobre, présentera dans les prochaines semaines un rapport sur cette innovation ouverte basée sur le partage et la coopération, et compatible avec une économie de marché.

La voix des DSI et des SSII porte sur l’Open World Forum

Syntec Numérique participe pour la première fois à l’Open World Forum. Le syndicat professionnel des ESN (anciennement SSII), éditeurs de logiciels et sociétés de conseil en technologies, a souhaité marquer l’événement en expliquant les grands axes de sa stratégie dans le domaine.

« Quand j’ai été nommé à la tête de Syntec Numérique il y a trois ans, nous souhaitions la constitution d’un grand acteur du numérique et cela passait par l’ouverture d’un comité Open Source », a souligné Guy Mamou-Mani (en photo).

Ce comité, présidé par Michel Isnard (Red Hat) et Alexandre Zapolsky (Linagora), a depuis lancé deux initiatives phares : les États Généraux de l’Open Source – pendant de l’Open World Forum – et la cartographie des besoins en compétences (étude OPIIEC Compétences et Formations Open Source en France).

« Je n’arrête pas de dire qu’il y a une pénurie de compétences, des difficultés pour recruter, et on me rappelle à chaque fois qu’il y a 38 000 chômeurs en France dans l’IT. C’est vrai : il y a une inadéquation entre leurs compétences et les besoins des entreprises. Nous devons attirer un maximum de jeunes dans nos métiers, faire coïncider l’offre de formation aux besoins en compétences, et nous avancerons », a ajouté Guy Mamou-Mani.

Syntec Numérique contribue à un autre chantier : la structuration de la filière. « Lors de la première édition des États Généraux, Madame Pellerin a déclaré que le monde de l’Open Source doit se structurer. Je suis d’accord. Aujourd’hui, nous rentrons dans un monde hybride. Syntec Numérique lui-même compte parmi ses membres des pure players de l’OSS, des grands groupes qui utilisent logiciels Open Source et propriétaires, et des ESN qui implémentent l’ensemble. Nous devons arrêter cette opposition stérile », a insisté le dirigeant.

Ce point de vue est partagé par la ministre, pour qui « l’opposition entre logiciels libres et propriétaires est dépassée », et Bruno Ménard, vice-président du Cigref, réseau de grandes entreprises, et DSI du groupe Sanofi-Aventis. « Oui les logiciels libres et propriétaires doivent cohabiter… Pour nous, grandes entreprises, les infrastructures doivent rester ouvertes et interopérables », a-t-il souligné.

Pour le Cigref, quelles que soient les solutions adoptées, les préoccupations des DSI concernent aujourd’hui : la sécurité, la mobilité, le Cloud – plus particulièrement hybride – et le Big Data. Les enjeux économiques et financiers sont énormes, a conclu Bruno Ménard, avant de mettre l’accent sur la formation et la culture numérique des entreprises.


Voir aussi

Quiz Silicon.fr – Connaissez-vous les logiciels open source ?