Opérateurs : les investissements augmentent, les emplois baissent

Les opérateurs ont dépensé plus de 10,6 milliards, hors achat de fréquences, dans leurs infrastructures en 2015. Et supprimé près de 4000 postes dans le même temps.

En 2015, les opérateurs ont investi 7,8 milliards d’euros dans leurs infrastructures télécoms. Un montant en hausse de 10% par rapport à 2014. Si on y ajoute les 2,8 milliards relatifs à l’achat des licences 700 MHz, le total s’élève à 10,6 milliards. Un record puisqu’il faut remonter à 2012 pour voir un niveau d’investissement proche avec (10 milliards d’euros), selon les chiffres (provisoires) de l’observatoire des marchés des communications électroniques mis en forme par l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes). Les infrastructures fixes ont constitué la majorité des dépenses. Elles s’élèvent à 5,5 milliards (dont 1,1 milliard dans le FTTH qui constitue l’essentiel de la boucle local fixe très haut débit) contre 2,3 milliards pour le mobile (dont 1,2 milliard en boucles locales 3G et 4G).

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Si les investissements progressent, on ne peut pas en dire autant des revenus. En 2015 Les opérateurs ont généré 32,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un montant toujours en recul, de 2,6%, mais qui freine sa chute en regard des -4% de 2014 et -7,2% de 2013. Le résultat est tempéré par les revenus annexes tels la vente des terminaux mobiles qui ajoutent 3,3 milliards à la cagnotte (supérieur aux 3,18 milliards de 2014) pour un total de 35,9 milliards.

72,1 millions de SIM

Le recul reste néanmoins plus marqué sur les activités mobiles (-3,2% pour 14,25 milliards) que fixes (-2% pour près de 13 milliards) même s’il a été divisé par trois en deux ans. Cela s’explique par la progression des consommations et une moindre baisse des prix mobiles (-5,5% en 2015 contre -10,6% en 2014 et -26,6% en 2013). Avec 72,1 millions de cartes SIM (hors M2M) en service, le marché stagne (+0,6%). Il faut se tourner vers le marché des objets et autres machines connectés (M2M) pour constater de la croissance. Fin 2015, on en comptait 10,6 millions en service en France. Soit une croissance de 2,3 millions d’unités en un an pour un chiffre d’affaires qui s’élève à 96 millions d’euros HT (+8,8%).

Sur le fixe, le très haut débit (FTTH et hybride) a fait la croissance. Avec 4,27 millions de lignes actives (dont 1,4 en FTTH), le THD progresse de près de 44%. Et compense largement la baisse de 1,8% des 22,6 millions d’abonnements haut débit. Au total, le marché du fixe haut et très haut débit compte près de 26,9 millions d’abonnements en 2015 (+3,4%). Bien qu’en retrait de 9,3% sur l’année, le nombre de lignes bas débit toujours en service frôle les 12,9 millions d’unités.

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La consommation est notamment soutenue par la 4G dont le nombre d’utilisateurs a doublé. Ajouté à la croissance des actifs sur la 3G (désormais 2 SIM sur 3 avec 48,5 millions de cartes), les compteurs de la consommation de données explosent. Pas moins de 560 000 To (560 millions de Go) ont été consommés en mobilité en 2015. Un chiffre en hausse toujours impressionnante de 83%. Et qui va se poursuivre sachant que la 4G ne compte « que » 1 carte SIM sur 3 (22 millions de lignes). En attendant, cela représente une moyenne de 1,2 Go consommés par utilisateur mobile chaque mois.

118 000 salariés

Malgré le recours toujours plus fréquent aux services mobiles de messageries instantanées sur Internet, les SMS n’ont pas dit leur dernier mot. Bien au contraire. En un an, leur nombre augmente de 5 milliards pour dépasser les 202 milliards sur l’année (+2,6%). Les offres illimitées des opérateurs et l’universalité du service assurent l’existence des textes courts envoyés depuis le téléphone pour de nombreuses années encore. La téléphonie mobile progresse également (+3,2%) pour constituer les deux-tiers des appels vocaux. Les appels depuis les postes fixes reculent pour leur part de 7,9%. Au final, l’usage de la voix dans les communications diminue, de 1,1%, pour la deuxième année consécutive.

Enfin, malgré les investissements en hausse, le nombre de personnes employées par les opérateurs ne cesse de diminuer. Au 31 décembre, il s’établissait à 118 375 salariés. Contre plus de 122 000 en 2014. Une tendance à la baisse qui s’observe depuis dix ans malgré l’amélioration constatée pendant la période 2010-2012. Alors que les risques de concentration et de nouvelles restructurations semblent écartés pour 2016, il sera intéressant de voir si le secteur continue à perdre des emplois à un rythme de 3 à 4000 par an.

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