Oracle face à SAP : la guerre du In-Memory est déclarée

04 - Oracle Open World 2012 © Oracle - Hartmann Studios

Quelques jours après que SAP a annoncé privilégier sa base Hana aux dépens de celle d’Oracle, ce dernier annonce la disponibilité prochaine de l’option In-Memory de sa base 12c. Et défend une approche hybride, moins disruptive à ses yeux que celle de son concurrent.

Dévoilée en septembre dernier lors de la manifestation OpenWorld, l’option In-Memory de la base de données Oracle sera disponible à partir du mois prochain, a expliqué Larry Ellison, le Pdg de l’éditeur, lors d’un webcast diffusé hier. Les tarifs de cette option seront dévoilés au moment de la mise sur le marché. Pour certains analystes, il s’agit là d’une accélération de calendrier. Accélération probablement due au mouvement général de l’industrie vers le In-Memory. Le mouvement concerne en effet tant Microsoft et IBM, les deux principaux rivaux d’Oracle dans les bases de données, que SAP.

Quasi-absent du segment, le géant des ERP, dont une large part de la base installée utilise Oracle pour la couche de gestion des données, a lancé voici plusieurs années son propre projet de base de données In-Memory, Hana. Après avoir fait ses armes dans l’analytique, Hana est aujourd’hui capable d’accueillir l’ERP majeur de SAP, Business Suite, et servira de socle – pour l’instant exclusif – aux futurs développements applicatifs du premier éditeur européen. Un message sans ambiguïté : SAP, un des principaux pourvoyeurs d’affaires d’Oracle dans les bases de données, n’est plus enclin à partager le gâteau de l’exploitation des environnements ERP avec son rival américain.

Pas de migration lourde de données

Le In-Memory, qui consiste à conserver les données en mémoire plutôt qu’à les stocker sur disque, n’est pas réellement une nouveauté au catalogue d’Oracle. L’éditeur proposait notamment déjà TimesTen, une base de données In-Memory proposée seule ou sous forme de cache. Mais ce produit couvrait plutôt des besoins très spécialisés.

La nouvelle option In-Memory s’intègre, elle, dans le paysage de la base 12c « de façon transparente », assure Oracle. Autrement dit, elle est d’emblée compatible avec toute application fonctionnant déjà sur le SGBD, sans migration de données. Les DBA devront simplement configurer le volume de mémoire qu’ils veulent dédier au stockage en colonnes, déclarer quelles tables et partitions doivent être placées en mémoire et déplacer les index analytiques basés sur des lignes.

La base 12c enrichie de l’option In-Memory bénéficie aussi de toutes les fonctions de gestion développées au fil des ans par Oracle (scale-up, scale-out, haute disponibilité, sécurité…). Une façon de souligner ses atouts en la matière et la relative inexpérience de SAP dans le domaine, un système de gestion des données ne se limitant pas à un moteur. Dans un document comparant Hana et 12c, Oracle souligne ainsi que « couvrir tous les scénarios de haute disponibilité et de sécurité demande des années d’expérience dans la vraie vie ».

Larry Ellison : « Pourquoi tout placer en mémoire ? »

L’option In-Memory d’Oracle, qui supporte également la technologie RAC (Real Application Clusters) maison, crée un stockage en colonnes de l’information afin d’accélérer grandement les traitements analytiques, tout en préservant le stockage en ligne pour les traitements transactionnels. Même si l’éditeur explique accélérer également ces derniers (en septembre dernier, Larry Ellison avait parlé d’un doublement des performances sur ce terrain). L’approche n’en reste pas moins différente de celle de SAP avec Hana, qui mutualise les traitements analytiques et transactionnels au sein d’un unique schéma de données, organisées en colonnes.

Mais une approche plus économique, selon Oracle, puisque seules les données fréquemment utilisées sont placées en mémoire. « Si vous avez une base de 200 To, combien cela va vous coûter de tout stocker en mémoire ? », lance Larry Ellison. Pour le patron de l’éditeur, l’approche choisie par sa firme est la plus équilibrée : « Vous bénéficiez de la vitesse de la mémoire, mais aussi des capacités du disque dur, ce qui signifie que le système est à la fois économique et rapide. » Et d’ajouter que l’option In-Memory « va changer la façon dont les entreprises fonctionnent et rendre les choses bien plus simples. Vous pouvez par exemple utiliser votre système transactionnel comme un datawarehouse ».

Pour SAP, une impasse

Bernd Leukert Sapphire
Bernd Leukert, SAP, lors de Sapphire 2014

Si l’architecture imaginée par Oracle – à l’instar des autres éditeurs majeurs de bases de donnes d’ailleurs – permet effectivement de se passer des couches de chargement et de stockage de données pour les applications analytiques, elle n’en reste pas moins une impasse selon SAP. Interrogé récemment par Silicon.fr sur ce sujet, Bernd Leukert, membre du comité exécutif de l’éditeur allemand, en charge de l’innovation et des produits, expliquait que les réplications à l’intérieur de la base – la voie choisie par Oracle – aboutissaient à augmenter l’empreinte totale utilisée par les jeux de données. Et non à la réduire par 5 comme le permet Hana, selon Leukert. « L’approche hybride proposée par nos concurrents se contente d’exploiter la vitesse qu’amène le In-Memory, en oubliant de mettre cette accélération au service de l’innovation », assurait-il alors.

Crédit photo : Oracle

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