Patrick Drahi (Numericable) : « Simplifier l’informatique de SFR »

Dans une interview aux Echos, Patrick Drahi défend son offre de rachat de SFR, mûrie « depuis 7 ans ». Et explique qu’une partie des synergies qu’il imagine proviendra de la rationalisation de l’IT de SFR, qui dépense 400 millions d’euros sur le sujet par an.

Dans un , Patrick Drahi (photo), dont la holding de droit luxembourgeois Altice contrôle le cablo-opérateur Numericable, défend son projet de reprise de SFR : « Le meilleur projet industriel, réfléchi depuis sept ans mûri, construit depuis des années, et non ficelé en quelques jours. » Un projet aujourd’hui mis à mal par la blitzkrieg menée par Bouygues, qui a déposé une offre concurrente auprès de l’actionnaire unique de SFR, Vivendi, et négocié un deal avec Free pour s’attirer les bonnes grâces des régulateurs et du gouvernement. Rappelons qu’Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, s’est publiquement prononcé en faveur de l’offre du groupe de BTP.

Malgré ce retournement de situation, Numericable n’a pas relevé son offre et a rappelé, hier en marge de l’annonce de ses résultats annuels, que sa proposition n’était valable que jusqu’à vendredi. « L’avenir des télécoms, c’est la convergence du fixe et du mobile, et non la fusion des opérateurs mobiles en déclin, qui ne savent pas faire du très haut débit fixe », martèle Patrick Drahi au micro de nos confrères. Et d’assurer qu’en associant son réseau à une marque comme SFR, Numericable sera en mesure de recruter 5 millions de clients en 4 ans. Le plan prévoit également de doper l’offre fibre à destination des entreprises, afin de conquérir 20 % de ce marché, explique le dirigeant.

« Achetez français » : la course à l’échalote

Côté mobile, Patrick Drahi promet une simplification commerciale des offres de SFR. Avec, pour conséquence, des économies en matière de système d’information. « Actuellement, SFR dépense près de 400 millions d’euros dans l’informatique chaque année. A titre de comparaison, c’est 20 millions chez Numericable », détaille le dirigeant, sans toutefois préciser quel est son objectif de dépense IT pour SFR si son projet est retenu par le conseil de surveillance Vivendi.

Par ailleurs, le patron en profite pour glisser une pique à destination de Bouygues Telecom, indiquant que son groupe a recours à des fournisseurs (Alcatel, Sagemcom et Technicolor) français et non asiatiques. Bouygues Telecom privilégie, en effet, le Suédois Ericsson mais aussi le Chinois Huawei. Dans une lettre adressée lundi 10 mars à Arnaud Montebourg, que Le Monde s’est procuré, Martin Bouygues promet toutefois de favoriser les fournisseurs français, mais uniquement « à chaque fois que c’est pertinent au plan technique ».

Garantie de l’emploi inscrite dans les licences SFR

Comme son rival, Patrick Drahi s’engage également sur le maintien des emplois. Une demande du gouvernement, qui joue un rôle clef dans cette affaire. « Notre projet, c’est la garantie pour le gouvernement de ne pas avoir à supporter de nouveaux licenciements dans cette période de crise. Nous maintiendrons tous les emplois et nous en créerons des nouveaux. Nous inscrirons ces engagements dans les licences de SFR », indique le dirigeant, qui réside en Suisse depuis 1999.

L’offre d’Altice (la holding de Patrick Drahi) valorise SFR à hauteur de 10,9 milliards d’euros en cash, somme à laquelle s’ajoute 32% de l’entité créée par le rapprochement des deux opérateurs. De son côté, Bouygues offre à Vivendi 10,5 milliards d’euros et 46 % du capital de SFR-Bouygues Telecom.

Crédit photo : Orteilles (licence Creative Commons)

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