Perquisitions chez Intel et pas n’importe qui

Intel s’embourbe lentement mais sûrement dans une affaire qui risque d’avoir des conséquences dramatiques sur son image de marque jusqu’à alors sauvegardée. Bruxelles cherche à savoir si oui on non, le fondeur fait pression sur les constructeurs pour les empêcher de se tourner vers la concurrence

« Des responsables des services européens de la Concurrence, accompagnés de responsables d’autorités nationales antitrust, conduisent des inspections dans plusieurs locaux d’Intel en Europe, ainsi que dans un certain nombre de sociétés informatiques qui fabriquent ou vendent des ordinateurs », a déclaré le porte-parole de la Commission Jonathan Todd. C’est le dernier évènement en date de l’enquête diligentée par la Commission européenne dans le cadre de possibles violations antitrust du numéro un mondial des semi-conducteurs. En mars, la Commission avait annoncé enquêter sur ce dossier en coopération avec les autorités japonaises. Et selon l’organisme japonais de la concurrence (FTC), Intel Japon a étouffé la concurrence sur le marché local des microprocesseurs en proposant des ristournes à cinq constructeurs informatiques nippons en échange de la promesse de ne pas acheter, ou de limiter, leurs achats de puces fabriquées par des sociétés rivales et notamment son grand concurrent, AMD. Le géant américain qui rejette depuis le début les accusations portées à son encontre par la concurrence pour des pratiques commerciales douteuses voir monopolistiques doit maintenant essuyer l’affront d’une visite surprise dans ses locaux, des inspecteurs en charge du dossier. Une réjouissance dont la firme se serait bien passée. Une porte-parole d’Intel Europe n’a pas souhaité faire de commentaire dans l’immédiat. Et malgré la sérénité affichée du CEO d’Intel, Paul Otellini qui rappelle que en ce qui concerne les plaintes antitrust « chacun de ses litiges s’est réglé à notre avantage » il est légitime de s’inquiéter face à la prolifération des plaintes en Europe au Japon et aux Etats-Unis contre Intel, d’autant si l’on est un de ses actionnaires. Rappelons que le fondeur AMD n’est pas en reste. La société Advanced Micro Devices, a déjà déposé deux plaintes contre Intel au Japon et réclame 55 millions de dollars de dommages et le groupe a également déposé une plainte aux Etats-Unis, devant le tribunal de district du Delaware, en accusant Intel d’avoir exercé des pressions sur 38 sociétés dont Dell et Sony (lire nos articles). Dans un communiqué, le fondeur détaille avec précision les pressions d’Intel sur les fabricants de PC. Craig Barrett, ex-CEO d’Intel aurait ainsi menacé le président d’Acer de « conséquences graves » pour avoir soutenu le lancement du produit AMD Athlon 64. Quant à Michael Capellas, ex-CEO de Compaq, il a déclaré avoir « une arme sur la tempe », et a informé AMD qu’il devait cesser tout achat.