Piratage: les majors menacent de déposer des plaintes par milliers

Les majors US ont décidé de s’en prendre directement aux internautes téléchargeurs

Impuissantes face aux sites de ‘peer-to-peer’ (sites gratuits d’échanges de fichiers type Kazaa), les maisons de disques US réunies au sein de la RIAA jouent aux gendarmes en menaçant directement les internautes téléchargeurs qui sont aussi ses clients…

Ce n’est pas la première fois que la puissante association, confrontée à des revenus en baisse, veut traîner certains internautes en justice. Mais cette fois, la RIAA a décidé de passer à la vitesse supérieure et promet une offensive judiciaire sans précédent. La RIAA va commencer ce jeudi à « rassembler des preuves et à préparer des plaintes en justice contre les utilisateurs individuels d’ordinateurs qui proposent illégalement de partager d’importantes quantités de musique protégée à travers les réseaux d’échanges de particulier à particulier ». Récente victoire en justice « Désormais nous ciblons tous ceux, qu’ils soient vieux ou jeunes, qui offrent des fichiers musicaux illégaux », a expliqué mercredi le président de la RIAA, Cary Sherman. « On ne peut pas attendre de la musique qu’elle soit créative si les gens ne paient pas cela », a-t-il ajouté, en rappelant qu’en l’espace de trois ans les ventes mondiales de disques ont baissé de 25%. Une conclusion un peu hâtive: le piratage participe à cette baisse des ventes, sans doute; mais d’autres éléments entrent en compte: prix des disques, une production uniforme et formatée, des plate-formes officielles de musique en ligne contraignantes… Par ailleurs, il est prouvé que les utilisateurs de P2P achètent aussi des disques. Pour poursuivre les « pirates », l’industrie du disque devrait s’appuyer sur une loi de 1998 relative à la protection du copyright à l’ère du numérique. Elle peut aussi se prévaloir d’une récente victoire en justice contre un des fournisseurs d’accès internet, l’opérateur téléphonique Verizon, contraint début juin à révéler les noms, adresses et numéros de téléphone de clients accusés d’avoir téléchargé puis diffusé illégalement des centaines de chansons. Mais cette procédure est très longue et le nombre d’utilisateurs de peer-to-peer est énorme. La RIAA se met à dos ses propres clients Alors la RIAA menace à nouveau: « Nombreux sont ceux qui pensent, à tort, qu’échanger de la musique est anonyme alors que c’est une activité très publique ». Et d’expliquer qu’une adresse IP (signature unique d’un ordinateur connecté au Net) permet de localiser un internaute. Les poursuites judiciaires épargneront pour l’instant ceux qui se contentent de télécharger des fichiers sans en proposer au partage, a précisé le président de la RIAA. Les utilisateurs de réseaux P2P sont invités à modifier le paramétrage de leur logiciel pour empêcher l’accès à leur disque dur, ou mieux, à désinstaller les logiciels P2P. Rien que ça… « La RIAA, dans son infinie sagesse, a décidé non seulement de s’aliéner ses propres clients, mais en plus de les conduire à la faillite par des poursuites judiciaires. Ainsi, ils ne pourront plus se permettre d’acheter des disques, même s’ils le voulaient », a ironisé Wayne Rosso, président d’un service P2P, Grokster. Une observation qui résume très bien la situation. Disque protégé: EMI France condamné

Le tribunal de grande instance de Nanterre a condamné le 24 juin EMI France, pour

« défaut d’information et tromperie » sur le dernier CD de Liane Foly, intitulé « Au fur et à mesure ». La société avait été assignée le mois dernier par l’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV). EMI, comme d’autres majors, tente depuis peu de protéger ses CD avec des systèmes anti-copies perfectionnés. Seul petit problème: la protection empêche la lecture du dit CD sur un autoradio, sur un PC ou sur certaines platines. Un scandale dénoncé par les consommateurs. Le tribunal a constaté que ce CD, « présentait une inaptitude à l’emploi, ne pouvant être lu sur certains lecteurs ». Il reproche également à la major, conformément à l’article 213-1 du code de la consommation, de n’avoir pas informé les clients de ces « restrictions d’usage ». EMI est donc condamné à insérer sur les CD incriminés une mise en garde. Et doit verser 10.000 euros de dommages et intérêts à l’association de consommateurs. La major dispose d’un délai d’un mois pour se conformer à cette décision, sous peine d’une astreinte de 1000 euros par jour de retard.