Plus d’un million de clients Orange partis chez Free Mobile ?

Résultats

Si le nombre de départs des abonnés Orange depuis le début de l’année est spectaculaire, il est en grande partie compensé par l’arrivée de nouveaux clients.

Les résultats que France Télécom communique aujourd’hui ne sont évidemment pas affectés par l’arrivée de Free Mobile le 10 janvier dernier. Mais l’opérateur peut difficilement faire l’impasse sur la pression de cette nouvelle concurrence, autant pour faire le point sur la réalité de la situation que sur ses éventuelles conséquences sur la stratégie du groupe.

Côté chiffres, Orange fait preuve de transparence. Entre le 1er janvier et le 15 février 2012, l’opérateur a perdu 201 000 abonnés mobiles. Soit moins de 1 % (0,7 % précisément) de l’ensemble des plus de 27 millions de clients mobiles locaux. Dans les détails, la baisse se décompose par 1,038 million de résiliations (pas forcément toutes au profit de Free Mobile) pour 837 000 acquisitions (probablement en provenance des abonnés de SFR et Bouygues Telecom, voire des MVNO, même s’il serait intéressant de connaître le nombre de déçus par Free qui ont décidé de retourner chez leur opérateur initial).

Une baisse limitée

Cette baisse de la base d’abonnés est limitée par la stratégie mise en œuvre de manière anticipée avec le lancement des offres économique Sosh (également pour contrer les B&You de Bouygues Telecom et Red de SFR). Offres low cost qui ont immédiatement connu des révisions tarifaires pour se rapprocher de celles de Free Mobile, mais sans les égaler. Cela a séduit, selon Orange, 90 000 nouveaux utilisateurs. L’autre front de riposte s’est organisé du côté de l’offre quadruple play Open qui, enrichie, est désormais adoptée par 1,4 million de clients résidentiels. Soit 200 000 nouveaux abonnés depuis le 31 décembre 2011. « Les offres Origami ont pour leur part contribué significativement aux acquisitions sur la période », signale l’opérateur.

Orange ne nie donc pas l’impact de la concurrence du nouvel entrant sur ses résultats. Mais celle-ci semble, après la retombée du soufflé propre au lancement (et à sa mise en scène orchestrée les provocations de Xavier Niel), limitée. Si l’opérateur historique comptait plus de 150 000 demandes de RIO (relevés d’identité opérateur permettant la migration du numéro de téléphone entre opérateurs) par jour dans les 48 heures après l’ouverture des offres Free Mobile, ce taux est retombé à 15 000 aujourd’hui. De plus, toutes les demandes de RIO ne se transforment pas systématiquement en départ.

Le réseau mobile d’Orange sous pression

Free Mobile risque donc d’avoir un impact significatif sur les résultats des opérateurs en France (même si, loin d’être terminé, le reste de l’année peut réserver bien des surprises). Mais ceux-là pourraient être moins conséquents pour Orange que le reste de la concurrence. Grâce à l’accord d’itinérance signé avec la filiale d’Iliad. L’accord qui autorise Free Mobile à exploiter le réseau mobile d’Orange sur l’ensemble du territoire (en attendant de construire le sien) devait générer un revenu de 1 milliard d’euros sur 6 ans selon les estimations effectuées lors de la signature. « Le trafic généré par les abonnés de Free mobile pourrait être substantiellement plus élevé que prévu, affirme aujourd’hui l’opérateur, sans que cela ne nuise à la qualité de service des clients d’Orange. »

Un dernier point qu’il restera à vérifier. Le réseau d’Orange a déjà connu des incidents suite à des hausses soudaines de trafic. Par ailleurs, cet accord et les conditions effectives de l’utilisation par Free Mobile du réseau d’Orange ne cessent de faire enfler la polémique. Ainsi, selon les syndicats des opérateurs, Free Mobile profiterait avantageusement du réseau de son partenaire pour masquer ses coûts d’amortissement. Saisie de l’affaire, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) entend consulter les intéressés et doit se prononcer début mars pour tenter de débloquer la situation.

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