BI : Qlik veut convertir les métiers au mélange des données

Face aux géants comme Oracle, Sas, Teradata, IBM ou SAP, proposant aussi des solutions d’exploration visuelle des données, le suédois Qlik réaffirme et sa spécificité technologique et met en avant ses atouts technologiques.

Dans la foulée des annonces de Qlik Sense, de ses offres cloud, et de son service Datamarket (issu du rachat du service Data as a Service ou DaaS éponyme –données professionnelles accessibles en mode cloud), l’éditeur suédois a organisé une journée dédiée à ses clients et partenaires à Paris. Une occasion pour Silicon.fr de rencontrer Anthony Deighton, son directeur technique (CTO), et James Richardson, son Managing Director (ex-analyste du cabinet d’études Gartner).

Dès la création de la société, le leader de la visualisation et de l’exploration analytiques choisit de stocker tous les détails des données en mémoire, et pas uniquement les résultats. Un défi risqué dans les années 1990, lorsque la mémoire coutait beaucoup plus cher… L’évolution informatique semble lui avoir donné raison, comme le prouve la généralisation du In-Memory ou encore SAP avec Hana.

James Richardson, Qlik
James Richardson, Qlik

Libérer l’utilisateur de la technologie

« En 30 ans, la Business Intelligence a fortement évolué. Devenue stratégique, elle s’impose désormais à tous les niveaux de l’entreprise,» assure James Richardson. «C’est pourquoi les utilisateurs peuvent à présent faire beaucoup plus avec une solution comme Qlik. Grâce à la plateforme Sense, les métiers peuvent explorer intelligemment leurs données en mode Click&Look sans dépendre sans cesse des informaticiens afin de découvrir des informations ou de prendre de meilleures décisions. Nous visons trois objectifs essentiels. Avant tout : libérer l’utilisateur métier des barrières technologiques grâce à la visualisation. Second objectif : intégrer et donner accès à tous les types de données internes ou externes à l’entreprise. Traditionnellement, la BI se contentait d’analyser les informations transactionnelles des ERP et autres applications centrales. D’ailleurs, les volumes ne sont pas forcément importants. Enfin, il s’agit de mettre fin à l’utilisateur final passif se contentant de visualiser le résultat d’une chaîne de traitements: SGBD, ETL, front-office… Aujourd’hui, l’utilisateur plus impliqué veut être actif et explorer des données de façon interactive, collaborative, afin d’exprimer des idées, des opinions, etc.»

Anthony Deighton, Qlik
Anthony Deighton, Qlik

Le mélange de données à la portée des métiers

La variété des données à considérer et leurs différents formats –bases de données, tableurs, etc.) apportent un niveau de complexité pour l’utilisateur final, non-initié aux liaisons de données et autres référentiels informatiques. Les opérations dites « de data blending » (mélange de données) nécessitent une connaissance de la structure des données et de la mise en relation entre elles. Peut-on alors s’affranchir des informaticiens ?

« Dans Sense, notre moteur d’associations détecte les relations a priori possibles entre des colonnes Excel et des champs de bases de données, ou en analysant la forme des informations… Il propose donc automatiquement à l’utilisateur des liens qu’il peut refuser, soit parce qu’il constate que cela n’a aucun sens, soit parce que le résultat final n’apporte rien. Mais bien souvent, la proposition est pertinente,» explique Anthony Deighton. « Effectivement, parfois l’opération s’avère inefficace. Néanmoins, cela présente l’avantage de mettre à jour des problèmes d’incohérence ou de qualité des données, avec charge à l’utilisateur et aux informaticiens d les résoudre. Toutefois, l’utilisateur connait ses informations généralement locales et est à même de trouver rapidement une solution.»

Pourtant le problème des données non structurées ne devrait-il pas s’accentuer? « Pour ma part, je ne connais pas de données non structurées. Toute information a une structure, non seulement les bases de données, mais aussi les documents bureautiques ou les objets connectés. Le défi consiste surtout à détecter cette structure,» rétorque le directeur technique.
Cette question de qualité des données est épineuse, car essentielle à la pertinence des analyses. D’où l’importance croissante des solutions de gouvernance des données.

« Cependant, avec les grands volumes, la pertinence a fortement tendance à augmenter,» relativise James Richardson. « La question à se poser touche aux seuils de tolérance acceptable par l’entreprise pour telle ou telle analyse. Ainsi, sur des informations locales, elle pourrait envisager 90 à 95% de fiabilité, contre 99,99% pour des données professionnelles achetées auprès de spécialistes. Par ailleurs, le phénomène culturel reste l’un des freins majeurs à la démocratisation de l’accès aux outils de BI. Certaines personnes pensent que leur pouvoir tient dans ces informations. Mais cela évolue finalement assez vite dans le bon sens. Et ces solutions visuelles y contribuent.»

La concurrence, quelle concurrence ?

Dans le sillon d’entreprises pionnières comme Qlik et Tableau, et face aux succès remportés, tous les acteurs de la BI ont fortement investi sur la visualisation et l‘exploration des données. La concurrence s’accentue donc, non seulement pour Qlik, mais aussi pour des acteurs comme Tableau.

« Souvent, ces acteurs ont imité l’interface de Qlik, mais leur moteur reste le même, et ne propose ni le même spectre fonctionnel ni la même agilité,» affirme Anthony Deighton.
«Contrairement à Qlik, ces plates formes n’ont pas été originellement conçues avec cette préoccupation visuelle intégrée dans leur socle. Ni avec la mobilité. Résultat la combinaison des deux devient généralement laborieuse et complexe, et non naturelle,» renchérit James Richardson.

La guerre des trois n’aura pas lieu

Longtemps, les éditeurs de BI ont proposé leurs solutions comme exclusivement à destination des informaticiens. Puis, depuis quelques années, certains responsables d’entreprise (marketing, financiers…) ont décidé de passer outre l’informatique. Alors, une grande partie des éditeurs ont court-circuité les DSI en s’adressant directement aux métiers. Résultat : des solutions souvent hétérogènes et complexes à intégrer, des conflits plus tendus encore, et un remplacement de l’éditeur quand il faut quelqu’un porte le chapeau…

« Chacun doit trouver sa place dans la décision, avec pour objectif une solution qui réponde aux attentes de l’utilisateur final. Car, finalement, tout le monde ressort perdant de la bataille entre DSI et directions métier, et surtout l’entreprise. La solution doit être simple à utiliser, ergonomique et pouvoir apporter la bonne information dans le bon contexte et au bon moment à l’utilisateur. Avec la possibilité pour l’informaticien d’intervenir. Sinon, comment l’utilisateur peut-il avoir confiance dans les résultats de données ? Comment pourrait-il utiliser un outil qui ne convient pas?… Le dénouement passe par un partenariat en bonne intelligence autour d’un outil collaboratif,» conclut James Richardson.

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